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Moyen Orient et Monde - Ukraine

Les observateurs de l’OSCE interdits de Crimée

Les députés russes laissent entendre qu'ils voteront en faveur de l'intégration de la Crimée ; Lavrov met Washington en garde : les sanctions auront un « effet boomerang ».

Dans la ville russe de Stavropol, des manifestants se sont mobilisés en marque de soutien pour le peuple de Crimée. L’initiative de partition du Parlement local de Crimée a été saluée par des députés russes, laissant ainsi entendre qu’ils voteront en faveur de son intégration à la Russie. Eduard Korniyenko/Reuters

Des hommes armés brandissant des drapeaux russes ont interdit hier, et pour la deuxième journée consécutive, l'accès à la Crimée à des observateurs de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE).

Dépêchés sur place à la demande du pouvoir ukrainien, les observateurs ont dû faire face à des hommes portant des treillis dépareillés, des cagoules et des fusils d'assaut. Les 47 militaires non armés de 25 des 57 pays membres de l'OSCE sont arrivés à bord de deux cars près du village de Tchongar, l'un des deux points d'accès par la route à la péninsule. Ils étaient suivis par une cinquantaine de voitures remplies de partisans des autorités de Kiev portant des drapeaux ukrainiens bleus et jaunes qui ont formé une petite manifestation devant le barrage de contrôle. L'un des observateurs, qui a demandé à rester anonyme, a confié qu'ils allaient « tenter de négocier avec ces gens ». « Nous tentons simplement d'entrer en Crimée, en tant qu'invités du gouvernement ukrainien et sous mandat de l'OSCE », a-t-il ajouté. Peu après, les observateurs de l'OSCE ont dû faire demi-tour, la tentative de négociation n'ayant rien donné.

(Lire aussi : Au bord de la faillite, Kiev vend ses voitures de fonction)

Moscou a critiqué l'initiative de l'OSCE, estimant que l'organisation aurait dû « attendre » une « invitation officielle des autorités de Crimée ». La veille, c'est sur un autre accès à la Crimée que les observateurs avaient été contraints de rebrousser chemin par des hommes armés.

« Choix historique »
Sur place, les tensions étaient toujours palpables hier, des militants prorusses ayant bloqué, en y érigeant une barricade, l'entrée de l'état-major de la flotte ukrainienne à Sébastopol. Les militaires ukrainiens à l'intérieur « peuvent sortir s'ils le veulent, mais, s'ils le font, nous ne les laisserons plus rentrer », a expliqué Dmitri, un membre d'un « groupe d'autodéfense » de faction devant ce petit mur fait de caisses empilées et près duquel est planté un drapeau russe. De l'autre côté de la grille, des soldats ukrainiens sans armes, mais en tenue de camouflage, faisaient les cent pas, les mains dans les poches.

Toujours à Sébastopol, des militants prorusses ont pénétré hier sur le territoire d'une base des forces aériennes ukrainiennes ayant forcé la porte d'entrée avec un camion, a indiqué le ministère ukrainien de la Défense.

Autre inquiétude des Occidentaux, le Parlement local de Crimée, favorable à Moscou, a décidé de se séparer de Kiev et d'organiser le 16 mars un référendum de rattachement à la Russie. Cette initiative a été saluée à Moscou par les députés russes, leur président Sergueï Narychkine assurant qu'ils respecteraient le « choix historique » de la Crimée. Les députés laissent ainsi entendre qu'ils voteront, sans surprise, en faveur de l'intégration de cette région, où vivent deux millions d'habitants, à l'immense Fédération de Russie.

(Commentaire : Crimée et Sudètes, même combat ?)

À Moscou, une manifestation de soutien aux habitants de Crimée a réuni plus de 65 000 personnes, selon la police. Brandissant des drapeaux russes ou munis de pancartes clamant « La Crimée est une terre russe » ou « Crimée, nous sommes avec toi », elles assistaient, à deux pas du Kremlin, à un concert qui a débuté par une chanson patriotique intitulée Officiers. Une délégation du Parlement de Crimée, qui a rencontré des parlementaires russes dans la matinée, est ensuite apparue sur la scène.
« La Russie ne nous laissera pas tomber », a lancé le président du Parlement de Crimée, Vladimir Konstantinov.

