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À La Une - Société

En France, une folle rumeur sur la "théorie du genre" fait des remous à l'école

Derrière l'agitation, une militante proche de l'extrême droite.

Une rumeur fausse sur la théorie du genre a été diffusée en France par des relais proches de l'extrême droite. Photo AFP

Des écoles qui apprendraient aux garçons à devenir des filles... En France, cette folle rumeur, relayée selon le gouvernement par des mouvements proches de l'extrême droite, a alarmé des parents qui ont suivi un appel au boycott de l'école.

Depuis vendredi, une centaine d'écoles -sur les 48.000 établissements publics- ont été perturbées par des absences d'élèves après un appel adressé aux parents à boycotter l'école, selon le ministère de l'Education nationale. Par SMS, courriels ou via les réseaux sociaux, des parents d'élèves ont été appelés à garder leurs enfants à la maison une fois par mois, pour protester contre un supposé enseignement de la "théorie du genre".


"Je veux très solennellement rassurer tous les parents de France: n'écoutez pas ceux qui veulent semer la division et la haine dans les écoles. Ce que nous faisons ce n'est pas la théorie du genre -je la refuse-, c'est promouvoir les valeurs de la République et l'égalité entre les hommes et le femmes", a déclaré le ministre de l'Education nationale Vincent Peillon, mardi à l'Assemblée nationale.

 

Mercredi, onze universitaires de Strasbourg ont récusé dans une tribune publique l'idée qu'une "prétendue théorie du genre" serait enseignée dans les écoles françaises. Les onze enseignants supérieurs signataires de ce texte, parmi lesquels des historiens, des professeurs de droit, de sciences sociales et de psychologie, y voient une "manoeuvre révoltante de déstabilisation des parents" qui a privé des enfants d'école. "De plus cette rumeur est totalement mensongère", écrivent-ils dans leur déclaration, dont l'AFP a reçu copie.

"Non, les enfants ne sont pas en danger. Non, la prétendue théorie du genre n'existe pas. Oui, les programmes scolaires invitent à réfléchir sur les stéréotypes de sexe", poursuivent-ils. "Pour en finir avec les idées reçues", les signataires soulignent que "le genre est simplement un concept pour penser des réalités objectives. On n'est pas homme ou femme de la même manière au Moyen-Âge et aujourd'hui. (...) L'école est le lieu où l'on permet à chacun de réfléchir sur les conséquences néfastes des idées reçues et d'interroger certains préjugés", ajoutent-ils.
"En permettant aux élèves de se demander pourquoi les princesses ne pourraient pas aussi sauver les princes, en montrant que, selon les lieux et les époques, les rôles des hommes et des femmes ont varié et que l'amour a des formes multiples, les chercheurs, les enseignants et les professeurs des écoles permettent aux enfants, citoyens et citoyennes de demain, de construire un monde plus égalitaire et plus harmonieux", concluent-ils.

 

Vincent Peillon a en outre demandé mercredi aux responsables d'établissements de "convoquer les parents" qui ont retiré leurs enfants de l'école sur la foi des rumeurs. "Je demande aux chefs d'établissement, aux directeurs d'école, aux conseillers pédagogiques, aux inspecteurs de l'Education nationale de convoquer les parents qui ne mettent pas leurs enfants à l'école pour leur expliquer la réalité des choses et leur rappeler que dans notre pays, il y a une obligation scolaire à l'égard des enfants", a-t-il déclaré à la sortie du Conseil des ministres.

"Il y a un certain nombre d'extrémistes qui ont décidé de mentir, de faire peur aux parents. Ce que nous faisons à l'école, c'est enseigner les valeurs de la République et donc du respect entre les femmes et les hommes", a-t-il martelé.

 

Farida Belghoul
L'initiative "Journée de retrait de l'école" a été lancée par Farida Belghoul, ancienne figure de la lutte antiraciste des années 1980 désormais militante proche de l'essayiste d'extrême droite Alain Soral, lui même proche de Dieudonné. Ce mouvement, qui a reçu le soutien de l'institut Civitas proche des catholiques intégristes et de la présidente d'honneur du Parti chrétien démocrate Christine Boutin, a dressé un calendrier des villes concernées par l'appel allant jusqu'au 10 février.

Lundi, le boycott a visé l'Ile-de-France. Dans les Hauts-de-Seine, de nombreux établissements de Gennevilliers, mais aussi d'Asnières, Nanterre et Colombes ont été touchés par un absentéisme atteignant parfois 30% des effectifs, selon la secrétaire départementale du Snuipp-FSU Charlotte Boeuf. Selon elle, les écoles des quartiers sensibles classés en "éducation prioritaire ont été les plus touchées".

Dans le Val-d'Oise, "beaucoup d'écoles ont été touchées" mais "à des degrés divers", selon Delphine Janot, chef de cabinet de la direction académique. A chaque fois, les parents ont inscrit dans le carnet de correspondance que leur enfant était absent en raison de l'introduction de la théorie du genre à l'école, a-t-elle précisé.

