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À La Une - Crise

Obama exige la fin des "provocations" russes en Ukraine

Les sanctions américaines viseront l'industrie de la défense russe.

Des dizaines de militants pro-russes ont occupé les locaux de la télévision régionale de Donetsk, dans l'Est de l'Ukraine. Baz Ratner/Reuters

Le sort des observateurs de l'OSCE détenus depuis vendredi par des rebelles pro-russes de l'Est de l'Ukraine demeurait dans la balance dimanche, alors que le président Barack Obama a exigé la fin des "provocations" russes.

L'un des huit observateurs militaires envoyés par l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) a été libéré dimanche soir et a quitté son lieu de détention, la mairie de Slaviansk, accompagné par deux négociateurs de l'OSCE, a constaté un journaliste de l'AFP. Il s'agit de l'observateur suédois, qui souffre de diabète, a indiqué à l'AFP une porte-parole des séparatistes. "Les négociations se poursuivent" pour les autres membres du groupe, a-t-elle dit.

"Des invités"

Plus tôt dans la journée, les insurgés pro-russes de Slaviansk avaient présenté les huit étrangers à la presse. "Ce n'est pas une surprise. Je ne peux pas rentrer chez moi librement", a sobrement commenté l'un d'entre eux, le colonel allemand Axel Schneider. Les rebelles retiennent aussi quatre Ukrainiens qui les accompagnaient mais ne sont pas apparus en public.
Contrairement à ce qu'avait indiqué dans l'après-midi le chef de la diplomatie ukrainienne Andriï Dechtchitsa, le secrétaire général de l'OSCE Lamberto Zannier ne se rendra pas en Ukraine dimanche, ont indiqué ses services à Vienne.

Les militaires retenus sont "des prisonniers de guerre", a expliqué Viatcheslav Ponomarev, dirigeant séparatiste et maire autoproclamé de Slaviansk. Cette ville de 100.000 habitants échappe depuis deux semaines au contrôle de Kiev et fait l'objet d'un "blocus" et d'une "opération antiterroriste" de la part des autorités centrales. "Dans notre ville, qui se trouve en situation de guerre, tout personnel militaire qui n'a pas notre permission est considéré comme prisonnier de guerre", a-t-il expliqué. Les observateurs "ne sont pas nos otages, ce sont nos invités", a-t-il dit.

Trois militaires hauts gradés ukrainiens, accusés d'espionnage, ont par ailleurs été arrêtés par les rebelles et sont également détenus à Slaviansk, a déclaré M. Ponomarev. Ils se trouvaient en mission dans la région pour "arrêter un citoyen russe soupçonné du meurtre d'un conseiller municipal ukrainien" dans la ville de Gorlivka, ont indiqué les services de sécurité ukrainiens (SBU), qui ont qualifié leur arrestation d'"attaque par des criminels armés".
La télévision russe a peu après montré des images des trois hommes en caleçon, les yeux bandés et couverts de ruban adhésif, montrant à la caméra leurs pièces d'identité.

Ces épisodes font encore monter la température dans l'Est du pays, où les Occidentaux soupçonnent la Russie de s'activer en sous-main pour attiser la flamme séparatiste et créer une situation du type de celle qui a conduit au rattachement de la Crimée à la Russie en mars.

Slaviansk n'est pas la seule ville en proie à des troubles séparatistes: à Donetsk, grande ville industrielle de l'Est, des dizaines de militants pro-russes ont occupé les locaux de la télévision régionale, exigeant que ses journalistes "disent la vérité". "Les chaînes russes (accusées par Kiev de propagande anti-ukrainienne et interdites dans le pays, ndlr) disent la vérité", a expliqué un militant.
L'ex-magnat russe et opposant au Kremlin Mikhaïl Khodorkovski,se trouvait également dimanche à Donetsk où il a été apostrophé par une poignée de militants pro-russes l'accusant d'avoir "vendu sa patrie".
"Les sanctions ne vont avoir aucun effet a court terme sur la Russie. Cela dégradera sa situation économique, mais cela ne deviendra pas critique avant au moins 3 ou 4 ans", a estimé l'ancien magnat, qui vient de purger 10 ans de prison en Russie pour des motifs jugés politiques.

Sanctions visant la défense

Le président américain Barack Obama a une nouvelle fois appelé dimanche la Russie à cesser ses "provocations" en Ukraine, faute de quoi elle s'exposerait à de nouvelles sanctions à court terme. Les nouvelles sanctions annoncées samedi par le G7 visent à "faire comprendre à la Russie que les actes de déstabilisation qui se déroulent en Ukraine doivent cesser", a lancé le président américain au cours d'une conférence de presse en Malaisie. "Tant que la Russie suivra la voie des provocations plutôt que d'essayer de résoudre cette question par des moyens pacifiques et (de favoriser) une désescalade, il y aura des conséquences et ces conséquences iront en croissant", a-t-il prévenu.
Les sanctions de Washington viseront principalement l'industrie de la défense russe, ainsi que des personnes et des sociétés proches du président Vladimir Poutine, a déclaré dimanche le conseiller adjoint américain à la sécurité nationale Tony Blinken.

Certains hauts responsables russes font déjà l'objet de sanctions américaines et européennes, mais le reste de l'économie, déjà affaiblie, paye aussi son tribut à la crise sous forme de fuites massives de capitaux. Ce constat a poussé vendredi l'agence Standard & Poor's à abaisser la note de la Russie à "BBB-".

La Russie et les Etats-Unis s'accusent mutuellement depuis des mois de manoeuvrer en sous-main pour s'emparer de l'Ukraine. Face à la menace brandie par Moscou d'une intervention militaire, Washington a réagi en déployant 600 soldats en Pologne et dans les pays baltes.
L'inquiétude des Occidentaux est d'autant plus vive que la Russie qui a massé des dizaines de milliers d'hommes à sa frontière avec l'Ukraine a déclaré mener "des manoeuvres", mais pourrait de fait se préparer à envahir son voisin. Elle aurait aussi violé à plusieurs reprises l'espace aérien ukrainien ces dernières heures dans le but de "provoquer une guerre", selon le Premier ministre ukrainien Arseni Iatseniouk, qui a écourté sa visite à Rome pour rentrer à Kiev.


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