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François fait coup double avec la canonisation de Jean-Paul II et Jean XXIII

Jean XXIII, le pape du concile, diplomate et Don Camillo

Surnommé « le bon pape » pour sa simplicité, l'Italien Angelo Roncalli, devenu Jean XXIII, a lancé Vatican II, concile de l'ouverture de l'Église au monde, et laissé le souvenir d'un fin diplomate doublé d'un curé chaleureux et plein d'humour.
Béatifié le 3 septembre 2000 par Jean-Paul II, il a régné de 1958 à 1963 seulement. En convoquant un « concile œcuménique », il sera un promoteur du dialogue avec les non-chrétiens et les non-croyants.
Né à Sotto il Monte (nord de l'Italie) le 25 novembre 1881 dans une modeste famille paysanne, Angelo Giuseppe Roncalli est ordonné prêtre en 1904.
En 1921, il est chargé des œuvres pontificales missionnaires pour l'Italie, une fonction qui le sensibilise aux jeunes Églises du Sud. Ordonné évêque en 1925, il entame une carrière diplomatique qui le mènera en Bulgarie, puis à Istanbul, et enfin à Paris juste après la Seconde Guerre mondiale.
Nonce en Turquie, il se familiarise avec orthodoxes et musulmans. « Il fut parmi les plus sensibles à la tragédie des juifs et les plus vigoureux dans les efforts pour les sauver », peut-on lire sur le site de Yad Vashem.
Patriarche de Venise, il a 77 ans lorsqu'il est élu pape en 1958, après la mort de Pie XII. Il a alors un profil nettement conservateur. Comme nonce à Paris, il avait commencé par saluer l'expérience des prêtres ouvriers, avant de demander à Rome de mettre de l'ordre à une expérience trop politique.
Vu comme un pape de transition, il annonce à la surprise générale le 25 janvier 1959 Vatican II, réunion de tous les évêques, qu'il ouvre le 11 octobre 1962.
« Je veux ouvrir la fenêtre de l'Église afin que nous puissions voir ce qui se passe dehors et que le monde puisse voir ce qui se passe chez nous », dit-il alors.

« Discours à la lune »
La majorité conservatrice espère alors que Vatican II n'autorisera aucune remise en cause. Mais très vite certains prélats et experts lui donnent une orientation beaucoup plus réformiste.
Le 11 octobre au soir, parlant à la foule, il établit avec elle un contact direct. Dans son fameux « discours à la lune », il établit déjà un style humble, comme celui qu'aime le pape François.
« Le monde entier est rassemblé ici. Il semble que la lune elle-même s'est hâtée ce soir de regarder ce spectacle (...) Ma personne ne compte pas : c'est un frère qui vous parle, devenu père par la volonté de notre Seigneur. »
Jean XXIII achève sur ces mots : « En rentrant chez vous, donnez une caresse à vos enfants, et dites-leur : c'est la caresse du pape. »
« Avec lui, l'Église est devenue moins lointaine », attestera le vaticaniste Gian Franco Svidercoschi.
Vatican II sera un aggiornamento : messe en langue vernaculaire, reconnaissance du « peuple de Dieu » (le fait que l'Église n'appartienne pas seulement au clergé), de la liberté de conscience et de religion, dialogue avec les autres religions, etc.
Jean XXIII a ouvert le concile, mais c'est Paul VI qui le mènera à bien. Car Angelo Giuseppe Roncalli meurt le 3 juin 1963, quelques mois après avoir lancé un appel à la paix (le 25 octobre 1962) aux grandes puissances engagées dans la crise des missiles, et publié son encyclique « Pacem in Terris » (Paix sur Terre).

Escapades incognito
« Il a laissé dans le souvenir de tous l'image de deux bras ouverts pour embrasser le monde entier », dira Jean-Paul II au moment de sa béatification en 2000.
« Il avait un caractère serein, accompagné d'un grand bon sens », témoignera le cardinal Giovanni Battista Re. Un caractère qui rappelle le célèbre curé italien de la plaine du Pô, Don Camillo, des films de Julien Duvivier.
Beaucoup d'anecdotes attesteront de son humour, de son refus de trop de déférence et de protocole. Son ancien majordome Guido Gusso racontera ainsi comment il échappait à la surveillance des gardes suisses pour des escapades incognito en voiture hors du palais d'été de Castel Gandolfo.
Très marqué par les contacts avec les soldats blessés de toutes confessions durant la Première Guerre mondiale, le futur pape affirmera « ne vouloir violer la liberté de conscience de personne ». « Je me sens ministre d'un Dieu crucifié qui tend ses bras ouverts pour accueillir tout le monde dans la tendresse de sa miséricorde », affirmera Roncalli dans des termes que pourrait reprendre Bergoglio.
François souvent fait référence à ce pape qu'il a qualifié de « prêtre de campagne courageux, au grand sens de l'humour ».
Au quotidien Avvenire, son ancien secrétaire, le cardinal Loris Capovilla, explique que « le secret du succès de Roncalli réside dans une matrice traditionnelle mais aussi dynamique, dans l'apparent paradoxe entre conservatisme sévère et ouverture évangélique ».

Surnommé « le bon pape » pour sa simplicité, l'Italien Angelo Roncalli, devenu Jean XXIII, a lancé Vatican II, concile de l'ouverture de l'Église au monde, et laissé le souvenir d'un fin diplomate doublé d'un curé chaleureux et plein d'humour.Béatifié le 3 septembre 2000 par Jean-Paul II, il a régné de 1958 à 1963 seulement. En convoquant un « concile œcuménique », il sera...