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Culture - Concert

L’ hommage aux femmes de Ziad Rahbani dans « Artistat »

Au Casino du Liban, un spectacle décousu de Ziad Rahbani qui a pourtant plu et au cours duquel la belle Dièse a su voler la vedette aux stars qui l'accompagnaient.

Musiciens, choristes et Maya Diab au micro...

En comparant le concert DAKT de Ziad Rahbani, célébré aux Souks de Beyrouth en août dernier, avec son récent concert Artistat (une production Star System - Amine Abi Yaghi) au Casino du Liban ce week-end, l'on serait tenté de croire que l'auteur-compositeur à succès a trouvé la formule adéquate pour satisfaire ses fans venus apprécier sa musique, son humour, ses chansons et ses réflexions curieuses : celles d'altérer entre des chansons de ses albums, des monologues écrits par lui et interprétés par des acteurs sur scène, des chansons internationales de jazz, et d'autres de Fayrouz qu'il a musicalement réarrangées. Et si Artistat ressemble, dans la forme, à DAKT, ce nouveau concert reste très différent, Ziad Rahbani ayant fait un meilleur choix d'artistes pour l'accompagner, mais des morceaux moins populaires de son répertoire, pour composer au final un spectacle décousu, sans vrai fil conducteur.


Pendant plus de deux heures, l'artiste au piano, accompagné par une vingtaine de musiciens et de choristes, a offert à son public un peu de tout ce qui fait Ziad Rahbani, dans une ambiance mi-grenier, mi-cabaret, lors d'un concert s'ouvrant par un monologue poignant de douleur autour du thème de l'impuissance humaine et s'achevant par une samba de danseuses débridées.


Dans ce fourre-tout musical qui n'ennuie pas, qui ne ressemble qu'à Ziad Rahbani et qui a plu aux deux salles combles des samedi et dimanche, le jazziste a voulu donner la parole aux femmes, conformément à l'intitulé du spectacle Artistat, pluriel d'artistes au féminin en arabe. Tour à tour, il a accueilli sur scène la sublime demi-finaliste du télé-crochet français The Voice, Dièse, la chanteuse et reine de la provoc Maya Diab, l'ex-star académicienne Tina Yamout, l'actrice Nada Bou Farhat, la réalisatrice Lina Khoury, une danseuse orientale et plusieurs choristes solistes. L'on notera l'absence notable de la chanteuse Cinda, prévue au programme, suite à un différend avec le jazziste.


S'éclipsant de scène moult fois, ce dernier, habillé comme chez lui sans être gêné le moins du monde, revenait faire son apparition au piano, traînant parfois un sac de fortune, ou faisant semblant de se concerter avec l'une de ses invitées. S'ouvrant sur le monologue de Nada Bou Farhat, le premier acte a enchaîné avec une chanson inconnue intitulée Hikaya parue sur un disque d'enfants, chantée par Tina Yamout qui a, plus tard, repris Assaad allah masa'akom. Pour sa part, Maya Diab a interprété le titre composé par Ziad Rahbani pour Latifa, Binoss el-Jaww, accoutrée en « black bride », arborant un voile noir sur les cheveux, des gants pailletés et un uniforme en latex noir. Quant à Dièse, habillée en Tony Ward, elle a su arracher une salve d'applaudissements par sa voix puissante et son interprétation de Feeling Good de Nina Simone et Still de Lionel Richie. Les textes lus par Nada Bou Farhat et Lina Khoury, qui avait déjà joué le jeu avec Ziad Rahbani sur DAKT, ont, de leur côté, abordé avec sarcasme les thèmes des failles de la démocratie, de la liberté d'expression et de « l'armée qui n'est jamais à égale distance de tous». Des textes ingénieusement écrits et réalistes, on ne peut plus sérieux, mais sur lesquels certains ont trouvé le moyen de rire, avant que l'acte ne se termine sur une danse de Nada Bou Farhat sur A'tini l nayy wa ghanni, la chanson Fi 'Adélé, le numéro de la danseuse orientale sortie de nulle part et la musique de Kazzab Douwali, performée avec brio par les musiciens.

 

« Ya Khé Chou ? »
De retour sur scène après un entracte d'une vingtaine de minutes et comme si on le forçait à revenir, Ziad Rahbani a enchaîné avec le second acte, qui s'est avéré largement meilleur que le premier et au cours duquel Dièse a volé la vedette à ses compagnes par son interprétation fine et magistrale de Comme ils disent de Charles Aznavour (qu'elle avait déjà interprétée sur la scène de The Voice) et du titre Un verre chez nous, de Ziad Rahbani, ponctué par des «Ya Khé Chou?» qui ont conquis le public admiratif. «Je suis très heureuse d'être avec vous et j'espère vous revoir bientôt», a-t-elle confié dans un arabe approximatif, avant que le jazziste ne renchérisse par un « Ya Hala ! »


Entourée de danseuses novices, Maya Diab a pour sa part présenté son nouveau duo Wakkafna l chou'our avec Ziad Rahbani, qui a tenu à réciter le texte ludique au public auparavant. À part les interventions de Lina Khoury et Nada Bou Farhat, la chanson Kifak entonnée par Tina Yamout, le second acte a surtout séduit par une anecdote racontée par Ziad lui-même et l'interprétation de la troupe de Habbaytak wel Chaw' n'al, Ya chawich lkarakon, tirées du spectacle Ya'ish Ya'ish des frères Rahbani, et de Habbaytak Lansit lnawm, composée par le jazziste. S'il a manqué au répertoire de nombreux titres-phares de Ziad, dont Talfan Ayyash, Oudak Rannan et Aychi Wahda Balak qu'il avait présentés lors de DAKT, le succès de son anecdote qui a rendu l'audience hilare devrait l'alerter sur le fait que son audience n'a qu'une envie : le revoir là où il a le plus réussi, sur les planches, dans une comédie satirique signée Ziad Rahbani.

 

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