Rechercher
Rechercher

Moyen Orient et Monde - Le point

Sur le gril américain

L'Iran qui fait patte de velours : le gouvernement de Hassan Rohani vient d'accorder 400 000 dollars à un hôpital sis rue Mostafa Khomeyni (le fils du fondateur de la République islamique). Jusque-là rien d'étrange à ce geste officiel, sauf que l'établissement en question, qui porte le nom du Dr Sapir, est juif, dirigé par un juif, le Dr Ciamak Morsadegh, et qu'il fait face à l'école Imam Rezaa, l'un des plus importants séminaires du pays.
L'Iran qui sort ses griffes : « Nous refuserons de discuter de notre programme balistique », a dit le vice-ministre des Affaires étrangères, Abbas Aragchi, pour qui « les sujets touchant à notre défense ne sont pas négociables » car « il s'agit d'une ligne rouge ». Voilà avertie la sous-secrétaire d'État Wendy Sherman, qui avait annoncé la semaine dernière, lors d'une audition devant le Sénat, que le 18 février à Vienne, on parlera des missiles de longue portée.


À vouloir suivre la diplomatie iranienne dans les sinuosités de son parcours, les États-Unis ne vont pas tarder, si ce n'est déjà fait, à attraper le tournis, partagés qu'ils sont entre le souci de mettre à profit l'élection à la tête du pays d'un « anti-Ahmadinejad » pour faire sauter le verrou qui continue de bloquer les efforts de normalisation sur la scène moyen-orientale ou même mondiale, et la volonté de s'attaquer à ce qu'ils considèrent comme leurs priorités : le dossier palestino-israélien, le programme nucléaire de Téhéran, enfin le casse-tête syrien qui prend de plus en plus une tournure que n'avaient pas prévue les stratèges de la Maison-Blanche et du département d'État.


S'il n'y avait que l'épine représentée par ces fameuses fusées capables d'atteindre Israël... Dans une semaine, le groupe 5+1 (les cinq grands et l'Allemagne) se penchera sur les suites à donner à l'accord intermédiaire conclu à Genève le 20 janvier. À l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), les Iraniens ont fait savoir qu'ils sont disposés à donner tous les éclaircissements voulus et surtout à lever les doutes qui subsistent après les accusations de l'agence des Nations unies rendues publiques dès novembre 2011.


Contrairement à son prédécesseur, qui avait qualifié la Shoah de « grosse tromperie », l'actuel président iranien n'a jamais abordé le thème de l'Holocauste. Mais en septembre 2013, son bureau avait souhaité un heureux Rosh Hashana (Nouvel An) à tous les juifs du monde, et le Dr Morsadegh l'avait accompagné ce même mois lors de son déplacement à New York, à l'occasion de la session ordinaire de l'Assemblée générale des Nations unies. Le New York Times, qui évoque le cas de l'hôpital Sapir, rappelle pour l'occasion qu'il existe dans le pays entre 9 000 et 20 000 juifs, soit la plus importante communauté hébraïque du Proche-Orient après Israël.


Le dégel observé ces derniers mois dans les rapports Washington-Téhéran n'a pas fait que des heureux – les États du Golfe par exemple, rassurés de voir s'éloigner le spectre d'une pesante domination par leur omniprésent voisin. Ainsi que prévu, l'Arabie saoudite broie du noir et le fait savoir. C'est le prince al-Walid ben Talal qui affirme au Wall Street Journal à propos du rapprochement avec la République islamique : « L'Amérique vient de se titrer une balle dans le pied. » C'est un autre émir, Mohammad ben Nawaf ben Abdel Aziz, ambassadeur à Londres, qui juge « la précipitation incompréhensible », rappelle que « l'apaisement n'a pas été efficace par le passé et ne le sera pas au XXe siècle » et menace : « Nous n'allons pas rester les bras croisés alors que nous sommes en danger. » C'était, avant cela, le refus de Riyad, geste sans précédent dans les annales des instances internationales, d'un siège qui lui revenait de droit au sein du Conseil de sécurité. « Un message à l'adresse des USA et non pas de l'ONU », précisait alors le prince Bandar ben Sultan, chef des services de renseignements.


Peut-on, pour autant, parler de rupture entre deux amis de quatre-vingts ans ? Nul ne s'est aventuré à pousser aussi loin le bouchon. Ceux qui se sont hasardés à noter, chiffres à l'appui, la probabilité de voir l'Amérique, grâce à l'exploitation du gaz de schiste, détrôner d'ici à 2016 au plus tard son protégé comme premier exportateur d'or noir, devant l'Arabie et la Russie, se dépêchent de préciser qu'il en sera ainsi pour une durée déterminée, le temps de voir baisser le rendement des roches marneuses ou argileuses du Texas et du Dakota du Nord.


Le mois prochain, indiquait début février le porte-parole de la présidence US, Barack Obama rencontrera le roi Abdallah, « dans le cadre des réunions périodiques entre les deux parties ». À l'ordre du jour : les liens stratégiques qui unissent leurs pays, la coopération ainsi que la sécurité dans la région, la montée de la violence extrémiste, ainsi que d'autres thèmes d'actualité. Nulle allusion officielle dans tout cela à ce qui nourrit les inquiétudes du royaume. On ne dira donc pas que l'Oncle Sam joue l'apaisement. Au contraire même...

 

Lire aussi

Avant Vienne, l'Iran fixe ses « lignes rouges »

Abadi : Le rapprochement Iran-Arabie saoudite ne devrait plus trop tarder...

 

L'Iran qui fait patte de velours : le gouvernement de Hassan Rohani vient d'accorder 400 000 dollars à un hôpital sis rue Mostafa Khomeyni (le fils du fondateur de la République islamique). Jusque-là rien d'étrange à ce geste officiel, sauf que l'établissement en question, qui porte le nom du Dr Sapir, est juif, dirigé par un juif, le Dr Ciamak Morsadegh, et qu'il fait face à l'école...
commentaires (1)

2 pays 2 approches bien distinctes . Les us n'ont de toute facon rien a prouver aux bensaouds ,ils sont la pour executer les ordres sans trop se la ramener , par contre avec l'Iran on negocie avec tout le sens que cela comporte , comme on l'a fait avec le viet nam avant la debacle , avec la chine avant de realiser que le train etait sorti de la gare , avec la Russie par tradition , mais avec l'Iran plus on tarde a le faire et plus le constat sur le terrain d'une debandade annoncee se fera pressant . bandar attend plus de savoir quel est son diagnostique , pour disparaitre soit avec le deshonneur d'un subalterne debarque , soit l'infamie d'un sous fifre qui a mal fait son boulot , le sale boulot, in fact .

FRIK-A-FRAK

19 h 41, le 11 février 2014

Tous les commentaires

Commentaires (1)

  • 2 pays 2 approches bien distinctes . Les us n'ont de toute facon rien a prouver aux bensaouds ,ils sont la pour executer les ordres sans trop se la ramener , par contre avec l'Iran on negocie avec tout le sens que cela comporte , comme on l'a fait avec le viet nam avant la debacle , avec la chine avant de realiser que le train etait sorti de la gare , avec la Russie par tradition , mais avec l'Iran plus on tarde a le faire et plus le constat sur le terrain d'une debandade annoncee se fera pressant . bandar attend plus de savoir quel est son diagnostique , pour disparaitre soit avec le deshonneur d'un subalterne debarque , soit l'infamie d'un sous fifre qui a mal fait son boulot , le sale boulot, in fact .

    FRIK-A-FRAK

    19 h 41, le 11 février 2014

Retour en haut