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Santé - Étude

Hypertension artérielle : la moitié des patients libanais ignorent leur condition

Le Liban est le pays du Proche-Orient qui affiche le taux le plus élevé d'hypertension artérielle, selon la première étude nationale sur l'hypertension au Liban. Le résumé de ce document a déjà été publié dans le « Journal of Hypertension ».

Chaque individu doit connaître sa tension artérielle et consulter un médecin au cas où elle serait élevée. Selon les recommandations internationales, la tension artérielle normale d’un adulte doit être maintenue à 120/80 mm Hg. Photo Andrey Popov/Bigstock

Près de 37 % de la population libanaise adulte souffre d'hypertension artérielle, mais seules 50 % des personnes hypertendues sont conscientes de leur condition. C'est ce qui ressort de la première étude nationale sur « La prévalence, la sensibilisation, le traitement et le contrôle de l'hypertension au Liban », dont le résumé a été publié dans le Journal of Hypertension, le magazine officiel de la Société internationale d'hypertension artérielle et de la Société européenne d'hypertension artérielle. L'étude sera présentée lors de la rencontre de ces deux sociétés savantes qui se tiendra à Athènes, en Grèce, en juin prochain.
L'étude a été menée par la faculté de médecine de l'Université Saint-Joseph (USJ) et le service de cardiologie à l'Hôtel-Dieu de France (HDF) sur 1 697 individus âgés de plus de 21 ans et répartis sur l'ensemble du territoire libanais. Les résultats ont été présentés au cours d'une conférence de presse organisée à la faculté de médecine de l'USJ, à l'occasion de la Journée mondiale contre l'hypertension, célébrée le 14 mai.
L'hypertension artérielle est une maladie qui affecte la paroi des vaisseaux sanguins, ceux-ci subissant en permanence une pression élevée. « À chaque battement du cœur, du sang est transporté dans les vaisseaux sanguins vers les autres parties du corps, explique à L'Orient-Le Jour le Dr Rabih Azar, chef du service de cardiologie à l'HDF, principal auteur de l'étude. La tension artérielle est créée par la pression qu'exerce le sang, lorsqu'il est expulsé par le cœur, contre les parois des vaisseaux sanguins. Plus cette pression est élevée, plus le cœur doit pomper. »
Selon les recommandations internationales, la tension artérielle normale d'un adulte doit être maintenue à 120 mm Hg lorsque le cœur se contracte (pression systolique) et à 80 mm Hg quand il se relâche (pression diastolique). On parle d'hypertension artérielle lorsque la tension artérielle est égale ou supérieure à 140/90 mm Hg. Lorsqu'elle varie entre 120/80 mm Hg et 140/90 mm/Hg, l'individu est considéré comme pré-hypertendu.
D'après l'étude, 33 % de la population adulte libanaise a une tension artérielle normale, 30 % d'entre elle est pré-
hypertendue et 36,9 % souffre d'hypertension artérielle. Le Liban affiche ainsi le plus haut taux d'hypertension artérielle parmi les pays de la région (31,8 % en Turquie, 26,3 % en Égypte, 27,6 % dans les territoires palestiniens). Ce taux reste toutefois inférieur à celui constaté dans les pays à revenu intermédiaire, tranche supérieure (45,2 %), et nettement plus élevé que celui affiché aux États-Unis (29 %).
Également selon l'étude, les hommes sont plus touchés par la maladie que les femmes (42,7 % contre 29,5 %). La prévalence de l'hypertension artérielle augmente aussi avec l'âge : 73,3 % des personnes âgées de plus de 65 ans sont hypertendues, contre 57,6 % de celles âgées entre 50 et 64 ans, 34,1 % des individus âgés entre 35 et 49 ans et 14,8 % de ceux âgés entre 21 et 34 ans. De plus, d'après l'étude, l'hypertension artérielle est observée davantage chez les veufs (62,5 %) que chez les divorcés (47,4 %), les mariés (43,6 %) ou les célibataires (21,8 %).
L'étude a en outre montré que la prévalence de l'hypertension artérielle est élevée chez les fumeurs (47,2 % des personnes hypertendues fument), chez les personnes affichant une surcharge pondérale (45,6 %) ou une obésité (53,3 %), chez les diabétiques (73,5 %), ainsi que chez les personnes souffrant d'une hyperlipidémie, c'est-à-dire d'un taux élevé de graisses dans le sang (55,4 %).

