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À visage découvert

Pure manœuvre visant à bousculer, déstabiliser la concurrence, n'auront pas manqué de ricaner ses adversaires. Il reste qu'en faisant publiquement acte de candidature à la première magistrature de l'État, Samir Geagea a marqué hier plus d'un point auprès d'une opinion lasse des conciliabules, ingérences occultes et autres conjonctions d'intérêts étrangers. Lesquels, conformément à la triste tradition, débouchent sur le morne parachutage, sur la moelleuse pelouse du palais de Baabda, d'un président.


En a-t-on vraiment fini, pour autant, de cet humiliant état de choses ? Bien sûr que non. Aux classiques tiraillements entre nos voisins, proches et moins proches, aux froids calculs des chancelleries étrangères, s'ajoute cette fois en effet une inconnue de taille, à savoir les résultats d'un dialogue irano-américain susceptible, s'il porte ses fruits, de modifier sensiblement la donne au Proche et au Moyen-Orient. Il est fort bon néanmoins qu'au lieu de jouer les lapins assez vernis pour émerger du chapeau du maître magicien, les candidats se déclarent face au peuple, qu'ils lui fassent part de leurs intentions, projets et visions : c'est là le début de cette transparence tant souhaitée des Libanais.


Pour peu que soit suivi son exemple (et il faut vivement l'espérer), le chef des Forces libanaises aura salutairement paru ancrer dans nos mœurs politiques une contre-tradition qu'initiait avec éclat, il y a quelques années, le regretté député Nassib Lahoud. De sa conférence de presse d'hier, et sans évidemment préjuger de ses chances d'être élu, on retiendra surtout, cependant, son appel afin que la partie soit sportivement jouée dans les règles : autrement dit avec toutes les ruses et croche-pieds d'usage, mais sans triche ni obstruction. Or la première de ces règles est le devoir, l'obligation impérative qu'ont les députés d'honorer (car il s'agit bien aussi d'une affaire d'honneur !) l'échéance présidentielle, selon les vœux très clairs du peuple qui les a mandatés.


Car cela fait déjà des années que nos institutions étatiques sont l'objet, l'une après l'autre, d'un méthodique travail de sape, tantôt flagrant et tantôt sournois et qui se traduit par une dégradation phénoménale de l'état de la sécurité. Il a fallu près d'onze mois pour mettre sur pied un gouvernement. Faute de loi électorale, c'est un Parlement passablement fainéant qui s'est béatement reconduit. Et si l'Assemblée vient de sortir soudain de sa léthargie pour légiférer à tour de bras sous la houlette du président Nabih Berry, impréparation, démagogie et inconscience, pour ne pas dire stupidité, ne sont guère absentes du tableau.

Sous prétexte de protéger la femme, on a pratiquement légalisé le viol conjugal, pour peu qu'il soit commis sans actes de violence. On a fini par cadrer les ouvriers journaliers d'une fantomatique Électricité du Liban mais on a dénié la même faveur aux héroïques volontaires de la Défense civile. Et c'est sur une ruineuse grille des traitements des fonctionnaires – et en dépit des cris d'alarme des instances économiques – que l'on planche maintenant, acculant l'État à choisir entre la banqueroute totale et des grèves sans fin.


Pour conjurer l'appel du vide, pour sauver la république, c'est le premier des sièges du pouvoir qu'il est, plus que jamais, vital de garnir.

Issa GORAIEB
igor@lorient-lejour.com.lb

Pure manœuvre visant à bousculer, déstabiliser la concurrence, n'auront pas manqué de ricaner ses adversaires. Il reste qu'en faisant publiquement acte de candidature à la première magistrature de l'État, Samir Geagea a marqué hier plus d'un point auprès d'une opinion lasse des conciliabules, ingérences occultes et autres conjonctions d'intérêts étrangers. Lesquels, conformément à...