L'Iran est favorable à des négociations avec l'Arabie saoudite pour favoriser un rapprochement entre les deux pays et régler les problèmes régionaux, a déclaré mercredi le vice-ministre iranien des Affaires étrangères, Hossein Amir-Abdollahian.
M. Amir-Abdollahian réagissait à une déclaration mardi du ministre saoudien des Affaires étrangères, le prince Saoud el-Fayçal, affirmant que son pays était prêt à "négocier" avec l'Iran pour améliorer les relations, très tendues ces dernières années, entre les deux pays.
"Nous accueillons favorablement des négociations et des rencontres (avec les responsables saoudiens) pour régler les problèmes régionaux, régler les ambigüités et développer nos relations", a déclaré le responsable iranien, cité par l'agence officielle Irna.
"L'Iran est un voisin (...) avec qui nous allons négocier", avait déclaré hier à la presse le prince Saoud, précisant qu'une invitation avait été envoyée à son homologue iranien, Mohammad Javad Zarif, à venir à Riyad. "Nous n'avons pas encore reçu d'invitation écrite mais une rencontre entre les deux ministres est à l'agenda", a répondu M. Amir-Abdollahian.
(Pour mémoire : Vers une rencontre irano-saoudienne pour assurer la présidentielle libanaise..., l'éclairage de Philippe Abi-Akl)
"Nous allons parler avec eux (les Iraniens) et nous espérons que les divergences, si elles existent, seront réglées de manière satisfaisante pour les deux pays", a déclaré mardi le ministre saoudien des Affaires étrangères. "Notre espoir est de voir l'Iran s'associer aux efforts pour rendre la région plus sûre et plus prospère, et non pas être un élément d'insécurité de cette même région", a-t-il encore dit.
L'Arabie saoudite, puissance sunnite régionale, avait jusqu'ici ignoré les appels du pied de l'Iran, puissance chiite de la région qui cherche à rassurer ses voisins du Golfe, notamment sur son programme nucléaire controversé.
M. Zarif s'est récemment rendu dans toutes les monarchies arabes du Golfe à l'exception de l'Arabie saoudite, faute d'invitation.
La plupart des pays du Conseil de coopération du Golfe (CCG, Arabie saoudite, Bahreïn, Emirats arabes unis, Oman, Qatar et Koweït) s'inquiètent des conséquences d'un accord nucléaire entre l'Iran et les grandes puissances qui prévoit un gel du programme nucléaire iranien en contrepartie d'un allègement des sanctions frappant ce pays.
(Lire aussi : Le fossé grandissant entre chiites et sunnites)
La méfiance entre le CCG et l'Iran, depuis l'avènement de la République islamique en 1979, s'est récemment accentuée avec le conflit en Syrie. Téhéran soutient en effet le régime de Bachar el-Assad alors que la majorité des pays du CCG, Arabie en tête, appuient les rebelles.
Ils s'opposent aussi à propos de Bahreïn, dirigé par une dynastie sunnite soutenue par Riyad alors que l'Iran soutient le mouvement de contestation de la population à majorité chiite.
Ces déclarations coïncident avec une visite en Arabie saoudite du secrétaire américain à la Défense, Chuck Hagel, qui doit rencontrer aujourd'hui ses homologues du CCG. Enfin, et surtout, ces déclarations tombent en plein marasme présidentiel au Liban sur fond de profondes divisions politiques entre l'Alliance du 14 Mars dirigée par le Courant du Futur, proche de l'Arabie saoudite, et le 8 Mars, dirigé par le Hezbollah, proche de l'Iran. Trois séances de vote ont été organisées au Parlement qui n'ont pas permis, faute de quorum, d'élire un successeur au président Michel Sleiman dont le mandat expire le 24 mai.
L'épineux dossier nucléaire iranien
Les grandes puissances et l'Iran ont par ailleurs repris hier soir à Vienne leurs discussions nucléaires : l'objectif, après dix ans de tensions dangereuses, est que l'Iran rassure durablement le reste du monde sur le caractère exclusivement pacifique de son programme atomique, en échange d'une levée des sanctions internationales qui étouffent son économie.
Trois premières sessions de négociations dans la capitale autrichienne ont déjà permis de résoudre une partie des points litigieux. Les « 5+1 » (Allemagne, Chine, États-Unis, France, Royaume-Uni, Russie) et la République islamique vont désormais entamer la rédaction d'un accord final. Mohammad Javad Zarif, le ministre iranien des Affaires étrangères, a prévenu à son arrivée que « la préparation du texte de l'accord demandera beaucoup d'efforts ». M. Zarif a retrouvé hier soir à dîner Catherine Ashton, la chef de la diplomatie européenne, qui négocie au nom des « 5+1 ». Tous deux devraient conduire personnellement la majorité des réunions, contrairement aux sessions précédentes. La négociation proprement dite débute ce matin et doit se poursuivre jusqu'à vendredi.
Pour mémoire
Une source diplomatique arabe fait état d'une amorce de dialogue entre Riyad et Téhéran, l'éclairage de Scarlett Haddad
LES MAINS TENDUES... ET LES BARBES.... TONDUES ?
18 h 10, le 14 mai 2014