Rechercher
Rechercher

À La Une - Religion

Raï célèbre une messe controversée devant des Libanais réfugiés en Israël

Des centaines de personnes venues du nord d'Israël, frontalier du Liban, ont assisté à cette messe dans l'église Saint-Pierre à Capharnaüm.

Un enfant libanais en Israël brandissant le drapeau de son pays. Menahem Kahana/AFP

Le patriarche maronite Mgr Bechara Raï a célébré mercredi une messe en Israël pour la communauté libanaise, composée en quasi-totalité d'anciens membres de l'Armée du Liban sud (ALS), une milice alliée à l'armée israélienne, contraints de fuir leur pays après le retrait du Liban Sud en 2000.

Des centaines de personnes venues du nord d'Israël, frontalier du Liban, ont assisté à cette messe dans l'église Saint-Pierre à Capharnaüm, ce qui constituait le moment le plus polémique de cette visite controversée, la première visite d'un patriarche maronite depuis la création d'Israël en 1948.

(Pour mémoire : Le ras-le-bol de Mgr Béchara Raï en direct : du jamais-vu...)

Souleimane Nakhlé, originaire de Jezzine, au Liban Sud, a affirmé être "venu prier" mais ne pas attendre grand-chose de cette rencontre inédite avec le patriarche libanais.
"Nous n'avons jamais voulu quitter notre pays et le patriarche (Raï) le sait", a confié Henri al-Ghafry. "Israël n'est pas notre pays, je veux rentrer au Liban. Beaucoup de Libanais qui étaient avec nous nous ont reniés".

Au contraire, Victor Nader, ancien officier de l'ALS, a assuré "ne pas vouloir retourner au Liban". "Nous sommes très heureux ici et mon fils sert dans l'armée israélienne", a-t-il ajouté, tout en considérant que la visite de Mgr Raï apportait "du respect et un soutien au moral" de cette communauté de proscrits, considérés comme des "traîtres" par de nombreux Libanais, en particulier par le Hezbollah.

Villageois chrétiens chassés

La loi libanaise interdit tout contact avec l'Etat hébreu, en état de guerre avec le Liban, et les Libanais qui se rendent en Israël sont passibles de haute trahison. Mais des dérogations existent pour les membres du clergé chargés des quelque 10.000 maronites vivant dans le pays.

Avant la messe à Capharnaüm, le patriarche maronite s'était rendu dans un village chrétien vidé de sa population par l'armée israélienne lors de la "Nakba" (catastrophe, en arabe) que représente pour les Palestiniens la création d'Israël en 1948.

Le patriarche dans le village de Kafr Biram. REUTERS/Finbarr O'Reill



"Ce qui est arrivé à votre village est une grande injustice", a dit Mgr Raï aux habitants chrétiens de Kafr Biram, évacués en novembre 1948, tout comme ceux d'Iqrit. La mesure devait être provisoire mais ils n'ont jamais été autorisés à rentrer.
L'armée israélienne a rasé Iqrit en 1951, puis Kafr Biram deux ans plus tard, obligeant les villageois à s'installer définitivement dans les villes israéliennes de la région.

"Nous sommes avec vous et nous ferons notre possible pour vous aider", a déclaré le patriarche maronite, invoquant l'influence du pape François, à l'occasion du pèlerinage duquel il a décidé sa propre visite en Israël. "Nous agirons par le biais du Vatican et ferons pression sur le pape jusqu'à ce que le monde entende votre situation", a-t-il assuré.

Arrivé avec le pape de Jordanie à Bethléem, en Cisjordanie, puis à Jérusalem, avant que François ne reparte lundi pour Rome, Mgr Raï avait annoncé qu'il ne rencontrerait aucun responsable israélien et a affirmé que ce voyage avait été organisé sans "aucune coordination" avec les autorités israéliennes.

Le déplacement de Mgr Raï a provoqué la colère du Hezbollah, ennemi juré d'Israël. Le chef du Conseil politique du Hezbollah, Ibrahim Amine el-Sayyed, avait ainsi mis en garde le patriarche contre les "retombées négatives" de sa visite en Terre Sainte.


Lire aussi

Le patriarche Raï en Terre sainte : un acte de résistance

« François a su être politique en étant religieux, exclusivement religieux »

Le patriarche maronite Mgr Bechara Raï a célébré mercredi une messe en Israël pour la communauté libanaise, composée en quasi-totalité d'anciens membres de l'Armée du Liban sud (ALS), une milice alliée à l'armée israélienne, contraints de fuir leur pays après le retrait du Liban Sud en 2000.Des centaines de personnes venues du nord d'Israël, frontalier du Liban, ont...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut