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À La Une - Liban

Le 14 Mars défend la primauté de l'Etat "bafouée" par le Hezbollah

"L'élection d'un président fort est la seule garantie pour la stabilité du pays parce qu'il permettra à l'Etat de se redresser", déclare Geagea.

Des représentants libanais du 14 Mars lors d'un rassemblement organisé pour le 9e anniversaire de la révolution du Cèdre. Photo ANI

A quelques heures d'un Conseil des ministres crucial, les dirigeants du 14 Mars ont insisté sur la nécessaire modération et le respect de la souveraineté de l'Etat, en référence au Hezbollah, figure omniprésente, attaqué dans tous les discours prononcés dans le cadre du rassemblement organisé pour le 9e anniversaire de la révolution du Cèdre.

 

"L'extrémisme est notre ennemi"

Premier à prendre la parole, l'ancien Premier ministre Fouad Siniora, chef du Bloc du Courant du Futur, a rappelé que le mouvement du 14 Mars reste attaché au dialogue et à la souveraineté de l'Etat, rejetant les actes de violence "et les armes illégales du Hezbollah". Il a aussi rejeté l'extrémisme confessionnel "chrétien et musulman". "L'extrémisme est notre ennemi et nous choisissons d'être dans le camp des modérés", a-t-il ajouté.

Réuni à Baabda sous la présidence de Michel Sleiman, le Conseil des ministres a échoué, jeudi soir, à surmonter l'obstacle majeur sur lequel avait déjà buté la commission de rédaction de la déclaration ministérielle, à savoir la place de la résistance au sein des institutions, sachant que le Hezbollah réclame pour elle une totale liberté d'action, qu'il clame comme un "droit du peuple", tandis que le 14 Mars ne conçoit pas que l'État, symbole de la volonté collective, cède à une entité quelconque une part de sa souveraineté.

Abordant le dossier syrien, l'ancien Premier ministre, qui a lancé que  "le Liban restera et les tyrans finiront pas disparaitre", a de nouveau dénoncé l'implication militaire du Hezbollah dans les combats contre les rebelles et appelé le puissant mouvement armé à retirer ses combattants de Syrie, en proie à la guerre depuis plus de trois ans. "Retirez vos combattants aujourd'hui pour sauver l'avenir de nos jeunes, a-t-il dit. Nous en sortirons tous perdants si vous ne vous retirez pas. Les Libanais et les partisans de la résistance qui ont offert beaucoup de sacrifices ne devraient pas être entraînés dans une guerre qui ne les concerne pas."

 

"Le 14 Mars est aux côtés des opprimés"

"Le 14 Mars est aux côtés des opprimés, au Liban et en Syrie, a enchaîné le coordinateur des forces du 14 Mars, Farès Souhaid. Nous soutenons les femmes et les enfants et toutes les révolutions contre l'injustice à travers le monde".

Au sujet de la coalition du 14 Mars, "un héritage national qu'il faut protéger", M. Souhaid a assuré que l'Alliance est "plus solide que toutes les divisions". "Elle est solide grâce à son assise qui reste unie malgré toutes les difficultés. Les partisans du 14 Mars nous appellent à nous unir, chrétiens et musulmans, démocrates et modérés, face aux armes illégales. Unissez-vous contre ceux qui désirent nous marginaliser", a-t-il lancé.

 

Devrions-nous céder face à leurs pressions?

Le Hezbollah était également au coeur de l'intervention de Samy Gemayel, coordinateur du parti Kataëb.

Après avoir rappelé que le 14 Mars n'est pas un "axe ou un groupement de partis politiques, mais la continuité de la lutte du peuple libanais dans le but de bâtir un Etat libre et souverain", le jeune député a accusé le Hezbollah de refuser "la logique démocratique". "Lorsque le Hezbollah n'est pas satisfait des résultats des élections, il fait parader ses miliciens dans les rues, alors que si nous perdons nous attendons les prochaines élections en tant qu'opposition". "Est-ce en faisant tomber le gouvernement de Saad Hariri et en l'exilant à Paris que nous combattons l'extrémisme au Liban?, a demandé Samy Gemayel. Est-ce en affamant les Libanais que nous combattons l'extrémisme? Le peuple libanais est fatigué parce qu'il est privé de vie et la situation actuelle est devenue invivable".

Le Hezbollah justifie son engagement en Syrie aux côtés des troupes de Bachar el-Assad en expliquant lutter contre l'extrémisme takfiriste qui menace le Liban.

