Rechercher
Rechercher

Moyen Orient et Monde

Le joueur détourne des budgets, viole la Constitution, achète un député : bienvenue dans « Demokratia »

Demokratia a été téléchargé par au moins 1,5 million d’internautes russes, attirant chaque mois environ 100 000 nouveaux adeptes, selon son créateur, la compagnie NeskinSoft.

Acheter des voix d'électeurs et détourner des fonds puis devenir un tsar : le jeu vidéo Demokratia, qui se moque de la vie politique en Russie, rencontre un franc succès au pays de Vladimir Poutine. Au total, Demokratia a été téléchargé par au moins 1,5 million d'internautes russes, attirant chaque mois environ 100 000 nouveaux adeptes, selon son créateur, la compagnie NeskinSoft.
Pour construire une démocratie à la russe, le joueur doit combiner trois éléments identiques qui à leur tour évolueront en objet de plus grande valeur, comme dans le jeu américain Triple Town. En partant de trois billets verts qui font un mouton, trois moutons un électeur, trois électeurs un bureau de vote, le joueur arrive au sommet du pouvoir. Et dans un pays sans longue tradition démocratique, on ne s'embarrasse pas de scrupules : « Attendez, on commence le bourrage des urnes! », « Participation de 146 %! », annoncent des figures qui ressemblent fort à des personnalités politiques russes.
Le joueur détourne des budgets, viole la Constitution, achète un député. Certains éléments, comme un « juriste emprisonné » (allusion à l'opposant n° 1 Alexeï Navalny, qui est avocat) peuvent servir à combattre les « méchants » propouvoir, comme un « colonel du KGB » (les services secrets dans lesquels le président Vladimir Poutine a fait carrière). La « démocratie » est construite quand il n'y a plus de case libre sur le plateau.
Demokratia est sorti le 10 décembre 2011. Depuis, il a subi une vingtaine de rééditions, se peuplant de nouvelles personnalités au gré de l'actualité, notamment des jeunes femmes du groupe Pussy Riot. Au sommet, la pyramide ne s'arrête plus au « président » : trois « Poutine » font un « tsar », lequel évolue en « Mahatma Gandhi », « Jésus », voire deux icônes russes que sont le poète Alexandre Pouchkine et le cosmonaute Iouri Gagarine...
Demokratia est l'un des rares jeux vidéo de conception locale à contenu politique à avoir rencontré un tel succès. Conscient de l'enjeu, le pouvoir essaye de contre-attaquer. Créé dans ce but et vanté par les médias officiels, Snowdev Run est un jeu où un ex-agent du KGB sauve Moscou de zombis. Il « glorifie Vladimir Poutine, mais ne rencontre pas de succès », selon le portail newsland.ru.
Tout le monde n'est pas séduit toutefois par le second degré de Demokratia. « Indépendamment de ce que je pense de Poutine, c'est un jeu amoral et cynique », écrit ainsi Evguéni Frolov sur le site spécialisé MacRadar. Demokratia a été d'ailleurs refusé par deux réseaux sociaux très populaires, Odnoklassniki et Mail.ru.

Acheter des voix d'électeurs et détourner des fonds puis devenir un tsar : le jeu vidéo Demokratia, qui se moque de la vie politique en Russie, rencontre un franc succès au pays de Vladimir Poutine. Au total, Demokratia a été téléchargé par au moins 1,5 million d'internautes russes, attirant chaque mois environ 100 000 nouveaux adeptes, selon son créateur, la compagnie NeskinSoft.Pour...

commentaires (2)

LE JEU DES MOUTONS ET DU PANURGE !

LA LIBRE EXPRESSION

13 h 09, le 07 mars 2014

Tous les commentaires

Commentaires (2)

  • LE JEU DES MOUTONS ET DU PANURGE !

    LA LIBRE EXPRESSION

    13 h 09, le 07 mars 2014

  • On aimerait une version libanaise!

    Yves Prevost

    06 h 45, le 06 mars 2014

Retour en haut