L'étau se resserrait mardi en France autour du spectacle de l'humoriste Dieudonné accusé d'attiser la haine antisémite, le président François Hollande appelant les représentants de l'Etat à se montrer "inflexibles" à son encontre, deux jours avant le début d'une tournée dans le pays.
"Face à l'antisémitisme, face aux troubles à l'ordre public que suscitent des provocations indignes, face aux humiliations que représentent les discriminations, je demande aux représentants de l'Etat et en particulier aux préfets d'être vigilants et inflexibles", a déclaré le chef de l'Etat sans citer l'humoriste Dieudonné M'Bala M'Bala.
Trois villes ont déjà décidé d'interdire son spectacle.
Le maire socialiste de Tours (ouest), Jean Germain, a annoncé dans la matinée qu'il avait l'intention d'interdire le spectacle +Le Mur+ de Dieudonné. La veille, son homologue de Bordeaux (sud-ouest), Alain Juppé (UMP, opposition de droite) avait pris la même décision.
Et à Nantes (ouest), l'arrêté d'interdiction du spectacle, prévu jeudi dans cette ville, a été "signé", a annoncé mardi le représentant de l'Etat (préfet) de la région Loire-Atlantique, Christian de Lavernée.
Le préfet "a procédé à l'analyse des circonstances particulières du spectacle" de l'humoriste, conformément aux recommandations du ministre de l'Intérieur Manuel Valls, et a "signé en conséquence l'arrêté d'interdiction", selon un communiqué.
Le Premier ministre français Jean-Marc Ayrault, s'était dit certain que le spectacle n'aurait pas lieu à Nantes dont il a été maire, après l'envoi aux préfets d'une circulaire de M. Valls précisant dans quel contexte il était possible d'interdire ce spectacle. Il faut notamment que le spectacle incriminé ne relève pas d'un "dérapage ponctuel qu'expliquerait la libre création artistique" ou qu'il soit susceptible "d'affecter le respect dû à la dignité de la personne humaine".
Mais l'humoriste a fait savoir qu'il s'opposerait en justice à son interdiction.
Les propriétaires du théâtre de la Main d'Or, à Paris, où Dieudonné donne ses spectacles depuis 1999, étudient de leur côté les moyens de lui faire quitter les lieux, "de manière légale", a indiqué l'un d'entre eux à l'AFP mardi.
Dieudonné s'attire par de violentes saillies antisémites et racistes, plusieurs fois sanctionnées par la justice, un public friand de transgressions: 5.000 billets ont été vendus pour le seul spectacle de Nantes.
Dans le passé, des municipalités qui avaient cherché à interdire les spectacles du comédien avaient été déboutées au nom de la liberté d'expression. "Rien ne dit que les directives ministérielles réussiront là où les initiatives des maires ont échoué", a estimé mardi le quotidien La Charente Libre.
La polémique fait rage sur les réseaux sociaux à propos du geste de la "quenelle", signe de ralliement des fans de Dieudonné, qu'ils présentent comme "un bras d'honneur antisystème", mais que d'autres interprètent comme un salut nazi inversé.
L'organisation SOS Racisme a annoncé qu'elle poursuivra les "quenelles" quand elles seront effectuées dans des lieux où elles "ne laissent pas de doute" sur leur caractère antisémite.
Des personnes se sont déjà fait photographier faisant ce geste devant des synagogues, un mémorial de la Shoah ou l'école de Toulouse (sud-ouest) où le jihadiste français Mohamed Merah a assassiné un enseignant et trois enfants juifs en 2012.
Cette polémique intervient sur fond de montée du parti d'extrême droite Front National (FN), dont 34% des Français souhaitent qu'il sorte renforcé aux municipales de mars 2014, selon un récent sondage Ipsos.
Les interdictions de spectacles sont exceptionnelles en France et principalement motivées par les incitations à la haine raciale et les atteintes à la dignité humaine.
"On annonce une volonté d'interdire des spectacles sans être certain qu'il y ait une base juridique", a critiqué l'ancien ministre de l'Intérieur, Brice Hortefeux (UMP, opposition).
Un député issu du même parti, Bruno Le Maire, a apporté en revanche son soutien à "toute décision politique qui visera à condamner" l'humoriste. Pour que "le racisme devienne aussi courant", "en matière d'Education, nous avons failli", a-t-il déploré.
Tenter d'interdire les spectacles de Dieudonné pourrait s'avérer "contre-productif", a, de son côté, mis en garde lundi la Ligue des droits de l'Homme (LDH). Manuel Valls, "en cherchant à obtenir des préfets qu'ils interdisent ses spectacles, prend le risque (...) de fédérer autour de Dieudonné une sympathie réactionnelle de ceux qui se considèrent (...) opprimés, socialement ou politiquement", écrit la LDH dans un communiqué.
Pour l'association, les sympathies de Dieudonné "avec les thèses les plus extrêmes de la droite antisémite ne sont plus un mystère pour personne" et le comédien mérite d'être sanctionné pénalement pour ses propos.
Mais, "la règle qui doit prévaloir est la liberté", estime la LDH, qui "engage vivement les pouvoirs publics à poursuivre les atteintes à la loi une fois qu'elles sont commises, plutôt qu'à se lancer dans des interdictions préalables au fondement juridique précaire et au résultat politique incertain, voire contreproductif".
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commentaires (4)
A quel point le gouvernement français au complet sous la direction du sionisme peut s'attaquer au sacro saint principe de la liberté d'exercer sa profession , mais le valls là , il est foutu ! la bataille se fera dans la rue dans un mano à mano et avec qui , un comédien . Le vrai bouffon ne sera pas celui qu'on a diabolisé.
FRIK-A-FRAK
14 h 56, le 08 janvier 2014