 

Evoquant les divisions autour de la déclaration ministérielle, le député a affirmé que le conflit n'est pas d'ordre linguistique, mais existentiel pour le pays. "Les divisions concernent la conception de l'Etat", a-t-il dit. "Ils refusent l'Etat et ses institutions. Devrions-nous céder face à leurs pressions?", a-t-il poursuivi en référence à la coalition du 8 Mars menée par le Hezbollah.

"Le Hezbollah finira par revenir au Liban et respecter la souveraineté du pays, a-t-il poursuivi. La communauté chiite ne restera pas en marge de la société. Les parents des Libanais tués en Syrie en soutien à un régime dictatorial ne resteront pas silencieux et finiront par retourner à l'Etat"

 

Aucun respect pour l'Etat libanais

Le ton et le fond n'étaient pas différents avec Samir Geagea, chef de Forces libanaise. "Notre problème avec le gouvernement actuel est dû à des divisions fondamentales : un camp souhaite le respect de l'Etat et l'autre veut l'établissement de mini-Etats", a-t-il résumé, précisant : "Le premier est solide comme du béton alors que le deuxième est fragile comme le verre".

"Les expériences passées des Libanais avec le Hezbollah et ses alliés démontrent que ces derniers n'ont aucun respect pour l'Etat libanais, ou la sécurité des citoyens", a-t-il ajouté, accusant le parti chiite d'avoir fermé les portes du dialogue autour de la déclaration ministérielle avant même la formation du nouveau gouvernement. "Ils ont refusé le dialogue autour de leurs armes depuis qu'ils ont refusé de respecter la déclaration de Baabda (qui stipule la non-ingérence du Liban dans les conflit régionaux, ndlr)", a poursuivi le chef des FL.

 

"Toute résistance qui oeuvre en marge de l'Etat est illégale", a martelé Samir Geagea, accusant en outre le Hezbollah d'être responsable de la montée de l'extrémisme au Liban en raison de son intervention militaire en Syrie.

"Le Hebzbollah ne peut pas décider d'intervenir en Syrie sous le prétexte de combattre les takfiristes, a-t-il dit. Les takfiristes existent dans la région et dans le monde depuis des dizaines d'années, mais ils n'avaient jamais perpétré des attentats suicides au Liban avant l'implication du Hezbollah en Syrie."

"L'implication du Hezb en Syrie a non seulement attiré les extrémistes au Liban, mais elle a également poussé des centaines de milliers de Syriens à se réfugier chez nous", a ajouté M. Geagea, mettant en garde contre les répercussions sociales, économiques et démographiques sur le pays de cet afflux.

 

"Le Hezbollah est en Syrie pour combattre les opposants au régime de Bachar el-Assad et non pas les takfiristes", a encore lancé le chef des Forces libanaises. "Ce ne sont pas les dictateurs qui combattent les extrémistes, a-t-il ajouté. Alors que Bachar el-Assad négocie avec les takfiristes en secret et en public, d'autres pays comme l'Arabie saoudite et les Emirats arabes unis ont décidé de les placer sur leur liste d'organisations terroristes". "La lutte contre les takfiristes passe par la lutte contre la dictature et l'oppression", a poursuivi le chef des FL.

 

Un président fort

Evoquant le gouvernement de Tammam Salam, Samir Geagea a, par ailleurs, affirmé que le 14 Mars a accepté de participer au nouveau cabinet afin de faire avancer sa cause. "Rester à l'écart des décisions politiques ne sert pas les intérêts nationaux", a-t-il expliqué.

Selon lui, le but du 14 Mars aujourd'hui est d'assurer la tenue de l'élection présidentielle dans les délais constitutionnels. "L'élection d'un président fort est la seule garantie pour la stabilité du pays parce qu'il permettra à l'Etat de se redresser, a-t-il ajouté. Un président fort est le seul qui soit capable de régler les crises chroniques par lesquelles passe le Liban".

M. Geagea a enfin estimé que la multiplication des candidatures au sein du 14 Mars ne signifie pas la division de la coalition, "mais une preuve que le 14 Mars représente une force démocratique et diversifiée". "Nous ne devons pas soutenir un candidat en dehors de la coalition, a poursuivi le chef des FL. Tous les candidats du 14 Mars doivent être soutenus".

 

S'adressant enfin à ses partisans, M. Geagea a appelé les jeunes à continuer de "lutter pour la démocratie". "Il est vrai que nous vivons une période difficile et incertaine, mais nous ne baisserons pas les bras. Nous ne reculerons pas et nous ne cèderons pas notre place, a assuré le leader chrétien. Nous ne lâcherons pas le 14 Mars parce qu'il représente une garantie pour les générations futures et passées. Nous resterons attachés à nos principes et nous ne renoncerons pas à nos droits quels que soient les sacrifices que nous aurons à faire".


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