Rechercher
Rechercher

Culture - Exposition

« That Petrol Emotion » qui jaillit de l’art contemporain scottish !

La Metropolitan Art Society poursuit ses expositions d'œuvres d'artistes contemporains internationaux. Avec cette fois un florilège de Britishs, Scottishs... Very hype !

Bienvenue dans l’univers de Jim Lambie qui a investi l’intégralité du hall central du Metropolitan Art Society avec son installation très op art.

«That Petrol Emotion.» Un titre intrigant, presque insolent – emprunté au nom d'un band anglais des années 80 – pour cette troisième exposition organisée par la Metropolitan Art Society *, qui a invité cette fois The Modern Institut (une galerie de Glasgow) à présenter à Beyrouth une sélection d'œuvres de cinq de ses artistes maison. Des Britanniques, dont 4 Écossais, à l'esprit évidemment insulaire et aux œuvres visuelles fréquemment imprégnées de références musicales.


À commencer par l'installation de Jim Lambie, réalisée in situ, expressément pour le hall central de la belle demeure beyrouthine qui héberge le MAS. Une «œuvre d'ambiance», qui s'ouvre par une sculpture en forme de serrure géante (en métal fuchsia) installée sur le perron de l'entrée comme pour donner un avant-goût de l'univers surréalo-bigarré de cet artiste, également musicien.

 

Entrez dans l'univers de Jim Lambie
Natif de Glasgow, ce joyeux cinquantenaire, qui a représenté il y a dix ans l'Écosse à la Biennale de Venise (et qui, lors de son passage éclair à Beyrouth, a joué les DJ à l'inauguration ! ), conçoit des œuvres visuelles très op art, traversées de rythmes et d'ondes... C'est le cas plus particulièrement de son collage de bandes en vinyle recouvrant l'intégralité du sol du hall central de lignes sinueuses noires et blanches qui « pulsent » et dynamisent l'espace. Et dont les rayures, se reflétant dans une suspension composée de multimiroirs à main, jouent à brouiller la perception du lieu. Un art basé sur les effets d'optique. Mais aussi sur la récupération et le détournement d'objets et de matériaux, dont la présente installation rassemble un échantillon hétéroclite. À l'instar d'un bahut surmonté d'un chiffonnier recyclés en sculpture psychédélique ; de tableaux peints sur multicouches de sacs de pomme de terre ou encore striés de rangées d'épingles à nourrice ; de fresques murales en superposition de feuilles métalliques multicolores et aux effets réfléchissants de miroirs déformants ; de sculptures blocs en béton collés de lamelles de pochettes de disques qui semblent émerger d'entre les vagues de cette mer de lignes noires et blanches au sol ou encore de cette faussement souple ceinture d'homme sculptée dans du métal peint et accrochée sur l'un des murs !
Un travail qui, sous une apparence ludique et décalée, questionne, semble-t-il, la vraie nature des choses cachée sous les multiples couches, situations, usages et... illusions d'optique.

 

Martin Boyce, un lauréat du Turner Prize
Beaucoup plus sobre et épuré, l'art de Martin Boyce, titulaire du fameux Turner Prize (ce qui en fait le pair de Damien Hirst ou encore d'Anish Kapoor !), se décline, dans l'une des pièces latérales, en sculptures et tableaux en techniques mixtes. Des œuvres conceptuelles, dégageant comme une aura grave et austère. Porteuses parfois d'une certaine poésie, comme cette « fresque aux oiseaux » découpée dans du papier kraft ou cette inscription gravée sur une planche en bois intégrée dans le squelette métallique d'une table de bibliothèque universitaire : « De cet endroit les mots s'envolent »... Mais des œuvres toujours imprégnées de fortes références à l'histoire de l'art (ready made, arte povera, abstraction géométrique, calligraphie...), au design des années 50, ainsi qu'au paysage architectural. Et puisant, plus précisément, ses formes et motifs récurrents d'une sculpture géométrique d'arbre en béton armé réalisée en 1925 par Robert Mallet-Stevens à Paris.
Une pratique basée, là aussi, sur le détournement d'objets et de matériaux de leur usage courant vers l'abstraction artistique.

