Rechercher
Rechercher

Liban - Sûreté alimentaire

La labné à la natamycine devant la justice libanaise

L'affaire de la natamycine dans la labné remet sur le tapis le
problème récurrent du manque de contrôle sur les produits alimentaires au Liban.

Certains pays ont promulgué des lois strictes pour interdire l’utilisation de la natamycine dans la fabrication de la labné. Photo Karam Miri Photography / Bigstock

Le ministre de la Santé, Waël Abou Faour, a transmis le dossier de l'additif alimentaire natamycine dans la labné au parquet près la Cour de cassation « afin de poursuivre les responsables et de prendre les mesures judiciaires nécessaires à leur encontre ». Dans un communiqué publié hier, le ministère a expliqué que cette décision a été prise suite à la conférence de presse tenue par certains industriels, au cours de laquelle ils ont déclaré que cette substance est utilisée dans la fabrication de la labné. Ce qui avait poussé le ministre de l'Industrie, Hussein Hajj Hassan, à tenir une conférence de presse contraire pour affirmer que le recours à cet additif alimentaire va « à l'encontre des normes libanaises relatives à la labné ».


Or ces normes ne sont pas « définies de manière claire », explique à L'Orient-Le Jour le président de la commission parlementaire de la Santé, Atef Majdalani, qui a appelé à une réunion de la commission demain matin. « Le but de cette rencontre est de tirer au clair la confusion autour de l'utilisation de la natamycine », souligne-t-il. « Ce scandale, ajoute-t-il, fait remonter à la surface le problème récurrent du manque de contrôle sur les produits alimentaires au Liban en l'absence d'un laboratoire central agréé, mais surtout en l'absence d'une loi sur la sûreté alimentaire. Or ce projet de loi dort dans les tiroirs depuis des années.Malheureusement, certains ministres y ont opposé leur veto, parce qu'une telle loi, dont nous avons grand besoin, leur ôterait certaines de leurs prérogatives. »


Même son de cloche chez l'ancien président de la Caisse centrale pour les déplacés, Chadi Massaad, qui a affirmé que ce scandale « met l'accent sur la nécessité d'approuver le projet de loi sur la sûreté alimentaire, qui permet de former une commission spécialisée qui sera chargée de contrôler toutes sortes de produits alimentaires ». Dans un communiqué, il a dénoncé le retard affiché dans la promulgation de ce projet de loi présenté il y a plus de dix ans, « en raison des conflits sur les prérogatives des ministres ».
De son côté, le ministre de l'Agriculture, Akram Chehayeb, a appelé à « respecter les garde-fous et les mécanismes d'application des lois et décisions en vigueur pour préserver la santé du citoyen ».

 

Additif autorisé par la FDA et l'EMEA
Utilisée depuis plus de quarante ans dans l'industrie alimentaire en Europe et aux États-Unis, la natamycine permet de « prolonger la durée de conservation » des denrées alimentaires « grâce à l'élimination des levures et des moisissures », explique pour sa part Zeina Kassaify, directrice du département de nutrition et des sciences alimentaires à la faculté d'agriculture et des sciences alimentaires à l'Université américaine de Beyrouth (AUB). Cet additif est généralement utilisé dans le traitement en surface des fromages à pâte dure, semi-dure et semi-molle, ainsi que des saucisses et des saucissons secs.

« L'utilisation de cette substance est autorisée par l'Agence européenne des médicaments (EMEA) et la Food and Drug Administration (FDA) aux États-Unis », affirme Zeina Kassaify qui explique que le problème « n'est pas lié à l'utilisation de cette substance, mais à la quantité utilisée ». Selon le comité du Codex Alimentarius (programme commun de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture et l'Organisation mondiale de la santé), la concentration maximale de natamycine est définie à 20 mg/kg de fromage.


« Certains pays ont promulgué des lois strictes pour interdire l'utilisation de la natamycine dans la fabrication des produits laitiers comme le yaourt et la labné », ajoute Zeina Kassaify.
On ignore si le Liban fait partie de ces États. Quoi qu'il en soit, cette affaire a mis en évidence non seulement la légèreté avec laquelle les dossiers liés à la sûreté alimentaire sont abordés au Liban, mais également le manque de professionnalisme de certains médias qui privilégient le sensationnalisme au détriment de l'information scientifique stricte.

 

Pour mémoire
La filière laitière au cœur des discussions entre Hajj Hassan et Sabounjian
Produits avariés : une importante quantité de fromage abandonnée sur l'autoroute Tripoli-Zghorta (réservé aux abonnés)

Produits avariés au Liban : le lait pour enfants vient s'ajouter à la liste (réservé aux abonnés)

Sûreté alimentaire : « La situation au Liban n'est pas plus grave qu'ailleurs » (réservé aux abonnés)

Le ministre de la Santé, Waël Abou Faour, a transmis le dossier de l'additif alimentaire natamycine dans la labné au parquet près la Cour de cassation « afin de poursuivre les responsables et de prendre les mesures judiciaires nécessaires à leur encontre ». Dans un communiqué publié hier, le ministère a expliqué que cette décision a été prise suite à la conférence de presse...

commentaires (3)

La natamycine est un antibiotique couramment utilisée dans la fabrication de fromages et de charcuterie, mais dont l’usage est interdit seulement dans le vin.

Sabbagha Antoine

14 h 43, le 25 mars 2014

Tous les commentaires

Commentaires (3)

  • La natamycine est un antibiotique couramment utilisée dans la fabrication de fromages et de charcuterie, mais dont l’usage est interdit seulement dans le vin.

    Sabbagha Antoine

    14 h 43, le 25 mars 2014

  • LES ABRUTIS, OCCUPÉS PAR LEURS PRÉROGATIVES, PAR LEUR SANTÉ ET CELLE DE LEURS POCHES, ONT-IL LE TEMPS OU LA VOLONTÉ DE S'OCCUPER DU BIEN ÊTRE DES CITOYENS ?

    LA LIBRE EXPRESSION

    08 h 42, le 25 mars 2014

  • Finalement et comme toujours, entre manque de surveillance sanitaire de l'industrie alimentaire, négligences de toutes sortes, irresponsabilité de certains industriels et "projets" de loi qui dorment dans les tiroirs de ministres et de députés, les citoyens -dont moi-même- ingérent des produits insalubres à longueur des années. Un chaos à tous les niveaux ce pays ! Tfeh !...

    Halim Abou Chacra

    06 h 01, le 25 mars 2014

Retour en haut