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CD, DVD - Un peu plus de...

Vol au-dessus d’un nid de coucous

Jusqu'à quand ? Jusqu'à quand va-t-on les laisser crever sans broncher ? Jusqu'à quand va-t-on les laisser remplir les rubriques faits-divers sans lever le petit doigt? Jusqu'à quand va-t-on rester les bras croisés en ne disant rien? Jusqu'à quand va-t-on les laisser se faire fracasser le visage à coups de marmites devant leurs enfants, se faire empoisonner avec du Démol et que leurs maris circulent ensuite en liberté et en toute impunité? Jusqu'à quand Roula Yacoub, Manal Assi ou Christèle Abou Chacra ne seront juste que des histoires dont on parle le matin autour d'un café? Que nous est-il arrivé pour avoir plongé dans une telle indifférence?
Que nous est-il arrivé pour que l'on confonde à ce point nos priorités? Pour laisser les femmes finir à la prison de Baabda en cas d'adultère, pour laisser grandir le nombre d'orphelins privés de leurs mères à cause des coups de leurs pères... C'est comme si on s'en foutait. Parce que peut-être ça se passe loin. Pas dans notre milieu. Pas à Verdun ni à Rabieh, ni à Jounieh ou à Broummana. Et là, pas si loin que ça, on meurt en silence. En silence parce que les voisins, la famille, savent pertinemment que ça ne sert à rien de dénoncer un homme qui bat. Ils savent pertinemment qu'il n'y a pas de loi. On meurt en silence parce que les familles ont honte. Parce qu'elles préfèrent que ça ne sache pas. Parce qu'on ne leur a jamais dit que les droits de l'homme, ce sont les droits de la femme. Parce que les droits de la femme n'existent quasiment pas. Manal Assi se fait accuser d'adultère à titre posthume. Le meilleur ami de son mari se fait passer pour son amant, pour que cet assassin ait des circonstances atténuantes. Effectivement, si un homme apprend que sa femme le trompe alors qu'il est marié à deux femmes, il a tous les droits de la frapper à mort devant ses enfants. Si une femme trompe son mari dans la high, on s'en gausse dans les salons et elle ne finit pas derrière les verrous. Margaret Tannous a été assassinée par son mari, lundi, en Australie. Là-bas, il a été directement condamné de meurtre. Là-bas. Ici, le mari de Roula Yacoub a fait marcher ses relations, ses wasstat et voilà. Il est relâché dans la nature. Libre. A-t-on demandé une enquête ? Non. Et comme ça ne s'est pas passé dans un milieu que l'on connaît, personne ne réagit. On en parle un peu dans les salons. Yi, yay. Point. Mais si ça avait été la nièce du cousin de la copine d'un député qui avait connu ce destin sordide, il aurait probablement, il aurait sûrement, fait en sorte que la loi pour la protection de la femme de la violence domestique soit promulguée. Il aurait fait pression sur ses inutiles compères, les squatteurs de la Chambre. On se serait beaucoup plus mobilisés sur tous les walls des réseaux sociaux. On se serait offusqués. On aurait dit qu'il était temps. Nous. Cette société civile qui ne bouge pas. Vous, moi, nous. On ne demande pas aux écoles de solliciter des ONG comme Kafa afin d'expliquer aux jeunes femmes que personne n'a le droit de les toucher. Ni leur père, ni leur frère, ni leur mari. On n'intègre même pas ces associations. On ne manifeste pas, on ne brûle pas des pneus devant le makhfar où un salaud est relâché.
On reproche aux politiques de ne rien faire, mais on a les politiques que l'on mérite. Ces locataires de la place de l'Étoile qui se foutent comme de l'an 40 des exactions commises tous les jours et toutes les nuits. Ils se foutent des droits bafoués comme ils se foutent qu'on tabasse des jeunes dans de sombres commissariats parce qu'on a trouvé une fin de joint dans le fond de la poche de leur jeans. Ils se foutent que ce soit de jeunes fumeurs de shit qui croupissent dans les cellules de Roumieh à la place des bourreaux qui viennent de tuer leur épouse. Ils ne se bougent pas le cul sauf, bien sûr, si c'était le neveu du cousin de la copine d'un mec influent qui avait été interpelé. Là, ce n'est plus la même chose. Affaire d'État. Ce sont les mauvaises affaires privées qui deviennent publiques. Quant aux affaires publiques, elles ne sont traitées ni en public ni en privé. A-t-on pété le dernier plomb qui nous restait? A-t-on brûlé le disjoncteur de notre morale? Sommes-nous tous devenus des profanes, loin de tout ce qui devrait être sacré? Honte à nous. À nous tous. Honte à notre immobilité, à notre indifférence. Réveillez-vous, nous sommes devenus fous.