« La Crimée est l'Ukraine »
De son côté, le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a jugé « préoccupante et grave » l'annonce de ce référendum sur l'avenir de la Crimée, a indiqué hier son porte-parole Martin Nesirky. M. Ban, a-t-il ajouté, « demande instamment aux autorités de l'Ukraine, y compris de la Crimée, de traiter cette affaire avec calme » et de s'abstenir de toute « action hâtive » et de toute « décision prise dans le feu de l'action ». Le porte-parole n'a toutefois pas précisé si ce référendum était considéré par l'ONU comme illégal au regard des lois internationales ou de la constitution ukrainienne comme l'affirment les États-Unis et leurs alliés.
Même son de cloche du côté du secrétaire d'État américain John Kerry. « La Crimée est une partie de l'Ukraine, la Crimée est l'Ukraine », a-t-il martelé à Rome dans un point de presse en marge d'une conférence internationale sur la Libye.
La veille, le président ukrainien par intérim Olexandre Tourtchinov avait déjà dénoncé le référendum annoncé, fustigeant « un crime contre l'Ukraine commis par les militaires russes ».

Le sacrifice
Sur la scène diplomatique, malgré d'intenses consultations depuis une semaine, Occidentaux et Russes n'ont pas réussi à trouver de porte de sortie pour la crise qui a éclaté fin février avec la prise de contrôle par des forces russes de la Crimée. Après des tergiversations, Bruxelles et Washington ont finalement dégainé l'arme des sanctions diplomatiques et économiques.

(Analyse : « Le Kremlin ne va pas s'aventurer dans une guerre de grande ampleur contre l'Ukraine »)

Pendant son second très long entretien téléphonique avec Vladimir Poutine en moins d'une semaine, Barack Obama a déclaré que la Russie agissait en violation de la souveraineté et de l'intégrité territoriales de l'Ukraine, ce qui conduisait les États-Unis « à prendre des mesures de représailles, en coordination avec ses partenaires européens ».

Assurant que Moscou ne pouvait rester sourde aux appels à l'aide des russophones, Vladimir Poutine a mis en garde son homologue américain contre le risque de « sacrifier » les relations américano-russes pour des « problèmes internationaux isolés, bien qu'extrêmement importants », selon le Kremlin.
Au téléphone avec M. Kerry, le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov a, lui, mis l'accent sur l'« effet boomerang » d'éventuelles sanctions.

Engagé dans la plus grave épreuve de force avec Moscou depuis la chute de l'URSS, le président américain a ordonné des restrictions de visas et autorisé des gels d'avoirs, visant potentiellement des responsables russes et ukrainiens. Les dirigeants européens ont pour leur part suspendu les négociations sur les visas avec la Russie et menacé de prendre davantage de sanctions, notamment économiques, si la situation continuait à se détériorer.
Pendant ce temps, à Sotchi, le président russe a déclaré espérer que les Jeux paralympiques d'hiver qui viennent de s'ouvrir contribuent à « apaiser les tensions ». Et dans la soirée, son porte-parole Dmitri Peskov a assuré que la Russie ne cherchait pas une nouvelle guerre froide. « On voudrait l'éviter, j'espère qu'il n'en est pas ainsi, qu'elle n'a pas encore commencé et qu'elle ne commencera pas », a-t-il déclaré, soulignant qu'« il reste un espoir que le dialogue permettra de trouver des points d'accord ». Il a toutefois mis en doute la capacité de l'Union européenne à être un médiateur dans la crise, accusant les Européens de ne pas avoir respecté l'accord du 21 février signé à Kiev, prévoyant la formation d'un nouveau gouvernement d'unité nationale en Ukraine.


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Des hommes armés brandissant des drapeaux russes ont interdit hier, et pour la deuxième journée consécutive, l'accès à la Crimée à des observateurs de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE).Dépêchés sur place à la demande du pouvoir ukrainien, les observateurs ont dû faire face à des hommes portant des treillis dépareillés, des cagoules et...

commentaires (2)

SYRIE ! UKRAINE ! DEUX POIDS... DEUX MESURES !

LA LIBRE EXPRESSION

13 h 23, le 08 mars 2014

Tous les commentaires

Commentaires (2)

  • SYRIE ! UKRAINE ! DEUX POIDS... DEUX MESURES !

    LA LIBRE EXPRESSION

    13 h 23, le 08 mars 2014

  • C'est qu'ils se croient deja et toujours chez eux , partout sur terre ces osce....

    FRIK-A-FRAK

    11 h 31, le 08 mars 2014

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