Geagea propose à Aoun un retrait réciproque en faveur de deux autres candidats

Le leader des Forces libanaises, Samir Geagea, s'est dit prêt hier soir à accepter « n'importe quelle solution sérieuse susceptible de mettre fin au vide présidentiel », à condition de préserver un minimum des constantes auxquelles il croit.
Suggérant divers scénarios à cet égard, M. Geagea, qui s'exprimait dans le cadre d'une interview à la chaîne MTV, a affirmé à plusieurs reprises qu'il était prêt à se retirer pour un autre candidat qu'il jugerait acceptable et a invité le chef du CPL, le général Michel Aoun, à adopter la même démarche.
Tout en refusant de se prononcer sur des noms de présidentiables, il a souligné que la liste des trois noms attribuée à Bkerké (les anciens ministres Damien Kattar, Ziyad Baroud et Roger Dib) était entièrement « acceptable » à ses yeux.
« La solution que je préfère reste que le général Aoun se présente en face de moi. Nous allons tous au Parlement et après les premiers tours de vote, il est logique que le candidat (du bloc démocratique) Henri Hélou se retire », a-t-il dit.
Il s'est dit convaincu que le chef du bloc démocratique, Walid Joumblatt, ne prendrait pas sur lui de paralyser l'élection, « car il est très versé en matière de respect du pacte national ».
« Si le général Aoun se présente, plus personne ne lui reprocherait de saboter le scrutin. La pression serait alors sur Walid Joumblatt », a-t-il ajouté.
Prié de commenter la récente prise de position du secrétaire général adjoint du Hezbollah, cheikh Naïm Kassem, pour qui il ne saurait être question d'un président non consensuel, M. Geagea a dit : « Ces propos ne semblent pas être adressés à moi, mais plutôt aux alliés de cheikh Kassem. Après tout, je ne me suis jamais présenté sous le label "ou moi ou personne". »
La deuxième solution envisagée par le chef des FL consisterait à ce que le général Aoun et lui-même, avec l'accord de leurs alliés respectifs, s'entendent sur deux autres candidats mutuellement jugés acceptables. Pourquoi deux ? « Pour préserver un minimum de jeu démocratique », fait-il remarquer.
Enfin, le chef des FL a affirmé être « prêt à accepter toute autre suggestion si quelqu'un en a ». « Il y a bien d'autres solutions sérieuses que Aoun et Geagea », a-t-il dit.
Interrogé sur l'éventualité d'une candidature à la présidence du patriarche maronite Béchara Raï lui-même, il a indiqué qu'il « marcherait », mais que, sur le plan personnel, il n'était « pas en faveur » d'une telle initiative. « Il vaut mieux ne pas confondre temporel et spirituel », a-t-il souligné.
Enfin, M. Geagea s'est efforcé tout au long de l'interview de minimiser l'ampleur des tensions et désaccords avec le courant du Futur. Selon lui, l'ouverture opérée par le chef du Futur, Saad Hariri, « en direction du Hezbollah, puis du CPL » a eu des résultats au niveau du gouvernement. Mais un dîner par ci ou par là de Nader Hariri (chef du cabinet de Saad Hariri) avec Gebran Bassil (ministre CPL des Affaires étrangères) ne signifie pas que le Futur a changé de projet politique.
Estimant que l'ouverture en direction des aounistes était « une bonne chose », il a simplement concédé que « Saad Hariri se trompe parfois dans l'habillage de la mise en scène ».
« Ce qui nous unit au Futur est plus fort que tout », a-t-il assuré, affirmant par ailleurs que l'Arabie saoudite « est d'accord avec tout ce que décide unanimement le 14 Mars, pas le Futur seul ».