 

Paysages aux rythmes rebelles
Détour par la peinture dans la pièce suivante consacrée aux tableaux de Victoria Morton. L'une des rares artistes de la nouvelle génération à s'adonner exclusivement à la reproduction sur toile... de panoramas abstraits. Dénuées de toute trace de figure humaine, ses compositions, construites par superpositions de couches, défragmentation et tracés impulsifs, explorent et reformulent les représentations visuelles des paysages. Lesquels, inspirés des couleurs et de la lumière de Venise (où cette Écossaise a choisi de passer une partie de l'année), mais aussi de la musique qui accompagne toujours son travail, se transforment en « paysages intérieurs » !

 

Murs défoncés et dénonciations de talibans
Dans la pièce d'en face, dévolue à Michael Wilkinson (le seul Britannique non écossais de la sélection), une sculpture entièrement réalisée en lambeaux de rubans magnétiques de cassettes audio impose sa présence intrigante. D'autant qu'elle est entièrement cernée de toiles (accrochées aux cimaises) représentant des « murs », que ce plasticien iconoclaste a « construits » pour mieux les défoncer. Car toutes les œuvres de Wilkinson parlent de révolutions : culturelle (une évocation de mai 68 dans une peinture et collage), industrielle (un « tableau en kit » rassemblant chemise, savon, cordages...), sociétale (un autre entièrement réalisé en pièces de Lego noires) ou encore générationnelle (le collage-découpage de mini-miroirs sur les pochettes du fameux disque The Wall des Pink Floyd !)...


Autant de toiles, alignant triomphalement les « murs détruits », contrecarrées par la présence de cette sculpture singulière. En fait une représentation symbolique de la chape régressive de certaines sociétés, inspirée à l'artiste par des photos de vergers à Kaboul, aux arbres entièrement recouverts de rubans de bandes magnétiques que les talibans tiraient des cassettes audio confisquées aux amateurs de musiques de variétés... ces supposés suppôts de Satan !


Last but not least, le très conceptuel Scott Myles déploie un écheveau de pratiques artistiques au moyen desquelles il tente d'appréhender le monde qui l'entoure. Ses investigations qui puisent leur vocabulaire artistique autant dans l'architecture, les paysages culturels et sociétaux, les techniques mixtes que les références aux divers courants de l'art, dont l'abstraction gestuelle, façonnent un ensemble de pièces hétéroclites à la finalité assez difficile à appréhender. Malgré l'apparente facilité de certaines toiles et sculptures qu'il expose.


À l'instar de ce Hot Sand, un incandescent slogan orangé (impression sur plaque d'aluminium en dityque) ; de cette série de 24 clichés du corps d'une victime d'un meurtre (tirés des archives de la police) qu'il a retravaillés en flou artistique et en monochromes de bleus allant du clair au plus obscur... comme la violence; ou encore de cette étrange sculpture d'escargots (véritables) escaladant un bloc de béton placé sous plexi coloré... Des témoignages, là aussi, d'une certaine émotion pouvant naître de détournements et d'associations imprévues d'éléments antinomiques ? À vous de juger... cette « Petrol Emotion » qui durera jusqu'au 27 avril.

 

* Achrafieh, rue Trabaud. Horaires d'ouverture : de mercredi à dimanche, de 11h à 19h. Informations au 70/366969.

 

«That Petrol Emotion.» Un titre intrigant, presque insolent – emprunté au nom d'un band anglais des années 80 – pour cette troisième exposition organisée par la Metropolitan Art Society *, qui a invité cette fois The Modern Institut (une galerie de Glasgow) à présenter à Beyrouth une sélection d'œuvres de cinq de ses artistes maison. Des Britanniques, dont 4 Écossais, à l'esprit...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut