Le Hezbollah a confirmé, mercredi dans un communiqué, que l'aviation israélienne a effectué un raid, le 24 février, contre une position du parti à la frontière syro-libanaise. "Le 24 février, l’aviation de l’ennemi a visé une position du Hezbollah à la frontière syro-libanaise, dans la région de Janta, dans la Békaa", indique le parti libanais dans un communiqué.
Mardi, la télévision du Hezbollah, Al Manar, avait affirmé qu'"aucun raid israélien n'avait eu lieu sur le territoire libanais", rapportant uniquement un "intense survol de l'aviation de l'ennemi sur la région nord de la Békaa", dans l'est du Liban.
Dans son communiqué, le Hezbollah annonce également qu'il ripostera "au moment opportun" et à "l'endroit approprié". "Cette nouvelle attaque est une agression flagrante contre le Liban, sa souveraineté et son territoire", indique encore le parti dans son communiqué.
Le parti note enfin que les informations relatives à des morts ou des blessés suite à ce raid sont infondées, de même que les informations selon lesquelles la cible du raid israélien serait un dépôt d'armes ou une "base de missiles".
En visite à Damas, Allaeddine Boroujerdi, président de la Commission de la Sécurité nationale et des Affaires étrangères du Parlement iranien, a rejeté la responsabilité sur Israël. "Il n'y a aucun doute que c'est l'entité sioniste qui a commencé et le Hezbollah a le droit de répondre et il n'y a aucun doute qu'elle va subir de nombreuses pertes", a-t-il dit lors d'une conférence de presse.
Israël, qui cherche à empêcher tout renforcement militaire du Hezbollah à la faveur de la crise en Syrie, a effectué, dans la nuit de lundi à mardi, un double raid à la frontière libano-syrienne. "Deux raids israéliens ont frappé une cible du Hezbollah à la frontière libano-syrienne", a indiqué mardi une source au sein des services de sécurité libanais.
L'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH) a, de son côté, indiqué que l'objectif était une "base de missiles" du Hezbollah qui combat les rebelles syriens au côté de l'armée du régime de Bachar el-Assad.
Cité par le New York Times, dans son édition d'hier, un rebelle syrien combattant à Yabroud, Abou el-Amjed, a indiqué que plusieurs camions du Hezbollah, transportant des armes, ont été frappés de plein fouet par l'aviation israélienne à l'intérieur du territoire syrien. Abou el-Amjed a estimé que les armes convoyées étaient destinées aux combattants du parti qui soutiennent les forces de Bachar el-Assad dans ce secteur.
Son témoignage se recoupe avec des informations israéliennes citées par l'agence al-Markaziya, selon lesquelles le premier raid a visé "un poste logistique commun aux forces syriennes et iraniennes et aux combattants du Hezbollah, faisant de nombreux tués dont un dirigeant du parti chargé de la coordination avec les forces syriennes". Selon ces sources, ce raid et ces pertes pourraient affecter l'évolution de la bataille de Qalamoun. Le deuxième a visé, toujours selon les mêmes sources, deux camions qui transportaient des armes au Hezbollah, en profitant du brouillard.
La chaîne al-Arabiya a, elle aussi, fait état de nombreuses victimes parmi les combattants du Hezbollah, dont un cadre supérieur de cette formation.
(Lire aussi : L'Iran impliqué presque jusqu'au cou dans le conflit syrien)
Le président de la République, Michel Sleiman, a en outre appelé le ministre des Affaires étrangères, Gebran Bassil, à collecter toutes les données concernant le raid israélien afin de déposer une plainte auprès du Conseil de Sécurité de l'ONU. M. Sleiman, qui s'est enquis auprès des responsables militaires concernés des informations relatives au raid, a souligné qu'il s'agit d'une violation de la résolution 1701.
Israël a prévenu à maintes reprises qu'il ne permettrait pas que la Syrie fournisse des armements sophistiqués au Hezbollah. Israël et le Hezbollah s'étaient livrés une guerre dévastatrice et meurtrière en 2006. Mardi, le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a affirmé qu'Israël faisait "tout ce qui est nécessaire" pour se défendre, en réponse à une question sur ce raid. Mais "nous ne disons pas ce que nous faisons ou ce que nous ne faisons pas".
La veille, le chef d'état-major de l'armée israélienne, le général Benny Gantz, avait lancé une mise en garde sur ce plan : "Nous suivons de près le transfert d'armes de toutes sortes sur tous les fronts. C'est quelque chose de très mauvais et de très sensible. De temps à autre, en cas de nécessité, quelque chose peut survenir".
En mai dernier, Israël avait visé à deux reprises des armes destinées, selon l’État hébreu, à la puissante formation libanaise alliée de Damas, près de la capitale syrienne. Et le 1er novembre dernier, Israël avait frappé, selon des médias, une base aérienne syrienne où se trouvaient des missiles destinés au Hezbollah. Un responsable américain avait alors confirmé à l'AFP une "frappe israélienne" en Syrie sans donner de détails sur la cible.
En avril dernier, le Hezbollah avait reconnu publiquement la participation de ses combattants à la guerre que livre depuis près de trois ans le régime de Damas aux rebelles, provoquant l'ire de ces derniers qui qualifient le parti d'"occupant".
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commentaires (5)
La bataille de Qalamoun semble la clé du conflit militaire actuel et si le Hezbollah gagne la bataille ce sera un vrai défi pour Israël.
Sabbagha Antoine
15 h 57, le 26 février 2014