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Liban - Liban

À Paris, Sleiman presse les grandes nations à soutenir la déclaration de Baabda

Michel Sleiman, hier, aux côtés de MM. François Hollande et Jeffrey Feltman à l’ouverture de la conférence à Paris. Photo Dalati et Nohra

Voici de larges extraits de l'allocution prononcée par le président de la République, Michel Sleiman, durant la séance d'ouverture de la 2e conférence du Groupe international de soutien au Liban hier à Paris, dans laquelle il a appelé à une série d'initiatives internationales, notamment sur la question des réfugiés syriens, du soutien à l'armée, mais aussi et surtout afin « d'inciter les parties internes et les pays influents sur la scène libanaise à éloigner le Liban des conflits régionaux, et à se conformer, tant en paroles qu'en actes, à la déclaration de Baabda ».


« Notre réunion, aujourd'hui, en France, ce pays ami, (...) se tient à l'heure où notre monde arabe ne cesse de subir de forts tiraillements dans la quête de son devenir, tout comme il fait face à des menaces de fragmentation, d'extrémisme, de despotisme et de terrorisme, et (...) se déroule à la veille d'échéances constitutionnelles internes que nous tenons à honorer par respect pour nos traditions démocratiques et pour préserver nos institutions légales, ainsi que notre unité nationale et notre paix civile (...).


«L'occasion nous est offerte (...) pour évaluer, ensemble, les progrès effectués dans la mise en œuvre des conclusions du Groupe international de soutien. Ce groupe a appelé à consolider la stabilité du Liban, ainsi que les piliers de son économie et les capacités de ses forces armées ; il a aussi appuyé les efforts déployés pour faire face au grave problème des réfugiés syriens sur notre territoire. Cette occasion nous est donnée pour discuter des meilleurs moyens susceptibles d'assurer le suivi et l'exécution de ces conclusions. Un premier pas a été réalisé sur le plan du soutien économique. Ainsi, le Fonds fiduciaire d'affectation spéciale pour le Liban a été créé ; il a été actualisé grâce à l'initiative de la Norvège qui a ouvert les souscriptions. Nombre de pays donateurs considèrent ce fonds comme étant un mécanisme important visant à financer les actions, projets et programmes prioritaires cités par la feuille de route. À savoir que le gouvernement libanais a élaboré cette feuille sur la base de l'étude préalablement préparée par la Banque mondiale, en collaboration avec le Haut-Commissariat de l'Union européenne et les agences onusiennes spécialisées. Nous sommes déterminés (...) à parachever les formalités administratives et juridiques requises pour définir les cadres de coopération entre l'État libanais et la Banque mondiale, en vue de gérer les activités de ce fonds. Nous nous félicitons de ce développement positif, et nous souhaitons de même que les États nantis et amis répondent favorablement et dans les plus brefs délais à l'appel de souscription au Fonds d'affectation spéciale, tout en gardant ouverts les multiples canaux de coopération économique bilatérale. À cet effet, nous ne pouvons que nous rappeler les conférences de Paris 1, 2 et 3 qui ont établi, entre 2001 et 2007, des fondements solides pour un pareil soutien.

 

(Lire aussi : Les grandes puissances veulent « partager avec le Liban le fardeau de la crise syrienne... »)


«Avec l'espoir de parvenir à une solution politique rapide à la crise syrienne et lors du lancement du processus de reconstruction de ce pays voisin et frère, il m'importe de souligner le fait que l'attention et le soutien international accordés au Liban ne devraient pas fléchir. L'effort de solidarité à l'égard de notre pays exigera, de fait, de longues années d'accompagnement et de suivi, vu que les retombées négatives de la crise syrienne sur l'ensemble de la situation socioéconomique au Liban s'inscrivent dans le long terme. »

 

L'appui à l'armée
« Par ailleurs, un grand progrès a été réalisé dans l'exécution des conclusions relatives à l'appui apporté aux forces armées libanaises. Il s'est concrétisé par la décision du gouvernement italien d'organiser à Rome une conférence dédiée à cette fin. Nous espérons que les participants parviendront, au cours de cette rencontre, à établir un cadre clair et un plan exhaustif pour promouvoir les moyens de soutien à l'armée libanaise aux niveaux de l'équipement, de l'entraînement et de la formation. (...) La décision de (...) Sa Majesté le roi Abdallah ben Abdel Aziz, d'octroyer trois milliards de dollars à l'armée libanaise, sous forme d'aide exceptionnelle, ne peut qu'assurer les chances de succès de cette conférence. Nous considérons, à plus d'un titre, que ce don saoudien, si généreux et qui nous permettra d'acheter de la France un armement nouveau et approprié à l'armée libanaise, aura à son actif, en complément des conclusions de la conférence de Rome, un effet de levier sur les programmes d'assistance possibles pour le Liban auprès d'un plus grand nombre de pays. Il encouragera de même les programmes de coopération militaire existants avec de nombreux pays amis représentés dans cette conférence, au premier rang desquels se trouvent les États-Unis (...).
«À cet égard, je me réjouis du fait que l'armée libanaise bénéficie de pareille confiance tant au niveau interne qu'externe. (...) Il s'est avéré qu'elle est le symbole de l'unité nationale, et la garante de la paix civile et de la démocratie. Elle reste tout autant déterminée à accomplir les missions dont elle a la charge : faire face aux violations de l'ordre sécuritaire, mettre un terme au chaos des armes, combattre le terrorisme et œuvrer, avec la Finul, à l'application des dispositions de la résolution 1701 dans leur intégralité. (...) J'espère que le plan de soutien à l'armée portera ses fruits, et aboutira à l'adoption et à la mise en œuvre de la stratégie de défense nationale que j'ai soumise au comité du dialogue national en 2012, et qui (...) stipule la régulation de la mission de l'armée et son approvisionnement adéquat en armes, de manière à lui permettre d'assumer, à elle seule, la défense du Liban. »

