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Économie - Analyse

Sous Merkel III, l’économie allemande devrait croître sans entraîner ses voisins

Le compromis trouvé cimente le statu quo, ni plus ni moins.

Angela Merkel a martelé hier que l’Europe était « essentielle pour l’Allemagne ». John MacDougall/AFP

Conservateurs et sociaux-démocrates allemands ont accouché hier d'un programme de gouvernement qui devrait permettre à la première économie européenne de continuer à croître, sans toutefois entraîner d'effet positif majeur pour ses partenaires européens.
« Nous sommes partis de positions en partie très éloignées les unes des autres », a expliqué la chancelière Angela Merkel hier. Ce qui explique sans doute que, en économie, le compromis trouvé cimente le statu quo, ni plus ni moins, analysaient les experts hier.
Ni plus parce que les impulsions, sous forme de plus d'investissements publics par exemple, restent trop limitées pour faire faire des bonds à la croissance du pays, et à plus forte raison à celle de ses voisins européens malgré les espoirs de ces derniers. Ainsi pour Gustav Horn, de l'institut de recherche IMK, proche des syndicats, les investissements supplémentaires constituent « une goutte d'eau dans l'océan ».
Et ni moins, parce que contrairement aux scénarios catastrophes évoqués ces derniers temps par les milieux économiques allemands, les concessions faites par Mme Merkel à ses partenaires ne vont pas mettre en péril la croissance.
Alors que la Fédération des Chambres de commerce DIHK a été prompte à dénoncer un « cocktail dangereux, malgré quelques bons ingrédients », Jörg Kramer, de Commerzbank, est sûr que « l'économie allemande va croître plus vite que le reste de la zone euro dans les années à venir ». Et ce même si l'accord trouvé « dégrade l'environnement économique à long terme ».

« Miracle de l'emploi en péril »
Le programme de gouvernement parachevé hier à l'aube a fait siennes nombre des exigences des sociaux-démocrates : introduction à partir de 2015 d'un salaire minimum généralisé – un « gros morceau que nous avons eu à avaler », selon Mme Merkel –, durcissement des règles entourant les contrats de sous-traitance et intérimaires, assouplissement de la loi sur les retraites.
Autant de « retours en arrière par rapport aux réformes de 2004 », juge Christian Schulz de Berenberg Bank, en référence à l'agenda 2010 de l'ex-chancelier Gerhard Schröder qui avait flexibilisé le marché du travail.
Pour Carsten Brzeski, de la banque ING, « on dirait que le gouvernement veut surtout redistribuer les fruits des réformes passées plutôt qu'utiliser les périodes fastes pour de nouvelles réformes ».
Mme Merkel a assuré que le plein-emploi était un objectif de la nouvelle équipe. Mais les décisions prises pourraient « mettre en péril le miracle de l'emploi allemand », au plus tard quand le cycle économique repartira à la baisse, commente M. Schulz. Andreas Rees, d'Unicredit, voit le risque de suppressions d'emplois, « surtout dans les petites entreprises », mais aussi une potentielle hausse de la consommation des ménages de 1,5 % à 2 % en 2015.
Dans une zone euro en crise, les partenaires de Berlin, Paris en tête, avaient été les premiers à faire des appels du pied à l'Allemagne pour en faire plus pour la croissance. D'ailleurs, les analystes du français CM-CIC se félicitaient hier d'avancées « encourageantes ». Le « stimulus budgétaire devrait bénéficier à l'ensemble de l'Europe », selon eux.

Orthodoxie budgétaire
Pourtant, avec 23 milliards d'euros de dépenses supplémentaires, dont seulement une partie en investissements, la marge de manœuvre est limitée. La nouvelle équipe maintient son objectif d'équilibre budgétaire au niveau fédéral à l'horizon 2015 car des finances publiques solides sont « indispensables », selon le programme de coalition.
Alors que le pays fait l'objet d'une enquête approfondie de la Commission européenne sur ses excédents de comptes courants, les recommandations du commissaire aux Affaires économiques Olli Rehn, qui a enjoint à Berlin de libérer son marché des services et baisser les impôts pour stimuler la demande, sont, elles, restées lettre morte.
Consolation pour les Européens : la constitution d'un gouvernement – encore conditionnée à un vote des adhérents du SPD – devrait permettre des avancées sur certains dossiers européens, comme l'Union bancaire.
Mme Merkel a d'ailleurs martelé que l'Europe était « essentielle pour l'Allemagne ».
(Source : AFP)

Conservateurs et sociaux-démocrates allemands ont accouché hier d'un programme de gouvernement qui devrait permettre à la première économie européenne de continuer à croître, sans toutefois entraîner d'effet positif majeur pour ses partenaires européens.« Nous sommes partis de positions en partie très éloignées les unes des autres », a expliqué la chancelière Angela Merkel...
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