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À La Une - Syrie

Après l'invitation surprise adressée à l'Iran, Genève II plus incertaine que jamais

La coalition nationale syrienne conditionne sa participation au retrait de l'invitation adressée à Téhéran.

Un combattant de l'Armée syrienne libre se repose dans un appartement endommagé, dans la région de Jabal al-Akrad, dans la province de Lattaquié, le 19 janvier 2014. REUTERS/Khattab Abdulaa

La conférence de paix de Genève II semblait au bord de l'effondrement lundi après l'invitation surprise adressée à l'Iran. Une invitation qui a provoqué l'indignation de l'opposition syrienne et une vive réaction des Occidentaux, Bachar el-Assad montrant pour sa part sa détermination à rester au pouvoir.


A deux jours de l'ouverture à Montreux (Suisse) de la conférence de paix sur l'avenir de la Syrie, et alors que l'opposition syrienne, très divisée, s'était résolue à y envoyer une délégation, l'annonce dimanche du secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, d'une participation de Téhéran a tout chamboulé. M. Ban a précisé avoir lancé cette invitation à l'issue de discussions intenses avec le chef de la diplomatie iranienne Mohammad Javad Zarif.


"La coalition syrienne annonce qu'elle retirera sa participation à Genève II tant que Ban Ki-moon ne retirera pas son invitation à l'Iran" à participer à la conférence, a affirmé dans un tweet, dans la nuit de dimanche à lundi, un porte-parole de la coalition syrienne, Louay Safi. Lundi en début d'après-midi, la coalition a précisé qu'elle ne participera à Genève II que si l'invitation à l'Iran est retirée d'ici 19h00 GMT.

C'est "une décision réfléchie, discutée et assumée par tous ses membres. Apparemment, la Coalition avait reçu des assurances des Etats-Unis que l'Iran ne serait pas présent à Genève II, lorsqu'elle a découvert l'invitation, elle a décidé de se retirer", a indiqué à l'AFP une source diplomatique occidentale. "C'est une décision catastrophique, aussi bien pour la conférence elle-même que pour la direction actuelle de la Coalition, qui a pris d'énormes risques en décidant d'aller à Genève".


Les Occidentaux semblent avoir avoir aussi été pris de court par l'initiative du secrétaire général des Nations unies.
Washington, Paris et Londres, ont immédiatement appelé Téhéran à accepter l'idée d'un gouvernement de transition en Syrie, un objectif décidé lors de la conférence de Genève I en juin 2012. Le régime de Téhéran, "parrain" de la Syrie au Proche-Orient, n'a pour l'heure jamais accepté explicitement le principe d'un gouvernement de transition.

"Si l'Iran ne souscrit pas totalement et publiquement au communiqué de Genève, l'invitation devra être retirée", a déclaré la porte-parole du département d'Etat, Jen Psaki. "La participation à Genève II est conditionnée à l'acceptation explicite de ce mandat (pour l'instauration d'un gouvernement de transition). Dans ces conditions et dans l'intérêt même de la recherche de la paix, il est évident qu'aucun pays ne saurait participer à cette conférence s'il n'en accepte pas expressément le mandat", a déclaré le chef de la diplomatie française Laurent Fabius.

 

Cité par l'agence de presse saoudienne SPA, un responsable a indiqué que Riyad refuse la participation de l'Iran à Genève II. "L'Iran n'a pas accepté les conditions de la conférence, notamment l'établissement d'un gouvernement de transition. Il n'est, en conséquent, pas qualifié pour y assister."

 

L'agence de presse Isna a rapporté, de son côté, que l'Iran a accepté l'invitation du secrétaire général des Nations unies. "Nous avons toujours refusé toute condition préalable pour participer à la réunion de Genève II sur la Syrie (...) A partir de l'invitation officielle que nous avons reçue, l'Iran se rendra à Genève II sans condition préalable", a déclaré une porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Marzieh Afkham, citée par Isna.

 

"Erreur impardonnable"

A l'opposé des positions américaine, française et britannique, le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a mis en garde l'opposition syrienne et les Occidentaux contre une "erreur impardonnable" en cas d'absence de l'Iran à la conférence.


La question du rôle de l'Iran dans le conflit syrien coïncide avec l'entrée en vigueur de l'accord sur le programme nucléaire iranien conclu fin novembre entre l'Iran et les grandes puissances. Lundi, l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) a confirmé le gel par l'Iran d'une partie de ses activités nucléaires, conformément à cet accord intermédiaire signé par Téhéran et le groupe des 5+1 (Etats-Unis, Chine, Russie, France, Grande-Bretagne et l'Allemagne).


Si les puissances régionales comme l'Iran et l'Arabie saoudite, les puissances internationales comme la Russie et les Etats-Unis, et l'opposition syrienne arrivent finalement à se mettre d'accord dans les heures qui viennent, ils seront attendus mercredi à Montreux pour l'ouverture de la conférence.
Les négociations elles-mêmes entre le gouvernement du président Bachar el-Assad et l'opposition menée par Ahmad Jarba doivent débuter vendredi à Genève.


Les objectifs des deux camps semblent toutefois inconciliables, l'opposition martelant que son seul but est de se débarrasser d'Assad. Et les dernières déclarations du président syrien ne sont pas de nature à réjouir l'opposition.
Dans son entretien exclusif à l'AFP, Bachar el-Assad a exclu de confier la tête d'un futur gouvernement à un opposant. Il a également jugé que la guerre qu'il mène contre les rebelles va demander "beaucoup de temps", alors que la conférence de Genève II est censée ouvrir la voie à une issue politique au conflit qui a fait plus de 130.000 morts depuis mars 2011.

"Je considère que rien n'empêche que je me porte candidat (...) et si l'opinion le souhaite, je n'hésiterai pas une seconde à le faire. Bref, on peut dire qu'il y a de fortes chances que je me porte candidat" à la présidence de la Syrie, a également déclaré M. Assad. La première priorité de Genève II doit être "la lutte contre le terrorisme", a-t-il encore estimé alors que la principale revendication de l'opposition est que cette conférence aboutisse à son départ du pouvoir.


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A deux jours de l'ouverture à Montreux (Suisse) de la conférence de...

commentaires (3)

Genève II que Dieu ait son âme .

Sabbagha Antoine

17 h 42, le 20 janvier 2014

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Commentaires (3)

  • Genève II que Dieu ait son âme .

    Sabbagha Antoine

    17 h 42, le 20 janvier 2014

  • POUR ARRIVER MILLE... IL Y A ENCORE 998 !

    LA LIBRE EXPRESSION

    17 h 39, le 20 janvier 2014

  • Ni Genève 2, ni Genève 3, ni Genève 4... ne serviront à rien. Pour Bachar le chimique, "l'opinion souhaite" (à 99.999999999999999999999%) qu'il soit président indéfiniment de sept en sept ans. La meilleure preuve : des centaines de milliers de Syriens morts et blessés + la destruction de toute la Syrie. Et toutes les fois, il sera réélu à 99.9999999999999999999999999% des voix de "l'opinion" !

    Halim Abou Chacra

    16 h 14, le 20 janvier 2014

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