Plusieurs centaines de réfugiés syriens ont manifesté dimanche au Liban contre l'élection présidentielle du 3 juin que le président sortant Bachar el-Assad est assuré de remporter.
"Votez pour l'homme qui a tué 200.000 Syriens!" dénonçait une banderole brandie par un manifestant dans le village de Kousha, au milieu de protestataires tenant des drapeaux de l'opposition syrienne qui défilaient dans la région libanaise du Akkar (nord). Des hommes, des femmes mais aussi des enfants vivant dans des tentes dans des camps de fortune à Kousha ont participé à cette marche.
"Notre révolution visait à renverser un régime sectaire et autoritaire. Comment peut-on s'attendre à ce que nous votions pour le soutenir?" demandait une autre pancarte.
"Nous ne pouvons pas voter pour la personne qui a tué nos femmes et nos enfants et détruit nos maisons", a expliqué l'un des protestataires, Saad Dandashi, 55 ans, originaire de la ville de Homs (centre), un temps surnommée la "capitale de la révolution" et où les poches rebelles ont été récemment écrasées par le régime.
Mercredi, des milliers de Syriens se sont rendus dans leur ambassade au Liban pour voter en amont dans le cadre de l'élection présidentielle de mardi, qualifiée de "farce" par l'opposition et ses alliés occidentaux. La scène chaotique, qui avait complètement paralysé toute la région, a provoqué la colère de beaucoup de Libanais.
La réélection de Bachar el-Assad est assurée face à deux candidats peu connus qui servent en fait de faire-valoir.
Les manifestants ont affirmé avoir subi des menaces, pour les inciter à voter. "J'ai reçu un message me disant que si je ne votais pas, ma maison (à Homs) serait confisquée", a déclaré l'un d'eux, Ghoneim.
La manifestation de dimanche a été précédée de plusieurs autres dans les régions du Liban hébergeant de nombreux réfugiés, notamment à Tripoli et Ersal, près de la frontière syrienne.
Le Liban accueille plus d'un million de réfugiés syriens ayant fui depuis trois ans le conflit qui ravage leur pays. Samedi, le ministère libanais de l'Intérieur a affirmé que tout ressortissant syrien qui se rendrait dans son pays à partir du 1er juin 2014 perdrait son statut de réfugié, même s'il est inscrit auprès du Haut commissariat aux réfugiés de l'ONU (UNHCR). Le ministère affirme avoir pris cette décision dans le cadre des mesures sécuritaires appliquées pour le "renforcement du contrôle de la frontière entre le Liban et la Syrie".
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commentaires (1)
Rien de neuf. Les réfugiés syriens du nord du Liban sont presque les seuls qui sont contre le pouvoir du président sortant Bachar el-Assad.
Sabbagha Antoine
21 h 56, le 01 juin 2014