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Liban

Hariri à Europe 1 : « C’est Bachar el-Assad qui a donné l’ordre ... »

Invité de Jean-Pierre Elkabbach sur Europe 1, l'ancien Premier ministre Saad Hariri a annoncé hier qu'il rentrerait au Liban à l'automne 2014 pour participer aux élections législatives. « Je crois toujours au Liban-message de Jean-Paul II », a-t-il assuré.
Voici une transcription des propos échangés entre le journaliste et M. Hariri :
Jean-Pierre Elkabbach : Le Tribunal international de La Haye a commencé le long procès des cinq assassins de Rafic Hariri, votre père. Pendant deux jours, vous venez d'assister au procès et vous étiez au dernier rang de la partie civile. Qu'avez-vous ressenti ?
Saad Hariri : J'ai pris conscience que depuis 50 ans au Liban, les assassinats politiques font la politique. Finalement, pour la première fois, un tribunal tente de mettre fin à l'impunité et à la politique des assassinats. C'est la vraie défense de la démocratie et de la liberté du Liban.

Vous avez été ému ?
J'ai été très ému : j'ai vu comment ils ont assassiné un homme modéré, mon père. Finalement, on voit la justice, que le Liban attend depuis toujours, prendre son cours.

Les cinq tueurs sont jugés par contumace, c'est-à-dire qu'ils ne sont pas là. Est-on sûr de celui ou ceux qui ont commandité le crime de votre père ?
Les cinq accusés sont des membres du Hezbollah, une organisation qui a une hiérarchie. Je crois que tout le monde sait qui a donné l'ordre : c'est Bachar el-Assad.

Ça c'est sûr maintenant ?
Je crois que c'est sûr.

Ils appartiennent comme vous dites au Hezbollah qui les cache et les protège à Beyrouth. Personne ne peut aller les chercher chez le Hezbollah ?
Un jour on ira les chercher. Personne n'est trop fort. On a attrapé Milosevic, on l'a mis en prison. Je crois que les assassins de mon père seront un jour en prison.

C'est-à-dire que vous pensez qu'un jour les cinq accusés vont payer ?
Oui, ils vont payer.

Il a fallu neuf ans pour ce procès, Saad Hariri, consacré à l'attentat contre votre père qui avait fait 22 morts et 252 blessés. Pourquoi est-il important que la justice internationale fasse ce long procès ?
Parce que, pendant cinquante ans, il y a eu l'impunité au Liban. C'est la première fois que la communauté internationale fait un procès de justice au Liban et dans le monde arabe, et arrête les assassinats politiques au Liban.

La France a-t-elle joué un rôle pour ce procès ?
La France a joué un très grand rôle. Les présidents Chirac, Sarkozy et Hollande ont agi comme un seul homme en ce qui concerne le tribunal, la justice et le Liban.

Allez-vous pardonner, oublier ?
La justice n'oublie pas, ne pardonne pas. Je veux la justice. Je ne veux pas pardonner, je ne veux pas oublier. C'est une justice non seulement pour mon père, mais aussi pour 11 personnes qui ont aussi été assassinées politiquement.

Vous êtes le chef de l'opposition. Vous êtes prêt à dialoguer, avec votre parti, et à approuver la formation d'un gouvernement de transition. Mais vous imaginez-vous siégeant aux côtés des assassins de votre père ?
Vous savez, pour moi, l'intérêt du Liban est plus important que ma personne. Le procès va se poursuivre. Mais pour le Liban, la formation d'un gouvernement est importante au cours des prochains 3 ou 4 mois, car il y a une élection présidentielle. C'est pour cela que nous pensons qu'il faut placer le Liban avant notre personne.

Manuel Valls (ministre français de l'Intérieur) a révélé qu'un certain nombre de jeunes mineurs de 15-16 ans font le jihad en Syrie. Les parents et le gouvernement sont inquiets. Que faut-il faire à votre avis ?
Vous savez, le seul moyen d'arrêter la manipulation des jeunes qui vont combattre en Syrie, c'est d'arrêter le massacre des Syriens par Bachar el-Assad. C'est lui qui a sorti les gens d'el-Qaëda de ses prisons. C'est une information que les gens doivent savoir ! Les chefs d'el-Qaëda étaient dans les prisons de Bachar el-Assad ! Bachar el-Assad les a relâchés. Aujourd'hui, ces jeunes, selon moi, sont victimes de l'extrémisme, comme les 150 000 victimes qui ont été tuées par Bachar el-Assad.

Vous dites, Saad Hariri, que ce sont comme des sectes ?
Bien sûr que ce sont des sectes. On manipule les gens, les jeunes, comme pour le trafic de drogue, pour les crimes. Il y a maintenant des sectes comme el-Qaëda qui manipulent les gens pour aller combattre en Syrie.

À Riyad, en décembre après l'assassinat à Beyrouth de votre ami et proche Mohammad Chatah, vous avez rencontré le président de la République française François Hollande. Mohammad Chatah a été lui aussi victime de Bachar ?
Oui, bien sûr. C'était un de mes très proches conseillers, il a été tué en plein jour à Beyrouth.

Depuis combien de temps vivez-vous en exil ?
Dans trois mois, ça fera trois ans.

Trois ans sans voir votre pays. Je pense que votre pays vous manque ?
Oui, beaucoup.

Vous avez une protection rapprochée. Êtes-vous menacé ?
Oui, parce que ceux qui ont tué Rafic Hariri peuvent tuer Saad Hariri.

Mercredi, la conférence sur la Syrie va commencer. Elle est voulue par la France, la Russie et les États-Unis. Que doit-on faire de Bachar el-Assad ?
Il doit s'en aller, partir. Il ne peut pas y avoir un président comme Bachar el-Assad à la tête de la Syrie.

Est-ce que vous croyez que les Russes et les Iraniens vont réussir à convaincre Bachar el-Assad de ne pas être candidat à sa réélection, donc de partir ?
C'est le job de la Russie, de l'Iran de dire à Bachar el-Assad de s'en aller. Les Syriens ne veulent pas de Bachar el-Assad. Bachar el-Assad, c'est lui le vrai el-Qaëda que tout le monde doit combattre aujourd'hui !

Rafic Hariri, votre père, construisait un Liban moderne et modéré. Que dit son fils aux Libanais et au peuple arabe ?
Vous savez, le pape Jean-Paul II a dit du Liban que c'est un pays message. Message de coexistence, de pluralité, de rencontre, de modération. Mon père a donné sa vie pour défendre ce message. Moi, son fils, je continue à croire en son message, je continuerai à le défendre. Le Liban et les Libanais le méritent.

Vous rentrerez dans votre pays ? En septembre, il y aura des élections : est-ce que vous pourrez y retourner pour avoir une majorité et peut-être devenir Premier ministre ?
Bien sûr ! Je vais retourner au Liban pour les élections et pour être un jour Premier ministre.

Invité de Jean-Pierre Elkabbach sur Europe 1, l'ancien Premier ministre Saad Hariri a annoncé hier qu'il rentrerait au Liban à l'automne 2014 pour participer aux élections législatives. « Je crois toujours au Liban-message de Jean-Paul II », a-t-il assuré.Voici une transcription des propos échangés entre le journaliste et M. Hariri :Jean-Pierre Elkabbach : Le Tribunal...

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Keep up the good work Saad!

Pierre Hadjigeorgiou

13 h 36, le 21 janvier 2014

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Commentaires (1)

  • Keep up the good work Saad!

    Pierre Hadjigeorgiou

    13 h 36, le 21 janvier 2014

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