 

Les réfugiés syriens
« En matière d'actions de soutien à l'effort fourni au sujet des réfugiés syriens, des résultats liminaires ont été réalisés, à savoir la tenue de deux conférences de pays donateurs au Koweït dans le but de copartager les charges financières qui pèsent sur l'ensemble des pays limitrophes où ces réfugiés sont hébergés. Une autre conférence, qui s'est tenue, par ailleurs, à l'occasion de la réunion annuelle du conseil exécutif du Haut-Commissariat pour les réfugiés à Genève, a adopté le principe du copartage du nombre de réfugiés et leur réinstallation dans les pays en mesure de les accueillir, partant du principe de la responsabilité internationale commune. Elle a appelé également à encourager les efforts en cours, en vue de trouver une solution politique permettant un retour digne et sûr des réfugiés dans leur pays.


«Cependant, l'envergure du soutien international dans ce domaine demeure, de loin, inférieure au fardeau qui pèse lourdement sur les épaules du Liban, et menace désormais sa sécurité, sa stabilité ainsi que l'ensemble de sa situation socioéconomique. Aussi, souhaitons-nous sensibiliser encore plus la communauté internationale à la gravité du problème des réfugiés qui va en s'exacerbant. Il constitue désormais un danger existentiel qui menace l'entité libanaise (...) à plus d'un niveau, et sa prévention exige un engagement plus ferme dans les domaines suivants : fournir un appui international direct au budget des ministères et administrations publiques pour les aider à porter les charges croissantes qui leur incombent, notamment dans les domaines de l'hospitalisation, des soins médicaux, de l'enseignement et de l'énergie ; honorer tous les engagements financiers pris lors des deux conférences des pays donateurs au Koweït; œuvrer inlassablement pour l'application du principe de copartage des nombres de réfugiés de manière plus exhaustive, mais aussi de la part d'un plus grand nombre de pays avec des parts plus élevées. Car les pays qui ont accepté d'accueillir des réfugiés sur leur territoire ne dépassent pas les 20 États jusque-là, et le nombre de réfugiés accueillis dans les divers États varie entre un minimum de 500 et un maximum de 5 000, à comparer avec plus d'un million trois cent mille réfugiés sur le territoire libanais. Je voudrais saluer (...) les initiatives de l'Allemagne et d'autres pays amis ; exercer un effort supplémentaire pour élargir les cadres d'hébergement des déplacés syriens dans des camps sécurisés sur le territoire syrien lui-même ou dans des régions sûres tout au long des frontières ; intensifier les efforts en vue de parvenir à une solution politique rapide à la crise syrienne. Ce qui permettrait aux réfugiés de rentrer chez eux en toute sécurité et dignité. D'autant plus que la crise et les batailles qui se poursuivent dans le voisinage syrien sont susceptibles de provoquer des flux supplémentaires et catastrophiques de réfugiés. »

 

Le soutien à la stabilité
« En ce qui concerne le soutien à la stabilité, la situation au Liban a connu en réalité, depuis l'adoption des conclusions du Groupe international de soutien à New York, de sérieux revers sur le plan sécuritaire pour les raisons suivantes : l'aggravation de la tension politique et confessionnelle ; l'implication progressive de certaines parties dans le conflit armé qui sévit en Syrie ; la recrudescence des dangers terroristes manifestés par une série d'attentats sporadiques contre les civils, les lieux de culte, l'ambassade iranienne, et contre des personnalités sécuritaires et politiques, la dernière victime étant le regretté Mohammad Chatah, ancien ministre ; l'intensification des menaces, des attaques et des violations israéliennes contre la souveraineté libanaise, et les violations de l'intégrité territoriale ainsi que les bombardements accrus tout au long des frontières est du Liban.


«Nous avons réussi, après de longs mois (...), à faire prévaloir la sagesse et le dialogue ; nous avons formé un gouvernement d'unité nationale sur lequel nous pourrons compter pour atténuer la tension (...) ; mais nous continuons à aspirer à plus d'initiatives internationales (...) pour réaliser un progrès substantiel dans les domaines (...) suivants : encourager les États et les parties en conflit sur la scène arabe à négocier afin de trouver des solutions politiques aux différends qui continuent de les opposer ; inciter les parties internes et les pays influents sur la scène libanaise à éloigner le Liban des conflits régionaux et à se conformer, tant en paroles qu'en actes, à la déclaration de Baabda ; œuvrer pour assurer l'application des conclusions de votre groupe qui entérinent cette distanciation et qui ont été adoptées par le Conseil de sécurité, et persévérer dans la mise en œuvre des résolutions pertinentes de la légalité internationale ; chercher à faire prévaloir la modération et la démocratie authentique, garante des libertés au Moyen-Orient, face aux courants extrémistes qui récusent la liberté d'expression et d'opinion ; maintenir une action sérieuse et soutenue visant à trouver une solution juste et globale au conflit arabo-israélien, y compris au problème des réfugiés palestiniens, conformément aux résolutions de la légalité internationale et de l'initiative arabe de paix qui garantissent la non-implantation des réfugiés palestiniens dans les pays arabes dont les conditions spécifiques ne permettent point une telle implantation, dont le Liban.


«Compte tenu de toutes ces prémices positives et ciblées, sur les plans interne, régional et international, nous pouvons espérer un avenir plus sûr et plus stable, ainsi que davantage de prospérité pour le Liban, et ce grâce à la solidarité et à la vigilance des Libanais, avec le soutien total de la communauté internationale, conformément aux objectifs de cette conférence plénière. »

 

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