Quelque 73 parlementaires ont pris place jeudi dans l'hémicycle, obligeant le chef du Législatif Nabih Berry à reporter la séance électorale au jeudi 22 mai. Photo d'archives. Nasser Traboulsi
Sans surprise, le Parlement libanais n'a pas réussi à élire un nouveau président de la République, chaque partie campant sur ses positions à dix jours de la fin du mandat de Michel Sleiman, le 25 mai.
Après un délai de trente minutes supplémentaires, le chef du Législatif, Nabih Berry, a fini par reporter cette quatrième séance électorale et fixer une cinquième au 22 mai à midi. Le quorum des deux-tiers (86 députés sur 128) n'a en effet pas été atteint, 73 parlementaires ayant pris place jeudi dans l'hémicycle.
Le 14 Mars s'est présenté dans sa majorité au Parlement pour élire son candidat, le leader des Forces libanaises (FL) Samir Geagea. Les blocs du Changement et de la réforme, du général Michel Aoun, et de la Fidélité à la résistance (Hezbollah), ont boycotté une nouvelle fois le scrutin faute d'un consensus sur un candidat. Le bloc de la Rencontre démocratique, du chef druze Walid Joumblatt, s'est, lui, présenté pour élire son candidat Henri Hélou.
Ce dernier a déclaré après le report du scrutin qu'il est temps de prendre "des initiatives courageuses afin de sortir le pays de l'impasse". "Il faut éviter la vacance et sauver la présidence de la République", a insisté M. Hélou assurant qu'il maintient sa candidature.
Geagea propose un amendement de la Constitution
M. Geagea qui suivait la séance à partir de Meerab a estimé après son report qu'un amendement de la Constitution est désormais nécessaire pour l'élection d'un président. "Il n'est plus possible que ce blocage se poursuive", a-t-il déclaré aux journalistes présents.
Le leader maronite a précisé qu'il souhaite un amendement pour après le 25 mai (fin du mandat de Michel Sleiman) afin que le pays ne reste pas sans président. M. Geagea propose dans ce contexte que le quorum requis pour l'élection soit les deux-tiers des députés à la première séance, la majorité absolue à la deuxième séance et quel que soit le nombre de présents à la troisième séance.
(Repère : Qui, quand, comment... Le manuel de l'élection présidentielle libanaise)
Le député indépendant Robert Ghanem n'a pas tardé à réagir, assurant qu'aucun amendement de la Constitution ne sera fait. "S'il est possible d'amender la Constitution, il serait possible d'élire un président", a-t-il déclaré.
Lors d'une conférence de presse, M. Geagea a par la suite souligné que s'absenter des séances électorales n'est pas un droit constitutionnel comme le prétend l'autre partie. "Le quorum n'est pas mentionné dans la Constitution et il est désormais clair qu'ils veulent saboter la présidentielle", a-t-il déclaré. Il a réitéré son appel au 8 Mars à présenter son candidat comme le 14 Mars a soutenu la sienne. "Qu'une élection ait lieu et que le meilleur l'emporte", a ajouté M. Geagea. Le leader des FL a estimé dans ce contexte qu'un consensus autour d'un candidat est actuellement impossible, dénonçant une pression accrue exercée par l'autre partie et un coup contre la démocratie.
Prenant de son côté la parole à partir de Meerab, le secrétaire général du 14 Mars, Farès Souhaid, a estimé que la paralysie de l'échéance présidentielle est un "crime moral avant d'être un crime politique et constitutionnel". Il a ajouté que le 14 Mars sera à partir d'aujourd'hui mobilisé pour prendre les mesures nécessaires face à cette situation de blocage dont il a imputé la responsabilité d'abord au Hezbollah puis au Courant patriotique libre (de Michel Aoun).
Le député Kataëb Samy Gemayel a pour sa part invité M. Berry à convoquer à des séances quotidiennes, à partir de demain, pour l'élection d'un nouveau président. "Certains députés sabotent exprès cette élection. Ils seront donc responsables de la vacance à la magistrature suprême", a-t-il martelé. M. Gemayel a dénoncé la paralysie de la vie démocratique au Liban, estimant que rien n'explique ce boycott. Il a invité les députés à se présenter à l'hémicycle et à donner leur avis et celui des Libanais qu'ils représentent.
Le député membre du bloc parlementaire du Futur Ahmad Fatfat a, lui, estimé, peu avant le début de la séance, que la prorogation du mandat du président Michel Sleiman n'est plus d'actualité. "Nous nous concertons avec les chrétiens du 14 Mars pour avoir une seule position", a-t-il ajouté.
Le 8 Mars persiste et signe
Du côté du 8 Mars, le député aouniste Ibrahim Kanaan a déclaré à l'issue d'une réunion avec le chef du Législatif peu avant la séance, que "nous œuvrons pour une solution qui consiste en l'élection d'un nouveau président dans les délais constitutionnels". M. Kanaan a ajouté que M. Berry continuera à convoquer le Parlement dans ce but. "Ce qui aboutit à la vacance à la présidence c'est la non adoption d'un candidat qualifié de patriotique et consensuel", a indiqué le député.
Son collègue Alain Aoun a abondé dans le même sens, assurant que s'il y avait possibilité d'élection d'un président, le quorum aurait été atteint. "Nous espérons un développement positif en attendant une élection la semaine prochaine", a-t-il ajouté.
(Voir : Qu'attendez-vous du prochain président? Les Libanais répondent)
Les prédictions de Joumblatt
Le chef du Parti socialiste progressiste (PSP), Walid Joumblatt, a pour sa part estimé jeudi dans une interview au quotidien al-Charq al-Awsat que le Hezbollah et l'Iran sont "des électeurs principaux" dans la présidentielle libanaise, soulignant qu'un accord n'a pas encore mûri pour qu'un président soit élu. Le leader druze a dans ce contexte prédit une période de vacance à la présidence en attendant un accord régional et international. D'ici là, les pouvoirs du président seront exercés par le gouvernement.
M. Joumblatt a en outre assuré qu'il soutenait toujours le candidat de son bloc parlementaire, le député Henri Hélou.
"J'ai été responsable de tragédies durant la guerre et j'assume cette période noire, alors que d'autres se prennent pour des anges. Henri Hélou se place dans les rangs des bonnes gens et il faut rappeler aux Libanais que ceux-là, on doit leur donner leur chance", a déclaré le leader druze.
Pour élire un successeur à M. Sleiman, M. Berry avait convoqué les députés à une première séance plénière le mercredi 23 avril. Celle-ci n'a pas débouché sur l'élection d'un nouveau président, aucun des candidats n'ayant obtenu le nombre de voix nécessaires. Les deuxième et troisième tours ont tourné court, faute de quorum.
A partir d'aujourd'hui, les séances électorales auront lieu de plein droit, c'est-à-dire sans convocation du président de la Chambre.
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16 h 16, le 16 mai 2014