Rechercher
Rechercher

Moyen Orient et Monde - Corruption

Entre le pouvoir turc et la justice, c’est la guerre ouverte

Le Parlement a entamé l'examen d'un projet de loi très controversé visant à renforcer le contrôle politique sur les magistrats.

Le Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, joue son avenir politique dans le bras de fer qui l’oppose à la justice et la police. Mohd Rasfan/AFP

Le bras de fer entre le gouvernement turc et la justice a viré à la guerre ouverte hier alors que le Parlement a entamé l'examen d'un projet de loi très controversé devant renforcer le contrôle politique sur les magistrats, en plein scandale de corruption.
Rédigé par le Parti de la justice et du développement (AKP) au pouvoir, le texte vise à élargir la composition du Haut  Conseil des juges et procureurs (HSYK), l'une des principales institutions judiciaires du pays théoriquement indépendante, et à accorder au ministre de la Justice le dernier mot concernant les affectations de juges à des institutions-clés telles que la Cour constitutionnelle. L'examen de ce texte a débuté hier après-midi dans une atmosphère électrique. Il doit être soumis dès la semaine prochaine au vote du Parlement, où l'AKP détient une très large majorité. Trois semaines après le coup de filet anticorruption du 17 décembre, cette initiative constitue le dernier épisode en date de la tentative de reprise en main de la justice engagée par le pouvoir islamo-conservateur pour contrer l'enquête qui l'éclabousse.
Quelques heures plus tôt, le HSYK est une nouvelle fois sorti de son silence pour dénoncer les intentions « anticonstitutionnelles » du Premier ministre Recep Tayyip Erdogan. « La proposition est contraire au principe de l'État de droit », a estimé le HSYK dans un communiqué. « Avec cet amendement, le Haut-Conseil doit rendre compte au ministère de la Justice. Cet amendement est contraire à la Constitution », a ajouté l'institution, chargée notamment de nommer les magistrats.
Les investigations anticorruption pilotées par le bureau du procureur d'Istanbul ont déjà abouti à l'incarcération d'une vingtaine d'hommes d'affaires, patrons et élus, réputés proches du régime, pour corruption, fraude et blanchiment, poussé à la démission trois ministres et précipité un large remaniement gouvernemental. Ces dernières semaines, Ankara a donné un coup de balai sans précédent dans la haute hiérarchie de la sûreté nationale, en démettant de leurs fonctions plusieurs centaines de hauts gradés et de simples officiers dans tout le pays. Plusieurs magistrats ont également été déplacés ou dessaisis, comme deux procureurs emblématiques qui pilotaient directement l'enquête anticorruption à Istanbul, suscitant de nombreuses réactions des milieux judiciaires contre les « pressions » du gouvernement. L'influente Union des bâtonniers de Turquie (TBB) a ainsi jugé que le projet du gouvernement bafouait la séparation des pouvoirs.
Dans ce contexte de crise, les médias turcs ont rapporté une nouvelle enquête de corruption, cette fois dans la capitainerie du port de Mersin où 35 personnes, dont dix fonctionnaires, ont été arrêtées hier.

Pour mémoire
« La réalité, c'est celle de l'inégalité scolaire en Turquie »

Les sympathisants d'Erdogan ne savent plus « qui croire »

2014: une année cruciale pour Erdogan, dont le départ fait rêver les éditorialistes

La stratégie turque dans le jeu iranien

Le bras de fer entre le gouvernement turc et la justice a viré à la guerre ouverte hier alors que le Parlement a entamé l'examen d'un projet de loi très controversé devant renforcer le contrôle politique sur les magistrats, en plein scandale de corruption.Rédigé par le Parti de la justice et du développement (AKP) au pouvoir, le texte vise à élargir la composition du Haut  Conseil des...
commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut