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Liban - Connectivité

Rafi Haladjian, entrepreneur franco-libanais et père de la Mother

Mother est la dernière réalisation de l'innovateur en série.

Rafi Haladjian, entrepreneur franco-libanais de la connectivité et des réseaux. Photo Sen.se

La plupart d'entre nous passent leur vie à chercher la stabilité et la sécurité. Autant d'états que Rafi Haladjian fuit. À 52 ans, c'est une Mother que cet entrepreneur franco-libanais vient d'engendrer. « Physiquement », Mother pourrait être le rejeton d'une matriochka et d'un barbapapa. Blanche, lisse et ultra connectée grâce à ses puces ou « motion cookies ».


Mother, développée en quatre ans, est un terminal analysant les informations qui lui sont transmises par les « motion cookies », des capteurs de mouvement et de température, auxquels elle est connectée par Wi-Fi.
Placé sur une porte ou des fenêtres, le cookie, une pastille en plastique, peut par exemple permettre à un utilisateur, via l'application intrusion, d'être prévenu si quelqu'un tente d'entrer chez lui.
« Imaginons que je sois bourré de bonnes résolutions et que j'aie décidé de marcher plus. Je clique sur l'application podomètre, et le cookie placé dans ma poche va compter mes pas et calculer ma consommation de calories », explique le fondateur de Sen.se, entreprise née en 2009 et visant à fournir une infrastructure de collecte et d'analyse de données pour les objets du quotidien. Un cookie fixé sur la boîte de médicament de mamie permet à Mother de savoir si elle a pris ses médicaments. « Mother va sortir au printemps prochain (199 euros en précommande) avec une quinzaine d'applications, mais la plate-forme est ouverte au développement d'autres applications », souligne ce pionnier des objets connectés qui avait déjà frappé, en 2005, avec Nabaztag (lapin en arménien), un objet communiquant capable, entre autres, de diffuser des informations ou encore de lire les mails.


À l'heure où l'exploitation des données, nouvel or noir, fait régulièrement la une des journaux, Rafi Haladjian assure que Mother n'est pas une moucharde de plus dans le paysage connecté. « En France, quand votre enfant rentre de l'école, Google, Apple, EDF, la RATP le savent. Ils savent des choses que vous-même ne savez pas », souligne l'entrepreneur, qui assure que les données collectées par Mother n'appartiennent qu'à l'utilisateur. « Plus "Connais-toi toi-même" que Big Brother, Mother permet de se réapproprier ces données. »
Le modèle commercial derrière Mother est, selon Rafi Haladjian, une autre garantie d'une non-commercialisation, à terme, des données recueillies. « Nous ne sommes pas comme ces services gratuits qui se paient sur les données, à l'instar d'Instagram copropriétaire des photos que vous prenez. Vous achetez un objet, les données vous appartiennent. »

 

Innovateur en série
Mother n'est que la dernière réalisation d'un homme qui enchaîne les innovations. Avant Mother, il y a eu Nabaztag, Ozone, un réseau Wi-Fi communautaire à Paris, FranceNet, première entreprise de l'Internet français dans les années 90... Une aventure qui a débuté sur un accident de parcours, quand Rafi, étudiant en sémiologie, s'est retrouvé dans un cours de télématique. « Une révélation ! J'ai découvert qu'on pouvait connecter autre chose qu'un téléphone à un réseau. »


Aujourd'hui, Rafi Haladjian a à son actif une douzaine de sociétés toutes liées au secteur de la connectivité, toutes lancées dans un grand brouillard. « Ce qui est exaltant, c'est le fait d'arriver au tout début d'une histoire, au moment où il n'y a rien et tout à faire », explique-t-il. Quand il fonde FranceNet en 1994, Internet ne sert à rien, ne marche pas et n'est pas rentable. Un scénario idéal dans le monde du Franco-Libanais. Quelques années plus tard, FranceNet compte 300 employés, l'affaire est réglée comme du papier à musique. Le constat est, dès lors, sans appel : « Quand une boîte devient mature, ça devient extrêmement chiant. » FranceNet est confiée à British Telecom. « Ce que je sais faire, c'est prendre des trucs incertains, informes, à des périodes où elles ne sont pas matures, et en faire une machine industrielle », résume-t-il.

 

Une jeunesse beyrouthine
L'instabilité, Rafi Haldjian estime y avoir été formé au Liban, où il a passé sa jeunesse. Né à Beyrouth, il en est parti en 78 à 17 ans. Avant de quitter le Liban, dont il garde « un excellent souvenir », le jeune Rafi y vit les trois premières années de la guerre, des années « extrêmement marquantes ». « J'avais le sentiment de vivre l'histoire en train de s'écrire. Jusqu'à aujourd'hui, j'ai une capacité à vivre dans un environnement parfaitement incertain. » Plus qu'une capacité, un besoin, qu'il satisfait avec ces « boîtes suicidaires » qu'il aime à monter.


Son dada du moment, c'est l'Internet des objets, « la 3e révolution après celle du web dans les années 90 et celle de l'Internet mobile dans les années 2000 ». Avec le web, des millions de sites ont été créés, avec le web mobile, des millions d'applications, « à l'ère de l'Internet des objets, nous allons avoir des millions d'objets connectés ». Mais il y a un obstacle : la production des objets connectés. « Un producteur d'eau minérale ne va pas se lancer dans l'objet connecté. En revanche, il va chercher un moyen de rendre son produit connecté. » Une demande à laquelle Rafi Haladjian veut répondre à grand renfort de cookies. « Nous sommes actuellement en discussion avec des industriels pour inclure nos cookies dans les objets qu'ils fabriquent. » Matelas connecté, collier de chien connecté... Tout est possible.

 

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La plupart d'entre nous passent leur vie à chercher la stabilité et la sécurité. Autant d'états que Rafi Haladjian fuit. À 52 ans, c'est une Mother que cet entrepreneur franco-libanais vient d'engendrer. « Physiquement », Mother pourrait être le rejeton d'une matriochka et d'un barbapapa. Blanche, lisse et ultra connectée grâce à ses puces ou « motion cookies ».
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