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Économie - Rencontre

Réfugiés syriens : Salam met en garde contre un effondrement de l’économie libanaise

Le président de la Banque mondiale s'est réuni hier avec le Premier ministre et son homologue aux Finances afin de se pencher sur les stratégies de soutien au Liban face à l'afflux massif des réfugiés syriens. Parmi les solutions évoquées par la BM, outre le besoin « évident » de réformes, la réhabilitation de l'infrastructure ou encore la mise en place du PPP.

Le président de la Banque mondiale (BM), Jim Yong Kim, est arrivé lundi à Beyrouth pour une visite officielle de deux jours. Photo Dalal Medawar

Le président de la Banque mondiale (BM), Jim Yong Kim, qui est arrivé lundi à Beyrouth pour une visite officielle de deux jours, dans le cadre d'une tournée dans plusieurs pays de la région, a poursuivi ses contacts hier avec les hauts responsables officiels.

Dans ce contexte, le président de la BM a été reçu par le Premier ministre Tammam Salam, qui s'est longuement attardé sur le problème des réfugiés syriens. « Le conflit en Syrie a porté un coup dur à la croissance du produit intérieur brut (PIB) et nous sommes incapables de faire face à cette situation tout seuls », a déclaré M. Salam suite à cette rencontre, mettant en garde contre un effondrement potentiel de l'économie libanaise.
« Le Liban est incapable de répondre aux besoins grandissants des réfugiés et cela rend impossible de relancer l'activité économique, a-t-il ajouté. La BM a effectué une étude sur les conséquences de la crise syrienne sur tous les secteurs économiques du Liban, et il est apparu que les dégâts infligés vont croître si l'afflux de réfugiés se poursuit. Nous vivons actuellement avec des réfugiés syriens dont le nombre constitue le quart de la population libanaise, a-t-il poursuivi. Le Liban a besoin d'un soutien rapide et efficace de la communauté internationale pour empêcher l'effondrement de son économie. J'appelle les pays amis à poursuivre leurs aides au Liban. »

 

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Le président de la BM a de son côté estimé que « le peuple libanais se trouve dans une crise profonde au niveau économique ». « Les aides peuvent se révéler insuffisantes et il faudrait mettre en place un plan pour poursuivre ces aides », a indiqué Jim Yong Kim.

Plus tard dans la journée, M. Kim a rencontré le ministre des Finances, Ali Hassan Khalil, qui a également accordé une importance toute particulière « au poids que représente l'afflux massif de réfugiés ».
« Nous sommes admiratifs de la générosité et de l'humanité dont fait preuve le Liban avec les réfugiés, compte tenu des difficultés économiques que traverse le pays », a souligné le président de la BM. Il a appelé « toute la communauté internationale à accroître ses dons pour empêcher l'effondrement de l'économie libanaise ». Les deux responsables ont par ailleurs abordé plusieurs dossiers relatifs aux projets énergétiques et d'infrastructure et ont étudié les moyens de renforcer la coopération entre le Liban et la BM.



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Le PPP prôné par Jim Yong Kim
Le président de la BM a ensuite clôturé sa visite au Liban par la tenue à l'hôtel Mövenpick (Beyrouth) d'une table ronde restreinte en présence de quelques représentants de la presse, du directeur de la BM pour la région du Moyen-Orient, Farid Belhaj, et de la vice-présidente de la BM pour la région du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord (MENA), Inger Andersen.

« Nous sommes conscients de la gravité de la situation », a réitéré M. Kim au sujet du poids des réfugiés syriens sur l'économie libanaise, citant les préoccupations du Premier ministre au sujet des possibilités d'un effondrement de l'économie. Cet afflux, a-t-il indiqué, « est équivalent, en termes d'échelle, à l'intégralité de la population totale du Mexique qui franchirait les frontières américaines sur une période de deux ou trois ans » pour s'intégrer au tissu local. « Mais nous sommes déterminés à soutenir les efforts du gouvernement libanais dans sa réponse à cet afflux, et nous étudions des solutions précises sur le long terme » pour l'aider à y faire face, a-t-il affirmé.

 

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Parmi certaines des solutions évoquées par les représentants de la Banque, le partenariat public-privé (PPP), dont les résultats nous ont montré l'efficacité, a relevé M. Kim, et qui devrait être reproduit avec succès au Liban, comme nous en avons discuté avec le Premier ministre et son homologue aux Finances. « Ces derniers ont reconnu le besoin évident de réformes », a-t-il relevé. Ont également été évoqués le projet de soutien aux municipalités du Nord-Liban, ou encore une version « ambitieuse » de la réhabilitation de l'infrastructure hydraulique – qui permettra, entre autres, de réduire les fuites des réseaux de distribution d'eau, a précisé Mme Andersen.

 

Un fonds multidonateur encore « jeune »
Enfin, au sujet du fonds fiduciaire multidonateur récemment mis sur pied pour aider le Liban à supporter le poids grandissant des réfugiés syriens sur son sol, et géré par la BM, M. Belhaj a précisé que ce dernier a jusqu'à maintenant rassemblé 28 millions de dollars (qui comprennent les 10 millions promis par la France et la contribution de la Banque). « Mais nous avons besoin de beaucoup plus », a-t-il reconnu, rappelant toutefois que le Fonds n'a été lancé que depuis peu et que les contributions devraient « prendre de l'ampleur ».

 

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La visite de M. Kim, qui intervient 14 ans après la première visite d'un président de la BM au Liban, avait pour objectif « de faire la lumière sur la conjoncture économique actuelle dans le pays, en vue d'un rapport de la BM qui verra bientôt le jour », a souligné un communiqué de la Banque. Ce rapport devrait comprendre notamment l'épineux dossier de la grille des salaires des fonctionnaires, ses conséquences sur les finances du pays ainsi que les réformes nécessaires pour y remédier.
Rappelons que Jim Yong Kim a déclaré lors d'une conférence de presse à Djeddah, peu avant son départ pour Beyrouth, que le conflit syrien a coûté au Liban, depuis son déclenchement et jusqu'à l'été 2013, « plus de 7,5 milliards de dollars ». S'appuyant sur le rapport de la BM publié dimanche, il a également cité un recul de 2,9 % du PIB par an entre 2012 et 2014, sans compter un nombre recensé de 170 000 Libanais en deçà du seuil de pauvreté et un taux de chômage qui a doublé « et dépasse désormais les 20 % ».

 

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