Jusqu'à quand ? Jusqu'à quand va-t-on les laisser crever sans broncher ? Jusqu'à quand va-t-on les laisser remplir les rubriques faits-divers sans lever le petit doigt? Jusqu'à quand va-t-on rester les bras croisés en ne disant rien? Jusqu'à quand va-t-on les laisser se faire fracasser le visage à coups de marmites devant leurs enfants, se faire empoisonner avec du Démol et que leurs...
commentaires (6)

Tant que le système tribal et confessionnel triomphe au Liban la justice restera le maillon le plus faible dans ce cercle vicieux de violence contre la femme et ou l'Homme restera le plus fort .

Sabbagha Antoine

14 h 38, le 22 février 2014

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Commentaires (6)

  • Tant que le système tribal et confessionnel triomphe au Liban la justice restera le maillon le plus faible dans ce cercle vicieux de violence contre la femme et ou l'Homme restera le plus fort .

    Sabbagha Antoine

    14 h 38, le 22 février 2014

  • Ah oui!!! C’est notre réalité, la polygamie, le divorce injuste où on jette la femme et ses enfants dans la rue sans un sou parce que les « sans pêchés » ont décidé de ça, inspiré par l’Esprit qui a fait un petit détour à la Banque !!! Et les lois dérisoires qui forcent la femme à rester avec un psychopathe criminel, mais mon enfant, « ce que dieu a uni, que l’homme ne le sépare pas » .

    Bahijeh Akoury

    10 h 28, le 22 février 2014

  • Je crois que toutes les femmes du Liban devraient faire plusieurs grandes manifestations jusqu'a obtenir gain de cause en ce qui concerne TOUS les droits de la femme. Comme c'est vrai et revoltant tout ce que vous dites!

    Michele Aoun

    09 h 33, le 22 février 2014

  • LÀ-BAS, MADAME, IL Y A DES HUMAINS, UN ETAT ET DES LOIS ! ICI, C'EST LA JUNGLE ! EN TOUT...

    LA LIBRE EXPRESSION

    06 h 57, le 22 février 2014

  • Une loi concernant les droits de la femme devrait - et ne semble malheureusement pas être - une des priorités du nouveau gouvernement.

    Yves Prevost

    06 h 57, le 22 février 2014

  • Les Misogynes libanais (h) ne cessent de baratiner ! C’est pertinent mais non-absolutoire. Mais, il se fait qu’ils risquent de ne pas passer à la trappe féministe du fait de certains politiques Enturbanno-ensoutanés : alors que chacun d'eux devrait y passer à la trappe féministe pourrait-on affirmer. Et une misogynie qui flanche, c'est une bonne nouvelle non ? Vraiment sans aucune vergogne ces gens-là ! Pour ce qui est de ces conFormistes, ils sont liés par une forte amitié mahééék, et par un Pacte "sacré" à ce qu'il parait sur le droit de l'insoumission à la féminité ; et si la bienséance le leur avait autorisé, ils auraient encore plus lutté turbans et soutanes jointés contre les émancipées celles en chignons et/ou "voilées" ! Ils représentent, en effet, l'exemple type de la misogynie rétrogradée dont ces roués retors vont, assuré, continuer à va(e)nter dans les baratinages du dimanche ou du vendredi ou place Néjméh ! Désabusées comme il est fréquent de l'être suite à ce débordement de Misogynie, les Libanaises Saines décrivent sèchement leur mélancolie de Libres féministes qui ne le cède en rien à celle d’une flambeuse au jeu de Ttâwléhhh : ceci, pour ne pas avoir à supporter l'existence renouvelée de cette misogynie bourrée de Malsanité. Ces descriptions Saines ne sont en fait que les souhaits de Saines éhhh, dans 1 Kottor-contrée où il n'y a + Rien.... sauf de la misogynie, à espérer ; yâ hassértéééh !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    03 h 51, le 22 février 2014

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