Maladie longtemps asymptomatique
Première cause de mortalité dans le monde, avec plus de 7 millions de décès annuellement, l'hypertension artérielle touche près d'un milliard de personnes, selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS).
Le facteur génétique joue un rôle dans l'apparition de la maladie, mais il ne faut pas négliger les facteurs environnementaux qui sont importants, comme le stress, la consommation excessive de sel et d'alcool, la sédentarité et une alimentation non équilibrée. Si elle n'est pas bien contrôlée, « la maladie peut entraîner un infarctus du myocarde, une insuffisance cardiaque, un accident vasculaire cérébral, une insuffisance rénale nécessitant une dialyse, une athérosclérose avec obstruction des artères ou formation d'anévrysmes, ou encore une atteinte de la rétine avec cécité », souligne le Dr Azar.
Pendant des années, l'hypertension artérielle reste asymptomatique. Souvent, « elle peut causer des maux de tête, un essoufflement, un étourdissement, une douleur thoracique, des palpitations cardiaques et des saignements du nez », ajoute le Dr Azar, affirmant que « la majorité des patients ne ressentent aucun symptôme ». « La maladie n'est alors diagnostiquée que lors de la survenue d'une des complications », note-t-il.
L'étude menée au Liban a en fait montré que seules 50 % des personnes hypertendues sont conscientes de leur situation, que la moitié d'entre elles suivent un traitement et que la maladie est contrôlée chez 27 % des patients uniquement. « Nous n'avons pas pu identifier les raisons pour lesquelles l'hypertension artérielle n'est pas bien contrôlée, mais nous estimons que le mode de vie joue un rôle dans cela, avance le Dr Azar. Nous avons également constaté que la majorité des patients suivent une monothérapie alors que les études internationales ont montré que les personnes hypertendues ont besoin d'une combinaison de deux à trois médicaments pour réguler leur tension artérielle. » Et d'insister : « Les études ont également montré qu'une réduction de 10 mm Hg de la tension artérielle, maintenue sur cinq ans, réduit de 40 % le risque d'accident vasculaire cérébral et de 25 % le risque d'infarctus du myocarde. »

Sensibilisation
Les auteurs de l'étude mettent enfin l'accent sur la nécessité de mener des campagnes de sensibilisation à l'hypertension, pour lutter efficacement contre la maladie. Il est important donc, selon les recommandations de l'OMS, que tout adulte connaisse sa tension artérielle et consulte un spécialiste si elle est élevée. « Dans certains cas, il est possible de contrôler la tension en adoptant des mesures hygiéno-diététiques, comme le fait d'arrêter le tabac, de perdre du poids, d'augmenter l'activité physique, etc., explique le Dr Azar. Chez d'autres patients, un traitement médicamenteux s'impose. Nous disposons actuellement de plusieurs familles de médicaments qui nous permettent de bien contrôler la tension et dont les effets secondaires sont minimes. Il est toutefois important de savoir que le traitement est à vie et ne doit être interrompu en aucun cas. Avec l'âge en fait, les artères deviennent de plus en plus rigides et l'activité des reins diminue, ce qui contribue à une élévation de la tension artérielle. Chez certains, une majoration du traitement médicamenteux est souvent nécessaire. »

 

Près de 37 % de la population libanaise adulte souffre d'hypertension artérielle, mais seules 50 % des personnes hypertendues sont conscientes de leur condition. C'est ce qui ressort de la première étude nationale sur « La prévalence, la sensibilisation, le traitement et le contrôle de l'hypertension au Liban », dont le résumé a été publié dans le Journal of...

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