Le dessin se passe évidemment de tout commentaire, mais interpelle-t-il pour autant les consciences, réveille-t-il les âmes assoupies, donne-t-il des remords à tous ceux qui ont laissé faire ou qui ont honteusement détourné le regard ?
La tragédie syrienne entre dans sa quatrième année, prend l'allure glaçante de la vitesse de croisière et en toile de fond se perpétue l'horreur banalisée : enfants assassinés, femmes violées, prisonniers torturés et des milliers de disparus dont les familles ont perdu l'espoir même de jamais les retrouver.
La machine à tuer ne s'enraye jamais, tourne à plein régime et, en arrière-plan, comme dans Apocalypse Now, se déroulent les images de l'indicible : des hélicoptères qui lâchent leurs barils d'explosifs sur les populations civiles, des immeubles qui s'effondrent dans un fracas épouvantable et de sous les débris sont retirés les corps désarticulés des innocents accompagnés des lamentations des veuves et des orphelins...
Ce n'est pas du cinéma, ce n'est pas un film à grand spectacle. C'est du vrai, du réel, du palpable, une réalité faite de sang et de larmes qui tente désespérément de rallumer un soupçon d'empathie et de solidarité dans un monde qui cadenasse obstinément et son cœur et sa conscience...
Le flagrant délit, le crime organisé sont là, étalés sous nos yeux : dans les localités assiégées, les gens meurent de faim, « une faim que le régime de Bachar el-Assad utilise comme arme de guerre », dénonce Amnesty International. Dans les villes et villages soumis au blocus, « les blessés se font assommer à coups de barres métalliques parce qu'il n'y a plus de produits anesthésiants », rapporte, horrifiée, l'organisation Save the Children.
À Yarmouk ou à Homs, dans toutes les localités encerclées, transformées en camps de concentration, les populations en sont réduites à se nourrir de viande de chats et de chiens, et ceux qui meurent faute de soins ce sont les rats qui s'en nourrissent avant même que les voisins ne les découvrent...Voilà la réalité, avilissante, inhumaine, le quotidien effroyable que vivent des centaines de milliers de Syriens, un massacre collectif que les « bonnes consciences » se refusent à admettre de peur d'être dérangées dans la normalité de leur paisible cocon.
Une « damnation syrienne » qui touche le Liban de plein fouet et y transpose les mêmes « bombes minutées » : plus d'un million de réfugiés vivant dans des conditions de grande misère et des centaines de combattants chassés par le régime assadiste et qui s'installent dans les régions frontalières avec armes et bagages. Implosion garantie !
À Damas, entre-temps, dans les cercles du pouvoir, on s'agite sans états d'âme pour préparer les lendemains qui chantent... ceux que Bachar el-Assad promet d'assurer à la population une fois sa réélection à la tête de l'État assurée... à 99,9 % des voix.
Schizophrénie ? Nullement mais l'assurance d'une impunité totale, celle que lui garantissent l'Iran « protectrice des déshérités dans le monde » et la Russie qui se veut la grande alliée des « damnés de la terre ». Vaste supercherie, flagrante imposture, alors que l'Occident des droits de l'homme ferme les yeux et sacrifie l'honneur sur l'autel des compromissions.
« Mange mon petit si tu veux grandir » : terrifiante est cette image, insoutenable est la situation globale qu'elle sous-entend ! Les enfants de Syrie meurent de faim face à des assiettes vides, les mères-courage se vident de leur sang et de leur âme... Bachar, lui, prépare sereinement sa réélection et ose donner des leçons de savoir-faire aux dirigeants du monde entier, les Libanais en particulier.
Foutaises, les droits de l'homme !
Le dessin se passe évidemment de tout commentaire, mais interpelle-t-il pour autant les consciences, réveille-t-il les âmes assoupies, donne-t-il des remords à tous ceux qui ont laissé faire ou qui ont honteusement détourné le regard ?
La tragédie syrienne entre dans sa quatrième année, prend l'allure glaçante de la vitesse de croisière et en toile de fond se perpétue l'horreur...
commentaires (7)
DES FOUTAISES... AVEC DES THÈSES... BIEN DIT !
LA LIBRE EXPRESSION
22 h 05, le 17 mars 2014