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À La Une - Musique

Le piratage envoie des artistes algériens dans la précarité

Les stars du raï, dont Khaled, Mami et Billel, sont les premières victimes du marché clandestin.

FAROUK BATICHE/AFP

Le piratage menace la production musicale en Algérie, le berceau de la chanson raï, où les artistes souffrent de précarité malgré les multiples opérations de la police qui a détruit en quelques semaines plus de 1,5 million de disques piratés.

"La production de CD piratés se fait à l'échelle industrielle dans des usines clandestines au point que les quantités saisies se chiffrent désormais par dizaines de milliers", déplore le directeur de l'Office national des droits d'auteur (ONDA), Sami Bencheikh interrogé par l'AFP. Lors de chaque intervention des forces de l'ordre "entre 40.000 et 50.000 CD sont saisis", précise-t-il en citant à titre d'illustration la dernière opération menée dans un quartier populaire d'Oran, la grande métropole de l'ouest. Ici, dix-huit graveurs ont été découverts avec chacun une capacité de production de 1.000 CD par jour.

Dans la capitale du raï, ce sont les principales figures de cette musique mondialement reconnue depuis le début des années 90 qui en sont les premières victimes. A l'instar de Khaled, Mami ou Billel, la star en vogue. Lié par contrat à la maison Universal, Khaled qui a vendu plus de 10 millions d'albums dans le monde, ne produit pas en Algérie. Pourtant, ses albums s'y vendent comme des petits pains, dont le dernier d'entre eux "C'est la vie" sorti en 2012.

"Tous mes albums vendus en Algérie sont des produits piratés, réalisés dans une totale clandestinité", déplore le chanteur auprès de l'AFP, précisant qu'en réalité il subit le piratage "depuis 40 ans", bien avant que le phénomène prenne des proportions menaçantes pour la carrière des artistes.
L'ex-roi du raï s'est réjoui des opérations menées par les forces de l'ordre contre les maisons de production clandestines observant que ses albums représentent une grande partie des 1,5 million de produits détruits récemment.

Le piratage a atteint des proportions telles que les maisons d'édition rechignent à produire les artistes, convaincues que le produit sera copié avant même sa sortie officielle sur le marché et écoulé sur les trottoirs pour l'équivalent d'un euro.
Si les stars comme Khaled ou Billel pâtissent moins de ce mal en raison des ventes qu'il réalisent à l'étranger, des artistes moins connus sont "guettés par le chômage", selon l'ONDA
Célèbre interprète de la chanson arabo-andalouse, Abdelaziz Benzina observe que sa notoriété acquise au fil des ans ne s'est pas accompagnée d'une hausse de ses ventes.

170 affaires en justice

"Le piratage menace de tuer l'art et les artistes sont au chômage", dit-il en soulignant qu'il lui arrive de songer à mettre fin à sa carrière.

Une source judiciaire interrogée par l'AFP a déclaré que 170 affaires de piratage ont été enrôlées dans les tribunaux algériens en 2013. "Nous oeuvrons à sévir contre les producteurs clandestins et non contre les petits vendeurs à la sauvette. Nous commençons à agir en profondeur", affirme le directeur de l'ONDA.
Les procédures sont plus compliquées en matière de téléchargement car une loi de 2009 qui sanctionne ce procédé en impliquant les fournisseurs d'accès n'a pas été suivie de textes d'application.
Les rues d'Alger et de toutes les villes pullulent d'ailleurs de petits vendeurs qui écoulent tranquillement à prix dérisoire les derniers films à peine sortis sur le marché international.

L'ONDA s'inquiète par ailleurs d'un autre phénomène: la diffusion par des chaînes de télévision satellitaires de films à peine sortis des plus grands studios du monde et dont elle n'ont pas acquis les droits. Ces chaînes de création récente exercent leurs activités en Algérie mais sont domiciliées à l'étranger, rendant impossible toute intervention de l'ONDA.


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