Reporters sans frontières (RSF) a publié mercredi le classement mondial de la liberté de la presse 2014. Le Liban est classé 106e (sur 180 pays) et perd cinq places par rapport à 2013.
La liberté de la presse s'est fortement dégradée en 2013 dans plusieurs pays occidentaux, notamment aux Etats-Unis, victime de la lutte contre le terrorisme, note l'ONG française dans son classement mondial annuel.
Sur les 180 pays passés en revue, la Finlande, les Pays-Bas et la Norvège constituent une nouvelle fois le trio de tête des pays les plus respectueux de la liberté de la presse tandis que le Turkménistan, la Corée du Nord et l'Érythrée demeurent les "pires trous noirs" de l'information, des pays où la liberté de la presse est "tout simplement inexistante".
Sans surprise, les pays en guerre se retrouvent dans la deuxième partie du classement, quand ce n'est pas en queue de peloton, à l'image de la Syrie, théâtre d'une guerre civile sanglante depuis mi-mars 2011, (177e place).
"Les journalistes représentent des cibles pour le gouvernement de Bachar el-Assad comme pour les milices extrémistes rebelles", note l'ONG. Plusieurs journalistes étrangers sont actuellement otages en Syrie. La Syrie "incarne ce cas de figure à l'extrême, au point d'occuper désormais le rang de pays où la liberté de l'information et ses acteurs sont le plus en danger". De manière générale, le classement souligne "logiquement la corrélation négative entre un conflit – ouvert ou non déclaré – et la liberté d'information".
La crise syrienne apporte en outre, note RSF, "son lot de répercussions dramatiques dans toute la région".
"Au Liban, où les médias sont des outils de propagande au service d'hommes d'affaires et de politiciens, le conflit syrien consolide la ligne de fracture déjà existante entre, d'un côté, les médias du 8 Mars et, de l'autre, ceux du 14 Mars", note RSF dans son rapport. "Cette extrême polarisation entre médias pro-Damas et médias pro-opposition renforce la polarisation sociopolitique de la société libanaise", regrette l'ONG.
Chute remarquable
En matière de chute remarquable, les Etats-unis s'illustrent avec une perte de 13 places au classement. Désormais à la 46e place, les Etats-unis sont épinglés pour "chasse aux sources et aux lanceurs d'alerte" à l'issue d'une année marquée par les révélations d'Edward Snowden sur les programmes de surveillance américains. L'ancien consultant de l'Agence de sécurité nationale (NSA) a été inculpé d'espionnage et s'est réfugié en Russie
Le Koweït classé 91e enregistre aussi une chute de 13 places que RSF explique par "l'adoption d'une loi sur les médias qui permet aux autorités de condamner les journalistes à payer des amendes allant jusqu'à 300 000 dinars (environ un million de dollars) pour +critique envers l'émir ou le prince héritier+ ou encore +déformation de leurs propos+". Le texte prévoit également des peines pouvant aller jusqu'à dix ans d'emprisonnement pour les journalistes qui offenseraient Dieu, les prophètes de l'Islam, ou encore les compagnons ou épouses du prophète Mohammad.
Le Pakistan reste l'un des pays les plus dangereux pour les journalistes, souligne également RSF, en s'inquiétant notamment de la situation dans la province du Baloutchistan. Sept journalistes ont été tués dans l'exercice de leur fonction en 2013 au Pakistan.
La France cède une place et occupe dorénavant le 39e rang, derrière l'Allemagne (14e, +3) et le Royaume-Uni (33e, -3). En France, la décision rendue en juillet 2013 par la cour d'appel de Versailles est responsable de la dégradation. La justice avait ordonné au Point et à Mediapart de retirer de leurs sites internet les retranscriptions des enregistrements pirates réalisés chez Liliane Bettencourt, une décision qui constitue une "grave violation de la liberté de la presse", estime RSF.
L'ONG s'inquiète également de la situation en Turquie (154e) ou en Israël (96e), où, sous couvert de lutte contre le terrorisme, les gouvernements rognent sur la liberté de la presse.
La situation demeure aussi préoccupante en Egypte (159e) où si la destitution du président Mohamed Morsi par l'armée a libéré une partie des médias, elle a dans le même temps provoqué "une chasse aux journalistes proches des Frères musulmans". Quant à la Russie, qui accueille actuellement les Jeux Olympiques d'hiver à Sotchi, elle occupe la 148e place (+1).
Sept indicateurs sont pris en compte par Reporters sans Frontières pour établir ce classement : le niveau des exactions, l'étendue du pluralisme, l'indépendance des médias, l'environnement et l'autocensure, le cadre légal, la transparence et les infrastructures.
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