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Moyen Orient et Monde - Le point

L’autre longue marche

Pour l'occasion – des pourparlers historiques appelés à se poursuivre jusqu'à la fin de la semaine –, les deux camps se sont ingéniés à multiplier les symboles. Il y a d'abord le choix de Nankin, l'ancienne capitale jusqu'à 1949, mais aussi la dernière ville tenue par les nationalistes du Kuomintang et qu'ils avaient dû quitter, Chiang Kaï-chek en tête. Il y a la date, qui coïncide avec le Yuan Xiao (la fête des Lanternes), synonyme de réunion des familles et de réconciliation entre les ennemis. Il y a l'hôtel qui abrite ces retrouvailles, un haut lieu d'un tourisme local en plein essor et qui traduit fidèlement le nouvel état d'esprit des maîtres de Pékin.


Parler d'une « première » appelée à donner « un essor sans précédent » aux rapports entre les frères ennemis reviendrait à la fois à chausser des bottes de sept lieues et à se rendre coupable d'une impardonnable amnésie. Car il ne faut pas oublier que dans ces discussions il est beaucoup question d'économie et de business, un peu moins de normalisation et pas du tout de réunification ni même de politique. Elle est loin l'époque, c'était en 1995-96, où des missiles s'abattaient régulièrement sur les côtes taïwanaises et où les officiels multipliaient, c'était dans les années 2000-2008, les critiques virulentes à l'adresse du président Chen Shui-bian. Depuis 1990, des agences sont chargées de négocier au nom des deux parties, des bureaux de représentation ont essaimé – « que cent fleurs s'épanouissent », disait déjà le Grand Timonier, mais il s'agissait pour lui de rétablir son autorité... –, et les efforts n'ont pas été épargnés pour panser les blessures d'un passé pas si lointain. En 2010, une avancée notable a été enregistrée sur la voie du dégel avec la signature d'un accord-cadre de coopération économique.


Aujourd'hui, si tous les nuages ne se sont pas dissipés, à tout le moins le ciel paraît-il moins sombre, malgré les mises en garde de ceux qui appellent à se méfier des apparences et à détecter les pièges derrière les sourires, de circonstance forcément. Dans une relation déséquilibrée, à tout le moins au plan démographique avec d'un côté du détroit de Formose 23 millions de rescapés de la grande débâcle et de l'autre un milliard 300 millions de citoyens de la Chine populaire, les chiffres sont d'une éloquence déconcertante. Les échanges s'élèvent à près de 200 milliards de dollars américains, non moins de 500 vols hebdomadaires relient les deux pays, deux millions d'insulaires vivent présentement sur le continent et rares seront ceux qu'étonnera l'annonce, un jour proche, de l'établissement de liens à l'échelle consulaire.


À Bali où se tenait l'an dernier les réunions de l'APEC (Asia-Pacific Economic Cooperation), le président Xi Jinping a jugé nécessaire d'avancer un pion. Le règlement de l'impasse actuelle, avait-il déclaré, ne saurait être reporté indéfiniment. À Taipei, cet appel à peine déguisé ne pouvait trouver oreille plus complaisante que celle de son homologue, Ma Yingjeou, qui se trouve à deux ans de la fin de son second mandat. Accusé par ses adversaires d'être allé trop loin dans sa politique de rapprochement avec Pékin, le chef de l'État ne s'est jamais hasardé à soutenir l'idée de pourparlers politiques. D'autant plus que sa formation politique, le Parti nationaliste, traîne dans les sondages, loin derrière le Parti progressiste démocratique. M. Ma lui-même est crédité d'un piteux 9 pour cent, un score de nature à constituer un sérieux handicap au candidat de son groupe. On comprend dès lors le désir mis par Pékin à accélérer le mouvement de rapprochement sino-chinois. D'autant plus que l'Armée populaire de libération demeure menaçante avec ses 784 missiles pointés sur l'île voisine. À cela s'ajoute le fait que Pékin a d'autres préoccupations, avec le Japon notamment, qui se traduisent par une montée de la fièvre dans la partie orientale de la mer de Chine et un ton de plus en plus virulent dans les échanges d'accusations.


Devant les réticences des uns et l'impatience des autres, on est en droit de se poser la question de savoir à qui profite le statu quo actuel. Aux deux camps, serait-on tenté de dire. Un jugement que le China Daily accréditait mercredi, écrivant : « On se souviendra de cette entrevue non pas en raison de l'objet des discussions de MM. Wang et Zhang mais simplement parce qu'ils se sont rencontrés. »

Pour l'occasion – des pourparlers historiques appelés à se poursuivre jusqu'à la fin de la semaine –, les deux camps se sont ingéniés à multiplier les symboles. Il y a d'abord le choix de Nankin, l'ancienne capitale jusqu'à 1949, mais aussi la dernière ville tenue par les nationalistes du Kuomintang et qu'ils avaient dû quitter, Chiang Kaï-chek en tête. Il y a la date, qui...
commentaires (4)

"Deux Négations ne pourront point former une seule et unique Nation." !

ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

11 h 00, le 14 février 2014

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Commentaires (4)

  • "Deux Négations ne pourront point former une seule et unique Nation." !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    11 h 00, le 14 février 2014

  • IL SEMBLE QUE LA MARCHE EST LONGUE... TRÈS LONGUE... QU'ILS MARCHENT TOUJOURS... ET QU'ILS ONT BEAUCOUP DE CHEMIN ENCORE À FAIRE...

    LA LIBRE EXPRESSION

    15 h 58, le 13 février 2014

  • La Chine se reveille et selon la prophetie , le monde va trembler . Faut il rappeler que ce pays ancienne puissance mondiale , est sur le point de le redevenir. Faut il rappeler que ce pays etait sous embargo, sanctions et diabolisations avant une fameuse partie de ping pong , toute resemblance avec des puissances actuelles etc...... On nous dira , ouais mais elle n'a plus de communiste que le nom , en effet , mais une revolution se juge en globalite avec ses gouts amers et son miel , toutes les revolutions de toutes les puissances actuelles , toute resemblance avec des puissances actuelles etc...

    FRIK-A-FRAK

    14 h 34, le 13 février 2014

  • Une mise au point de la situation internationale toujours intéressante, et dont nous vous remercions. Et si cette rencontre était la première d´une série d´autres ? Les contours d´une possible alliance des deux Corées +la chine évoque pour nous la préparation d’une troisième puissance mondiale. Les Américain et les Russes n’auront qu’à bien se tenir…

    Molly Selwan

    14 h 31, le 13 février 2014

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