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Économie - Liban - Conférence

L’Irak, nouvelle terre promise des banques libanaises ?

En dépit du quasi-monopole des banques publiques, le marché irakien est prometteur pour les établissements libanais car largement sous-exploité.

Il existe aujourd’hui une quarantaine de banques privées actives en Irak, dont sept institutions libanaises.

« L'activité des banques libanaises en Irak demeure restreinte au regard de la taille du marché. Environ 90 % des dépôts sont détenus par les sept banques publiques du pays. Notre but est de contribuer au développement de ce secteur ainsi qu'à celui de l'économie irakienne », a déclaré hier le président de l'Association des banques du Liban (ABL), François Bassil.

Ces propos sont intervenus à l'occasion de la conférence bancaire libano-irakienne, inaugurée hier à l'hôtel Mövenpick (Beyrouth). Organisé par le groupe al-Iktissad wal-Aamal, cet événement, qui prend fin aujourd'hui, s'est tenu en présence de plus de 300 officiels et personnalités des secteurs bancaires libanais et irakien.

Étaient notamment présents M. Bassil, le gouverneur de la Banque du Liban (BDL), Riad Salamé, son homologue irakien, Abdel-Basset Turki Saïd, et le président de la Ligue des banques privées irakiennes, Adnan al-Jalabi.

L'objectif de la conférence bancaire libano-irakienne, qui comporte une série de tables rondes, portait sur deux grands volets : constituer, d'une part, une plateforme de dialogue afin d'examiner les meilleures stratégies et méthodes de renforcement de la coopération bancaire bilatérale. Tacler, d'autre part, les obstacles auxquels se heurtent les banques libanaises en Irak tout en adressant les problèmes rencontrés par le secteur bancaire irakien – l'Irak, un marché dont le potentiel est significatif au plus bas mot, selon l'ensemble des intervenants.

Irak : un secteur bancaire « peu développé »
Avec plus de 30 millions d'habitants, l'Irak est l'un des plus grands marchés au Moyen-Orient. Son économie est largement dominée par le secteur des hydrocarbures, le pays disposant de colossales ressources en pétrole. La croissance économique du pays a été jugée « solide » l'an dernier par le Fonds monétaire international (FMI), qui a pronostiqué +6 % du produit intérieur brut (PIB) pour 2014. Néanmoins, le pétrole, principal moteur de l'économie irakienne (70 % du PIB), fait également sa faiblesse ; cette économie est en effet peu diversifiée, en plus du fait qu'elle est tributaire des incidents sécuritaires et de la corruption qui gangrène le pays.

Pour sa part, « le secteur financier est sous-développé et dominé par les banques publiques, dont notamment Rafidain Bank and Rasheed Bank », avait souligné l'an dernier la Banque mondiale (BM) dans un rapport exhaustif sur la réforme du secteur bancaire irakien.
Il existe aujourd'hui une quarantaine de banques privées en Irak (soit plus du double qu'à l'époque de Saddam Hussein, lorsqu'il n'y en avait que 17).
Les banques libanaises sont au nombre de sept ; quatre autres ont également présenté une demande de licence pour ouvrir des branches dans diverses villes en Irak, a indiqué le groupe al-Iktissad wal-Aamal.
Mais il reste encore beaucoup à faire, selon la BM, à la fois pour les institutions financières étrangères, encore confrontées à de nombreux obstacles sur le terrain en raison du quasi-monopole des banques publiques, et pour le secteur bancaire irakien lui-même.

Le Liban, acteur de la modernisation du secteur bancaire irakien
De fait, le gouvernement irakien a lancé dès février 2009 une stratégie nationale de réforme en profondeur, soutenue par plusieurs partenaires internationaux dont la BM et le FMI.
« Il faut agir dans tous les domaines : le registre des crédits, les dispositifs de garanties, la législation (...) , a insisté la BM dans son rapport. L'amélioration des compétences de comptabilité et d'audit et, avec le temps, l'ajustement aux normes internationales sont particulièrement importants pour s'assurer de la transparence des banques et pour identifier les clients solvables », a-t-elle encore ajouté.

Même son de cloche de la part de M. Saïd : « Nous connaissons nos forces et nos faiblesses ; l'infrastructure bancaire de l'Irak sera modernisée. Le Conseil des ministres a enfin approuvé les lois relatives aux services bancaires en ligne. Il est temps pour le secteur bancaire irakien de passer à l'étape suivante. »

« La réforme du secteur bancaire irakien doit passer par la modernisation de ce dernier (...), par l'amélioration technologique de ses outils, par la mise à jour et l'élargissement de ses services, par la formation de ses cadres », a souligné à cet égard M. Bassil, lors de son intervention. Et de relever que les banques libanaises, au regard de leur longue expérience, ont déjà entrepris de former et conseiller de nombreux Irakiens.

Il reste qu'en dépit des nombreux obstacles rencontrés par l'Irak et les institutions financières étrangères établies dans ce pays, les perspectives de croissance et la volonté affichée de réforme laissent espérer une amélioration graduelle de la conjoncture d'un pays en pleine reconstruction.

« L'Irak sera le deuxième exportateur de pétrole au monde d'ici à 2030 ; le PIB irakien devrait croître en moyenne à un rythme de plus de 8 % annuellement jusqu'en 2018 », a ainsi expliqué Abdelhamid el-Saïd (Ashur International Bank for Development) au cours de l'une des tables rondes tenues hier.
Une croissance vertigineuse accompagnée d'un boom immobilier qui a vu la demande locale exploser (plus de 2,5 millions de nouveaux logements sont requis en Irak, contre 130 000 disponibles d'ici à l'an prochain)... Rien d'inhabituel pour des banquiers libanais toujours à l'affût des opportunités.


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