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Liban - Reportage

À Beyrouth, la passion du ballon rond transcende les classes

Depuis le 12 juin, la Coupe du monde de football rythme la vie de Beyrouth. Sodeco ou le centre-ville, chaque quartier propose « son » Mondial. Le match reste identique mais l'ambiance diffère.

Ambiance de fête de quartier à Sodeco, pendant le match Allemagne-Portugal.

Quelques chaises de plastique blanc sur le bitume, une odeur de chicha dans l'air, et une seule voix. Celle du commentateur sportif. Le silence monacal traduit la tension ambiante. Ils sont une trentaine d'hommes, les yeux rivés sur le mur blanc qui sert d'écran, à suivre le match dans un parking de Sodeco. « L'Allemagne mène 2-0 pour le moment, mais moi j'ai parié qu'elle gagnerait 5-0. Il n'y a plus qu'à espérer », chuchote Daoud, un jeune spectateur. Durant la Coupe du monde, ce petit parking privé s'improvise lieu de retransmission. Chacun est libre de venir partager ce moment. Saad, propriétaire des lieux, propose boissons et nourriture : « J'organise la projection pour mes amis et mes clients. L'ambiance est festive les soirs de match, j'aime la partager avec les habitants du quartier. »

Soudain un cri retentit, le public d'une seule voix fête un nouveau but marqué par l'équipe allemande. Le public est debout, certains se serrent dans les bras, d'autres applaudissent. Tous ici sont pour l'Allemagne et le font savoir : un immense drapeau noir, rouge et jaune recouvre le mur de droite. Hommes et bambins se sont habillés pour l'occasion : perruques, drapeaux, maillots... l'attirail est complet.
À la fin du match, le public est à la fête. L'Allemagne remporte son premier match contre le Portugal : 4 à 0. Place à la fête maintenant. Même Daoud qui a perdu son pari est ravi. La foule quitte d'un seul mouvement les lieux, dans une joyeuse procession de Klaxons, de scooters et de rires.

 

(Pour mémoire: « Notre club compte des musulmans et des chrétiens. La Coupe du monde unit les Libanais »)



Quelques rues plus loin, l'ambiance est radicalement différente. Au cœur des Souks de Beyrouth, les terrasses se succèdent et chacune diffuse le match, avec un léger décalage. Le tout donne un brouhaha auditif, répercuté par l'immense hall. La voix du commentateur sportif est difficilement compréhensible. Ici, pas de tenue colorée à l'image d'une équipe, le « dress code » est chic et sobre. De confortables sièges en cuir ont remplacé les chaises en plastique, et le cigare a remplacé la chicha. Sans la présence des téléviseurs, difficile d'imaginer que nous sommes un soir de match.

Quelques indices, pourtant, laissent penser qu'au centre-ville de Beyrouth aussi, on se passionne pour le football : un jeune homme porte un maillot de foot avec son jeans, les serveurs arborent sur leurs tenues impeccables un brassard de soutien, pour l'Allemagne ou le Brésil. La plupart des clients sont venus se restaurer et le match n'est qu'un divertissement supplémentaire, entre deux discussions. Le ballon frôle les cages, un serveur saute de joie avant de s'apercevoir que personne ne réagit, et de reprendre constance. Les cris en cas de victoire sont contenus, présents mais discrets.

Au fur et à mesure que l'heure avance, les terrasses se vident et seuls restent les vrais supporters. Femmes et enfants ont disparu, les hommes restent rivés sur les écrans, un verre à la main. Le match se termine, les clients repartent réjouis, mais discrets. À Beyrouth, le Mondial se vit différemment selon les classes, mais ne fait pas de discrimination quant à ses adeptes.

 

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Quelques chaises de plastique blanc sur le bitume, une odeur de chicha dans l'air, et une seule voix. Celle du commentateur sportif. Le silence monacal traduit la tension ambiante. Ils sont une trentaine d'hommes, les yeux rivés sur le mur blanc qui sert d'écran, à suivre le match dans un parking de Sodeco. « L'Allemagne mène 2-0 pour le moment, mais moi j'ai parié qu'elle...

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