Une offensive qui ne cessera « qu’avec l’éradication d’el-Qaëda »...

L'armée yéménite affirme avoir marqué des points dans son offensive contre el-Qaëda dans le sud du pays, au terme de violents combats ayant coûté la vie à des dizaines d'insurgés. « Nos forces ont pu nettoyer les provinces de Chabwa et Abyane des terroristes en un temps record », s'est félicité le président Abed Rabbo Mansour Hadi mercredi soir dans une allocution télévisée. Le chef de la police militaire, le général Awadh al-Aulaqi, a confirmé la réussite de l'offensive lancée le 29 avril tout en précisant que celle-ci ne « cessera qu'avec l'éradication » du réseau extrémiste.
En effet, les survivants pourraient avoir effectué un simple repli tactique dans les zones montagneuses, parfois en accord avec des tribus ou fui vers des provinces plus au nord, comme Mareb et Baïda ou dans l'est du pays comme au Hadramout. « Le réseau n'a pas réellement perdu ses principaux fiefs dans le sud », selon une source tribale, proche de la mouvance extrémiste. En outre, « les tribus offrent un environnement favorable aux insurgés (...) et de récents arrangements ont permis le départ des insurgés étrangers d'el-Qaëda », explique Zayd al-Sallami, un chercheur yéménite spécialisé sur les groupes islamistes. « Les chefs des tribus (...) veulent mettre leurs territoires à l'abri par conséquent, l'armée trouve des difficultés à chasser les membres d'el-Qaëda de ces zones tribales », ajoute-t-il. « Quant aux membres des tribus appartenant à el-Qaëda, ils sont restés sur place », précise-t-il.
Auparavant, le réseau avait profité de l'affaiblissement du pouvoir en 2011, à la faveur du soulèvement contre l'ancien président Ali Abdallah Saleh, pour renforcer sa présence au Yémen, notamment dans le Sud et le Sud-Est, et pour mener des attaques spectaculaires à Sanaa et dans le reste du pays. Les opérations militaires, ponctuées par des raids aériens, ont par ailleurs provoqué un exode de la population vers des zones plus sûres. Un activiste yéménite, Saïd Mohammad al-Marnoum, a recensé » plus de 21 000 déplacés « dans la seule province de Chabwa.

Représailles
L'armée n'en est pas à sa première offensive contre cet ennemi souvent insaisissable : elle avait reconquis plusieurs villes du Sud en mai et juin 2012, mais les combattants extrémistes s'étaient repliés dans les zones rurales et montagneuses. L'offensive lancée fin avril a été précédée d'une série de raids aériens le 21 avril contre des camps d'entraînement d'el-Qaëda dans une zone montagneuse de la province d'Abyane ayant fait 55 morts, selon les autorités. Conscientes des risques de représailles, les autorités ont renforcé les mesures de sécurité et ont déjà annoncé avoir déjoué plusieurs attaques contre des installations vitales, des objectifs militaires et policiers et des ambassades « à Sanaa, où la chancellerie américaine est fermée depuis le 7 mai. Dans les zones reconquises, nous avons trouvé des tranchées, des tunnels d'abris, des ateliers de fabrication d'explosifs ainsi que des camps d'entraînement », a indiqué Abdellatif al-Sayyed, chef d'une milice supplétive de l'armée.
(Source : AFP)