 

"Manipulations"

"Jouant sur les peurs et la crédulité en utilisant des argumentaires fantaisistes et ridicules", un groupuscule d'extrême droite tente "de saper la crédibilité de notre école", a déploré Christian Chevalier, secrétaire général du SE-Unsa, un syndicat enseignant. "Pire, certains de ces activistes mettent nommément en accusation sur internet les enseignants qui sensibilisent leurs élèves à ces questions" d'égalité filles-garçons, a-t-il ajouté dans un communiqué.


Dans un communiqué, le Parti socialiste a, lui aussi, dénoncé une campagne "relayée par des groupuscules intégristes de toutes obédiences divulguant des pseudo-informations mensongères" et demandé aux responsables de l'UMP de "condamner nettement ces lamentables manipulations de l'opinion".

 

Jean-François Copé, président de l'UMP, a d'ailleurs de nouveau condamné mercredi les appels à boycotter l'école. "C'est la double peine pour les enfants", a assuré le député-maire sur Radio Classique et LCI. Il avait déjà, la veille, dans un communiqué, condamné cet appel "qui s'apparente à une manipulation, lancée par des personnes cherchant clairement à affoler les parents d'élèves".

 

L'initiative de Farida Belghoul vise en fait une expérimentation baptisée "ABCD de l'égalité", engagée à la rentrée par le ministère dans dix académies. Ce projet vise à lutter contre les stéréotypes filles-garçons à l'école pour corriger les inégalités entre les sexes dès le plus jeune âge.
"Dans notre pays, vous le savez, il y a trop d'inégalités entre les hommes et les femmes. A même niveau de responsabilité, il y a des écarts de plus de 25% de salaire", a rappelé Vincent Peillon.

 

 

Des écoles qui apprendraient aux garçons à devenir des filles... En France, cette folle rumeur, relayée selon le gouvernement par des mouvements proches de l'extrême droite, a alarmé des parents qui ont suivi un appel au boycott de l'école.
Depuis vendredi, une centaine d'écoles -sur les 48.000 établissements publics- ont été perturbées par des absences d'élèves après...

commentaires (3)

AH ! L'ABRUTISSEMENT, APRÈS LA LOI SUR LES MARIAGES DES HOMOS ET DES LESBIENNES, A CONTAMINÉ LES FRANçAIS... DEUX PAPAS ET DEUX MAMANS.. ET POURQUOI PAS QUATRE PAPAS ET QUATRE MAMANS ?? OU TENEZ, UN PAPA AVEC PLUSIEURS MAMANS C'EST DÉJÀ BIEN RÉPANDU AU M.O. POURQUOI POUR NE PAS COPIER N'ALLEZ-VOUS PAS POUR : UNE MAMAN AVEC PLUSIEURS PAPAS ? L'ABRUTISSEMENT EST BIEN LARGE ET ON PEUT Y NAVIGUER À L'AISE !

LA LIBRE EXPRESSION

14 h 14, le 30 janvier 2014

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Commentaires (3)

  • AH ! L'ABRUTISSEMENT, APRÈS LA LOI SUR LES MARIAGES DES HOMOS ET DES LESBIENNES, A CONTAMINÉ LES FRANçAIS... DEUX PAPAS ET DEUX MAMANS.. ET POURQUOI PAS QUATRE PAPAS ET QUATRE MAMANS ?? OU TENEZ, UN PAPA AVEC PLUSIEURS MAMANS C'EST DÉJÀ BIEN RÉPANDU AU M.O. POURQUOI POUR NE PAS COPIER N'ALLEZ-VOUS PAS POUR : UNE MAMAN AVEC PLUSIEURS PAPAS ? L'ABRUTISSEMENT EST BIEN LARGE ET ON PEUT Y NAVIGUER À L'AISE !

    LA LIBRE EXPRESSION

    14 h 14, le 30 janvier 2014

  • Bande de tarés, ces "essayistes" d’extrême-droite ou intégristes catholiques à deux balles !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    09 h 38, le 30 janvier 2014

  • Il ne s'agit pas d'"une folle rumeur", mais d'un projet en bonne et due forme qui vient d'être mis à mal par la réaction des parents. La « refondation de l'école de la République » prévoit,en effet, que « l’éducation à l’égalité de genre » devienne une mission de l’école élémentaire, dès l’âge de 6 ans, « afin de substituer à des catégories comme le sexe [...] le concept de genre qui [...] montre que les différences entre les hommes et les femmes ne sont pas fondées sur la nature, mais sont historiquement construites et socialement reproduites" (rapport de la commission des affaires culturelles de l'Assemblée Nationale du 28/2/13). Par ailleurs, un rapport de l'Inspection Générale des Affaires Sociales de décembre 2012,recommande que l’école s’engage dans la « lutte contre les stéréotypes de genre » « dès le plus jeune âge », qu’elle déconstruise « l’idéologie de la complémentarité » homme-femme pour « tendre vers une société » égalitaire, et à cette fin, remplacer les appellations « garçons » et « filles » par les termes neutres « amis » ou « enfants », de raconter des histoires dans lesquels les enfants ont deux papas ou deux mamans, etc. Il s’agit, d’empêcher la « différenciation sexuée » et l’intériorisation par les enfants de leur identité sexuelle. Tout cela n'a rien à voir, comme le prétend Peillon, avec la lutte contre les inégalités homme-femme.

    Yves Prevost

    07 h 27, le 30 janvier 2014

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