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À La Une - Diplomatie

Nucléaire iranien : discussions très serrées à Genève

Les deux parties évoquent des progrès.

La chef de la diplomatie européenne Catherine Ashton et le ministre iranien des Affaires étrangères Mohammad Javad Zarif à Genève. Fabrice Coffrini/AFP

Des discussions très ardues sur le nucléaire iranien se poursuivaient jeudi à Genève pour tenter d'arracher un accord entre Téhéran et les grandes puissances, mais la négociation se déroulait dans un climat constructif, selon des sources des deux parties.

"Nous avons eu de sérieuses négociations (...) très utiles", a déclaré le négociateur iranien Abbas Araghchi après une première session de discussions dans la matinée. Les négociations se déroulent entre le chef de la diplomatie iranienne Mohammad Javad Zarif et la diplomate en chef de l'UE, Catherine Ashton, mandatée par les grandes puissances du groupe 5+1 (USA, GB, France, Russie, Chine et Allemagne).
"Nous avons retrouvé une certaine confiance maintenant que Mme Ashton parle au nom des 6", a dit M. Araghchi, qui a toutefois souligné plusieurs fois qu'il restait "des divergences sur des questions sérieuses".

Pour sa part, le porte-parole de Mme Ashton, Michael Mann, a évoqué "un début des négociations très substantiel et détaillé". Les discussions doivent reprendre dans l'après-midi, pendant que se déroulent en parallèle des bilatérales. Elles portent sur un texte agréé le 9 novembre, lors du précédent round de négociations à Genève, qui s'était achevé sans accord.

Le projet d'"accord intérimaire" de six mois, reconductible selon une source occidentale, prévoit une limitation du programme nucléaire de Téhéran en échange d'un allègement limité de sanctions. Les détails n'en sont pas connus, mais "tout le monde sait quels sont les principaux enjeux", a souligné Michael Mann, citant particulièrement la question de l'enrichissement de l'uranium, "droit" revendiqué par les Iraniens mais dénoncé par les Occidentaux qui soupçonnent Téhéran de vouloir se doter de l'arme atomique.

"Le principe de l'enrichissement n'est pas négociable mais nous pouvons discuter du volume, du niveau et de l'endroit", avait auparavant indiqué M. Araghchi, laissant ainsi la porte ouverte à des compromis.
L'un des principaux points en discussion concerne le sort du stock iranien d'uranium enrichi à 20% (seuil critique pour arriver rapidement à un taux d'enrichissement à 90% ouvrant la porte à l'arme nucléaire).

"Nous sommes dans la partie la plus délicate de la négociation et nous devons attendre la proposition finale", a estimé un membre de la délégation iranienne devant des journalistes.
"Chaque mot a son importance. Nous cherchons à nous mettre d'accord sur une formulation acceptable par les deux parties", a expliqué ce diplomate.

A propos des sanctions, le négociateur iranien a admis que "toutes les sanctions pétrolières et bancaires ne pouvaient pas être levées d'un coup, nous parlons d'un accord de six mois".
L'allègement porterait essentiellement sur le dégel d'avoirs financiers iraniens détenus dans des banques étrangères mais serait assez "limité", répètent les Américains, qui tentent de rassurer les faucons du Congrès partisans de nouvelles sanctions.

 

Discussions à huis clos, déclarations publiques
Pendant que les négociateurs discutent pied à pied à huis clos, les déclarations publiques se sont poursuivies.
Le chef de la diplomatie française, Laurent Fabius, a "espéré" la conclusion d'un "accord solide" à Genève, mais a répété que cet accord ne serait possible que "sur une base de fermeté", reprenant le discours de la France qui affiche depuis le début une position intransigeante sur le sujet.

Mercredi, avant même la reprise des discussions à Genève, le guide suprême iranien Ali Khamenei avait pour sa part répété que son pays ne reculerait pas sur ses "droits nucléaires".

Venu à Moscou pour faire campagne contre un accord avec Téhéran, le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a promis que l'Iran "n'aurait pas l'arme nucléaire". Devant des représentants de la communauté juive locale, il a également dénoncé les propos la veille de l'ayatollah Khamenei, selon lequel l'Etat hébreu est "voué à la disparition". "Un tel Iran ne doit pas avoir l'arme nucléaire", a-t-il martelé.

M. Netanyahu a insisté sur la nécessité d'une "véritable solution" au problème du nucléaire iranien, à l'issue d'entretiens avec le président Vladimir Poutine dans le cadre d'une campagne éclair visant à empêcher tout accord lors des négociations en cours à Genève. M. Poutine a de son côté dit espérer qu'une solution "mutuellement acceptable soit trouvée dans un avenir proche".

 

"Rebuffade"

Le Premier ministre israélien n'est pas parvenu à rallier M. Poutine à ses positions hostiles à l'accord actuellement négocié à Genève, commentaient jeudi les médias israéliens.

"Lorsque les deux hommes ont donné leur conférence de presse commune, à la fin de leurs discussions, il est apparu évident que le texte de Poutine avait été donné aux journalistes avant leur rencontre. Il a seulement adouci et changé certains passages après, afin de le rendre plus acceptable pour Netanyahu", écrit le correspondant diplomatique de Maariv.

La visite de M. Netanyahu à Moscou est une "rebuffade" supplémentaire inutile de M. Netanyahu à l'encontre des Etats-Unis, Israël jouant imprudemment sur la rivalité entre Washington et Moscou le jour même où les négociations entre l'Iran et les grandes puissances reprennent à Genève, relève quant à lui le Yediot Aharonot. "S'il y a une chance même minime de persuader les grandes puissances d'adopter une ligne plus dure à l'égard de l'Iran, Israël doit s'engager dans un dialogue discret, crédible et résolu (avec les Etats-Unis), sans se chamailler publiquement avec les dirigeants à Washington", estime l'éditorialiste vedette du quotidien populaire à grand tirage.

 

 

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