L'ambassadeur US à Moscou vient de claquer la porte « pour des raisons familiales », s'est-il dépêché de faire savoir, ce qui en a fait ricaner plus d'un. Michael A. McFaul ne s'est pas fait que des amis dans la capitale russe depuis qu'il y a débarqué en janvier 2012. Dès la première semaine, il entamait une série de réunions avec des membres de l'opposition, s'attirant bien vite une vive réaction de Serguei Lavrov, le ministre des Affaires étrangères de la Fédération, qui n'hésitait pas à parler d'« arrogance », son entourage allant jusqu'à évoquer « des méthodes de travail fort éloignées des traditions diplomatiques ». Dans les milieux officieux, on parlait même de son rôle véritable qui consistait à fomenter une révolution. Au bout de quelques mois, la détérioration des rapports débouchait sur l'expulsion des représentants de l'Usaid, la promulgation d'une loi interdisant l'adoption d'orphelins russes par des couples américains, le droit d'asile accordé à Edward J. Snowden puis l'annulation d'une rencontre Obama-Poutine. Un record que peu de ses semblables voudraient envier à l'honorable McFaul.
Cela fait quelque temps que les spécialistes ont cessé de compter les faux pas de l'administration démocrate dans ses rapports avec le reste du monde. Le responsable de la découverte du pot aux roses? Edward J. Snowden, un ancien analyste de la National Security Agency célèbre depuis qu'il avait ouvert la boîte à secrets de son ancien employeur et déclenché dans le monde une mégavague de réactions et de contre-réactions sans précédent depuis l'affaire dite des documents du Pentagone que l'on doit à Daniel Ellsberg. Grâce à cet obscur gratte-papier et à son butin d'un million et demi de fichiers, on apprenait que le gratin – et même le menu fretin – du landernau de la politique, de la diplomatie et des affaires était sur tables d'écoute. Au total : 35 dirigeants de la planète mais aussi des entreprises comme Thalès et Total, des organisations comme Médecins du monde, de hauts fonctionnaires comme le commissaire européen à la Concurrence Joaquin Almunia, l'ex-chancelier allemand Gerhard Schroeder (depuis 2002!...),
ou encore un retraité israélien du nom d'Ehud Olmert. Angela Merkel, elle-même dans la ligne de mire des Grandes Oreilles, a très mal pris l'intrusion dans sa vie publique et privée – son téléphone portable était sur écoute. « Il nous faut reconstruire la confiance », a-t-elle dit. Et afin que nul n'en ignore, elle a précisé : « Nous avons besoin d'un véritable changement. »
Le butin français n'est pas moins important : en 30 jours, 70 millions de conversations téléphoniques ont été enregistrées, une révélation qui a nécessité une démarche de l'ambassadeur US, Charles Rivkin, auprès du Quai d'Orsay et une longue explication entre François Hollande et Barack Obama. En somme, et pour paraphraser de Gaulle, tout le monde fut, est ou sera espionné.
La question qui est sur toutes les lèvres depuis que l'affaire a éclaté est celle-ci : pourquoi ? Que l'on se méfie de l'adversaire, passe encore. C'est même, peut-on dire, de bonne guerre (froide). Mais en venir à douter des intentions du pape François ou des responsables mexicains du pétrole... Dans ses Mémoires à paraître, l'ex-secrétaire à la Défense Robert Gates révèle qu'en 2009, les USA avaient tenté de faire pièce à l'élection du président afghan Hamid Karzaï, ce qui explique en partie la tension, qui ne cesse de monter depuis, entre Kaboul et Washington.
Il importe de remonter loin dans le temps pour trouver une explication, mais non pas une justification, de l'intrusion cachée ou publique de Washington dans ce qui n'est pas supposé la regarder. Reflétant, le 9 janvier 1900, le point de vue de l'immense majorité de ses concitoyens, le sénateur Albert Beveridge en appelait à Dieu qui « a fait de nous les maîtres organisateurs pour établir un système dans un monde où le chaos règne (...). Sans cette force, le monde sombrerait à nouveau dans la barbarie et l'obscurantisme »*. Un point de vue partagé par Colin Powell, l'ancien secrétaire d'État, qui affirmait après la première guerre du Golfe : « Nous devons diriger le monde. Tel est notre rendez-vous avec le destin. »** Qualifiez une telle attitude de messianique ; approuvez ou non le point de vue des néocons dont le pays, estiment-ils, se doit d'exercer un leadership qu'il détient (n'essayez pas de les convaincre du contraire) de droit divin : le résultat est le même, dont nous constatons tous les jours les effets plus souvent néfastes que salutaires.
*Cité par M. E. Curtis dans « The Growth of American Thought), éd. Transaction Publishers, New Brunswick – 1991.
** US Forces : Challenge Ahead », Foreign Affairs vol. 72, n° 5 – 1992-1993.
D'accord c'est l'amerique qui est indexee , mais l'amerique c'est des gens , des groupes ethniques et des lobbies , des lobbies en tout genre , de la finance , des armes , de la medecine etc... on va pas les nommer , mais les plus importants ont des sonorites moyen-orientales et des ramifications bien implantees chez nous ou pas trop loin, je pense a Moise , sauve des eaux , mais avant ca c'etait le bebe le plus recherché du coin , combien ont ete massacres avant qu'il ne libere son peuple , dans le fond ces ecoutes , ne serait ce pas la recherche du bebe messianique qui viendra nous sauver des "sauves" .???
15 h 35, le 06 février 2014