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Liban - Liban

Sleiman à « L’OLJ » : un président « fort » ne saurait se soumettre au Hezbollah

 « Je ne me laisserai pas intimider et j'accomplirai ma tâche de toutes mes forces jusqu'au bout », a affirmé par ailleurs le chef de l'État devant des correspondants de presse.

Les présidents Hollande et Sleiman sur le perron de l’Élysée, mercredi. Photo ANI

Dans un entretien exclusif avec L'Orient-Le Jour, le président de la République, Michel Sleiman, a fustigé la campagne menée contre lui ces derniers jours par le Hezbollah et les milieux qui lui sont proches, faisant valoir que le président « fort » n'est pas celui qui se soumet au « diktat » de ce parti. Il a rappelé les engagements pris dans son discours d'investiture et son attachement à l'application des termes de la Constitution, affirmant la primauté des instances étatiques dans tous les domaines et suggérant que ce discours soit relu attentivement, notamment parce qu'il mentionne une stratégie de défense qui protège les acquis de la « résistance ».


Au sujet des critiques qui le visent depuis quelque temps sans épargner l'institution de la présidence de la République, il a estimé qu'elles ont « dépassé les bornes » et que leurs auteurs pratiquent maintenant le dénigrement et l'injure sous le couvert de la liberté d'expression et sans tenir compte des lois ni de l'éthique. Ces campagnes, a poursuivi le président Sleiman, visent des objectifs « suspects » et sont appelées à s'intensifier dans les prochaines semaines puisque ses positions en faveur de la suprématie de l'État « ne plaisent pas à tout le monde et dérangent même plus d'une partie politique ».
En fait, a ajouté le président, « aucun chef d'État ne peut outrepasser les principes précités. Ce que j'ai fait est donc naturel et confine à l'exercice de l'autorité constitutionnelle ».

 

(Pour mémoire : Sleiman porte le coup de grâce à la rhétorique du Hezbollah)


Le président de la République a martelé ensuite que le thème qu'il a énoncé, à savoir la corrélation entre l'État, le peuple et les valeurs communes, est « une règle en or » après l'échec du triptyque « armée-peuple-résistance » qui n'est « plus de mise ». D'aucuns, a encore dit le chef de l'État, ont cru bon de demander le maintien du terme résistance dans ce même contexte sans possibilité de le remplacer par la déclaration de Baabda.
Il a rappelé avoir déjà affirmé que ce texte (la déclaration de Baabda), même s'il n'était pas mentionné dans la déclaration ministérielle, est déjà devenu un document d'une portée arabe et internationale et même « une des principales assises du Liban ».


Le président a précisé que tout acte de résistance doit être soumis à des règles et à des principes de base, d'autant que le triptyque « peuple-armée-résistance » n'est « plus de mise » du fait de la participation du Hezbollah à la guerre en Syrie, aux côtés des forces du régime, donc contre le peuple syrien et sans l'aval des Libanais et même contre la volonté de la majorité des Libanais. « Même des alliés du Hezbollah, a noté le président, sont contre ce comportement qui ne fait plus l'unanimité autour de la résistance ».
C'est l'engagement des Libanais dans le conflit syrien qui a motivé l'élaboration de la déclaration de Baabda qui veut garder le Liban en marge de ce conflit et à l'abri de toutes les interférences étrangères, a expliqué M. Sleiman, qui pense qu'il ne faut plus user de slogans qui ne font pas l'unanimité des Libanais.


Ce qui a été dit contre la présidence de la République ne peut être considéré qu'une entreprise d'intimidation à l'intention du prochain président afin de l'assiéger et le contraindre à reprendre le slogan de la résistance sans tenir compte des règles d'usage. « Je ne céderai pas à ce chantage », a averti le chef de l'État.
La campagne contre la présidence et le président n'aurait pas été déclenchée en ce moment « n'était-ce le discours prononcé à Kaslik et le tonnerre d'applaudissements qu'il a soulevé », a affirmé le chef de l'État. Il s'est demandé ce que signifie le terme de « président fort » si ce n'est un président qui parle de souveraineté et d'indépendance, d'un État de droit, du respect de la Constitution et qui s'y engage en rappelant que les armes doivent être détenues exclusivement par les forces armées.
« Un président fort est-il un homme qui soutient la résistance et se soumet à son diktat ? » s'est demandé M. Sleiman.


