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Moyen Orient et Monde - Turquie

Les sympathisants d’Erdogan ne savent plus « qui croire »

Entre l'enquête anticorruption et la défense du gouvernement, les Turcs se montrent sceptiques ou fatalistes.

En Turquie, tous les yeux sont déjà rivés sur le calendrier électoral, avec des municipales en mars, qui auront valeur de test pour le parti du Premier ministre Recep Tayyip Erdogan (photo) avant la première présidentielle au suffrage universel direct en août. Umit Bektas/Reuters

Les habitants du quartier populaire de Fatih à Istanbul, bastion du Parti de la justice et du développement (AKP), se demandent « qui croire », persuadés, malgré les révélations de l'enquête anticorruption en cours, que des « groupes » agissent pour déstabiliser le pouvoir.

« Qui dit vrai ? » s'interroge Nese Balci devant les cuisines de son petit établissement proche de la mosquée de Sultaniyé. La quinquagénaire hésite encore entre les accusations de la justice et la défense du Premier ministre Recep Tayyip Erdogan. « Tout le monde s'est rempli les poches. Cette affaire de corruption, c'est vraiment moche », tranche-t-elle sous son voile. Dans les ruelles en travaux qui rayonnent autour de la mosquée, les plus fidèles au parti au pouvoir n'hésitent pas à manifester leur soutien à l'AKP, qui a raflé près de 70 % des voix au dernier scrutin municipal. Les plus déçus, eux, préfèrent dire qu'ils n'ont jamais voté pour lui. « Aux prochaines élections, je voterai pour celui en qui je crois, que je pense être honnête », confesse Nese Balci, incapable de citer d'autres organisations politiques que l'AKP.

En Turquie, tous les yeux sont déjà rivés sur le calendrier électoral, avec des municipales en mars, qui auront valeur de test pour le parti de M. Erdogan avant la première présidentielle au suffrage universel direct en août. Depuis 15 jours, le pouvoir est dans la tourmente dévastatrice d'une enquête anticorruption sans pareil qui a révélé les fragilités de l'exécutif. Une vingtaine de personnalités ont été incarcérées à la suite des révélations de corruption et de blanchiment d'argent. Et trois ministres ont démissionné, obligeant le Premier ministre à procéder à un vaste remaniement.

À qui profite le crime ?
« Nous continuerons à soutenir notre Premier ministre dans ce combat », lance, déterminé, Murat Akbaya, 43 ans, un ancien sympathisant du parti nationaliste MHP. « Il y a toujours eu de la corruption en Turquie, qu'importe », relativise l'homme, qui préfère s'interroger sur les raisons pour lesquelles « les médias étrangers s'intéressent autant à la Turquie », y voyant une « mainmise occidentale » sur les événements. « On parle de 87 milliards de dollars blanchis », dit-il. À comparer avec les « 120 milliards de dollars qu'a coûtés ce scandale », selon le porte-parole du gouvernement Bülent Arinç. « À qui ont profité ces 120 milliards ? »

« Tout ça, c'est la faute de groupes qui tentent, depuis la Turquie ou l'étranger, d'ébranler le pays », renchérit le propriétaire d'une échoppe voisine, Mehmet Kurt, 50 ans. « L'objectif est de déstabiliser le pays qui progresse au niveau économique depuis 11 ans et mettre un coup de frein aux pourparlers avec les Kurdes », poursuit-il.

Si une majorité des habitants soutiennent encore haut et fort leur mentor, d'autres font preuve d'un peu plus de scepticisme. « Depuis 11 ans, l'AKP a fait beaucoup, il a réalisé ce qu'aucun autre parti n'aurait pu faire », résume Celal Kogasla, 33 ans. Mais « les magistrats doivent juger les prévenus dans l'affaire de corruption », estime-t-il avant de les inviter à travailler « aussi bien qu'ils l'ont fait avec les militaires dans l'affaire Ergenekon ». Dans cette affaire, un tribunal de Silivri, dans la banlieue d'Istanbul, a prononcé en août de lourdes peines de prison contre 275 accusés, dont de nombreux officiers, des élus et des journalistes, soupçonnés d'avoir tenté de renverser le gouvernement de M. Erdogan.

En Turquie, « les affaires de corruption sont assez mal perçues par l'opinion publique », estime le professeur Jean Marcou, de l'Observatoire de la vie politique turque. Ce scandale politico-financier est « une affaire qui met en cause le respect de l'éthique politique, à laquelle une partie de la base électorale conservatrice et religieuse (de l'AKP) est très attachée », explique-t-il.
« Tout ces élus ont eu le temps d'en profiter », juge Celal Sevin, 55 ans, depuis le chantier d'un immeuble. « Et après leur départ, il y aura bien d'autres élus pour en profiter à leur tour », lâche-t-il, fataliste.


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ILS DEVRAIENT CROIRE AU : LÂCHAGE !

LA LIBRE EXPRESSION

13 h 46, le 05 janvier 2014

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Commentaires (2)

  • ILS DEVRAIENT CROIRE AU : LÂCHAGE !

    LA LIBRE EXPRESSION

    13 h 46, le 05 janvier 2014

  • on parlait d'islam de tolérance, on voit tout de suite que cela devient une dictature sans dire son nom

    Talaat Dominique

    14 h 44, le 04 janvier 2014

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