La pièce d’identité du présumé kamikaze, Katibé al-Satem, retrouvée sur les lieux de l’attentat. Photo nowlebanon
De nouveaux éléments sont apparus hier dans l'enquête sur l'attentat qui a fait jeudi 5 morts et 75 blessés dans la rue principale (la « rue large » ) de Haret Hreik, dans la banlieue sud de Beyrouth. L'expertise comparée des restes du conducteur de la voiture piégée et de celle de sa famille, originaire du Akkar, a prouvé sans l'ombre d'un doute que le conducteur du véhicule piégé est bien Katibé al-Satem (20 ans), le jeune sunnite dont on a retrouvé sur le site de l'attentat les papiers d'identité.
Auparavant dans la journée, le ministre sortant de l'Intérieur Marwan Charbel, qui avait examiné les lieux de l'explosion, avait affirmé que « l'attentat a été perpétré d'une manière grossière à l'aide d'une voiture dont les papiers ont été retrouvés ». « C'est comme si l'agresseur ne voulait pas se cacher, comme si l'agresseur se moquait d'être découvert ou connu, a-t-il précisé. Tout cela va nous aider dans l'enquête. »
On sait que dès jeudi, le Hezbollah avait privilégié la thèse d'un attentat-suicide exécuté assez maladroitement par un homme qui n'a pas trouvé d'endroit où garer dans la rue de Haret Hreik, et qui a fait exploser son véhicule loin de toute cible identifiable. Dès jeudi, le ministre de l'Intérieur avait corroboré les propos tenus par les députés du Hezbollah, précisant que l'armée recherchait « depuis dix jours déjà » un véhicule piégé. Notons que M. Charbel s'est rendu sur les lieux de l'attentat en compagnie de Wafic Safa, responsable de la sécurité du Hezbollah.
(Voir aussi, les images de l'attentat)
Plus tôt dans la journée, le procureur général près la Cour de cassation par intérim, Samir Hammoud, et le commissaire du gouvernement près le tribunal militaire, Sakr Sakr, avaient assuré que l'enquête se concentrait sur l'identité de la personne dont des restes ont été trouvés sur les lieux de l'explosion, confirmant que l'hypothèse d'un attentat-suicide était « plausible ».
Ces déclarations avaient suivi la découverte sur le site d'un extrait d'état civil appartenant à Katibé Mohammad al-Satem, originaire de Wadi Khaled, au Akkar (Liban-Nord), sur les lieux de l'attentat de Haret Hreik. Le jeune homme, qui pourrait être un converti récent au salafisme, est soupçonné de s'être fait exploser avec son véhicule – une jeep Grand Cherokee vert olive immatriculée 341580/G – dans une artère commerçante, dans le seul but de faire le plus de victimes possibles.
Porté disparu
À la suite de cette découverte, les enquêteurs avaient entendu les parents de Katibé al-Satem (né en 1994). Réagissant aux enquêteurs, le père de Katibé avait révélé avoir rapporté la disparition de son fils du domicile familial dès le 28 décembre (lire par ailleurs).
La chaîne du Hezbollah al-Manar, citant des sources non identifiées, a affirmé de son côté que sous l'influence de la pensée salafiste le jeune homme s'était rendu en Syrie, il y a quelques mois, pour se battre aux côtés de la rébellion syrienne. Il en était revenu à l'insistance de son père, qui était intervenu auprès du groupe de combattants que son fils avait rejoint. La famille a, bien entendu, formellement démenti ces affirmations.
Hypothèse
Selon les milieux proches de la famille, les preuves apportées par l'expertise médico-légale n'infirment pas l'hypothèse d'une machiavélique mise en scène analogue à celle qui avait été mise en place lors de l'attentat contre Rafic Hariri. Ces milieux avancent, à l'appui de leur hypothèse, la troublante insouciance dont semble avoir fait preuve le conducteur du véhicule piégé, qui a pratiquement signé son crime, ainsi que des témoins oculaires qui affirment l'avoir vu sortir de la voiture en courant, quelques secondes avant l'explosion. Tout se passe comme si on cherchait à mettre la justice sur une fausse piste, concluent les milieux concernés.
Quoi qu'il en soit, l'armée a relâché hier deux personnes interpellées après l'attentat, Sami Hojeiri et Mohammad Ezzedine, originaires de Ersal, dont les noms figurent dans la chaîne des propriétaires successifs du 4x4 utilisé dans l'attentat. Par ailleurs, une expertise est en cours pour identifier l'éventuel kamikaze.
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commentaires (7)
C'est tout bête , attentat sioniste avec la complicite des bensaouds salafowahabites . L'un allume la meche et l'autre sert de vecteur de poudre .
FRIK-A-FRAK
17 h 07, le 05 janvier 2014