Le président de la République a conclu qu'il n'a fait que son devoir en toute conscience et dans les limites de ce qui est possible, réaffirmant que la déclaration de Baabda est devenue un document présent auprès de toutes les instances internationales et qu'il est adopté par le monde entier puisqu'il exprime son attachement à la sauvegarde et à la défense du Liban, de son indépendance et de sa souveraineté.

 

(Pour mémoire : À Paris, Sleiman presse les grandes nations à soutenir la déclaration de Baabda)

 

Avec les correspondants de presse
Par ailleurs, avant de quitter Paris, hier en fin de matinée, le président Sleiman a reçu dans sa suite de l'hôtel Meurice un groupe restreint de correspondants de médias libanais et arabes pour un entretien à bâtons rompus. Il a affirmé notamment que la conférence de Paris a confirmé une volonté internationale de soutenir la stabilité politique, économique et sécuritaire du Liban et que cette conférence n'avait pas pour objectif de réunir des fonds dans l'immédiat mais tout simplement de déclencher des processus et de mettre en place des dispositifs d'aide et de soutien au pays.


Il a réaffirmé par ailleurs que les commandes libanaises d'armement ont été approuvées par les plus hautes autorités de l'État français et qu'une conférence pour l'aide militaire est prévue le 10 avril prochain en Italie.
Il faut maintenant assurer un bon suivi de ce qui a été déclenché lors de la conférence de Paris, a conclu le président qui a rappelé qu'au plan politique, la communauté internationale insiste pour que l'élection se tienne dans les délais constitutionnels prévus et que le prochain président mène le pays à bon port, fort du soutien indéfectible des grandes puissances.
« Je ne céderai pas aux intimidations, a enfin dit le président, et je poursuivrai ma mission jusqu'à la fin et de toutes mes forces. »

 

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commentaires (5)

De Paris oui le président « fort », est celui qui ne se soumet pas au diktat du Hezbollah mais au Liban sur le terrain malheureusement tout change .

Sabbagha Antoine

16 h 12, le 07 mars 2014

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Commentaires (5)

  • De Paris oui le président « fort », est celui qui ne se soumet pas au diktat du Hezbollah mais au Liban sur le terrain malheureusement tout change .

    Sabbagha Antoine

    16 h 12, le 07 mars 2014

  • AU DICTAT DE PERSONNE !

    LA LIBRE EXPRESSION

    13 h 00, le 07 mars 2014

  • Ainsi s'exprima le dernier président...c'est bon pour les archives...mais il est temps de passer à une nouvelle république... Reste à définir les frontiéres avec le hezbollistan...

    CBG

    11 h 40, le 07 mars 2014

  • Malheureusement, Il commence à parler tout haut un peu beaucoup trop tard maintenant, il n'a plus Rien à perdre ou craindre, Il est à la fin de son mandat

    RIGA Pavla

    07 h 29, le 07 mars 2014

  • Mille Bravo à ce président de la République ! Un président de la République ne peut pas être un laquais du Hezbollah comme il y en a eu, ni d'aucune autre partie. C'est une telle qualité que le Hezbollah veut lui imposer d'être, ainsi qu'à tout le peuple libanais. Un président de la République est fait pour préserver la Constitution, l'Etat et ses institutions, principalement son armée, de toute violation et de toute anomalie. Combien plus de cette anomalie monstre qu'est le Hezbollah comme branche super armée des Gardiens de la révolution iranienne qui se substitue de force à l'Etat et à l'armée et bafoue leur dignité. Finis les triptyques mensonge et aupercherie d'armée-peuple-résistance, imposés uniquement dans le but d'ouvrir à ladite branche toutes les portes pour ses aventures, ses exactions, son terrorisme et ses guerres à droite et à gauche, ce qui entraîne comme conséquence pour ce pays tous les enfers, toutes les destructions, tous les apocalypses.

    Halim Abou Chacra

    05 h 30, le 07 mars 2014

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