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Moyen Orient et Monde - Diplomatie

Téhéran souffle le chaud et le froid

Khamenei critique violemment Israël ; Poutine souhaite une solution « mutuellement acceptable ».

Alors que des déclarations plutôt optimistes avaient été faites ces derniers jours, les Iraniens ont estimé hier qu’il fallait « retrouver la confiance perdue ». Fabrice Coffrini/AFP

Les diplomates des grandes puissances et de l’Iran ont repris hier de délicates discussions sur le programme nucléaire iranien, dans un climat de confiance « perdue » selon les négociateurs iraniens à Genève. Signe ou pas de cette crise de confiance, l’unique réunion plénière entre l’Iran et les grandes puissances du groupe 5+1 (États-Unis, Grande-Bretagne, France, Russie, Chine et Allemagne) s’est achevée après moins de 10 minutes hier en fin d’après-midi aux Nations unies à Genève. « C’était une brève séance introductive », a commenté un diplomate.


Alors que des déclarations plutôt optimistes avaient été faites ces derniers jours par les différentes parties sur la « possibilité » d’un accord, les Iraniens ont estimé hier qu’il fallait « retrouver la confiance perdue », selon le négociateur Abbas Aragchi. Lors du précédent round de négociations, du 6 au 9 novembre à Genève, un accord avait à un moment semblé très proche, mais le projet de texte a été durci, notamment à la demande de la France, et les négociateurs s’étaient finalement séparés sans conclure. « Nous n’avons pas encore commencé à discuter sur le texte » de l’accord, a précisé le ministre iranien des Affaires étrangères Mohammad Javad Zarif, après un déjeuner avec la ministre européenne des Affaires étrangères Catherine Ashton, qu’il doit revoir aujourd’hui pour des « discussions détaillées sur un accord », selon lui. « J’espère que nous nous rapprocherons d’un résultat. Qu’on y arrive d’ici à la fin de ces discussions ou pas dépendra de combien on pourra se mettre d’accord sur les questions qui nous séparent encore », a-t-il ajouté.

 

« Lignes rouges »
Quelques heures avant la reprise des discussions, le guide suprême iranien Ali Khamenei s’est invité dans le débat et a mis la pression sur la négociation en fixant des « lignes rouges » et en répétant que son pays ne reculerait pas sur ses « droits nucléaires ».
« J’insiste sur la consolidation des droits nucléaires de l’Iran », a déclaré M. Khamenei dans un discours diffusé en direct à la télévision, insistant sur les « lignes rouges » du programme nucléaire, qui sont notamment l’enrichissement d’uranium sur le sol iranien et le refus de fermer le site souterrain d’enrichissement de Fordo. Surtout, le guide s’est livré à une violente charge contre Israël, déjà accusé la veille par l’Iran d’être derrière le double attentat-suicide contre l’ambassade iranienne à Beyrouth, revendiqué par el-Qaëda. Israël est « voué à la disparition », a lancé M. Khamenei, accusant le « régime sioniste » d’être « la vraie menace » pour le monde. Il s’est également lancé dans une diatribe contre les « soutiens » d’Israël qui « depuis l’Europe se précipitent pour aller chez les dirigeants sionistes – dont il est dommage de les appeler des humains – pour les flatter », une référence claire à la visite du président français François Hollande en début de semaine en Israël.


Paris, qui affiche une position intransigeante sur le dossier du nucléaire iranien, a été accusé, notamment en Iran, d’avoir fait capoter le précédent round de négociations de Genève, du 6 au 9 novembre, où un accord avait un moment semblé très proche. Les déclarations « inacceptables » de M. Khamenei « compliquent la négociation » à Genève, a immédiatement réagi à Paris la porte-parole du gouvernement français Najat Vallaud-Belkacem. « Il est vrai que les propositions de M. Khamenei ne peuvent pas aller dans le sens de l’apaisement et de la compréhension. Donc l’Iran doit apporter des réponses et pas des provocations », a également déclaré le président français, interrogé lors de la conférence de presse.

 

Netanyahu à Moscou
De son côté, le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu, arrivé en urgence à Moscou, a essayé de convaincre le président Vladimir Poutine de la dangerosité d’un compromis avec l’Iran. « Nous souhaiterions tous une solution diplomatique, mais il faut que ce soit une véritable solution », a déclaré M. Netanyahu lors d’une conférence de presse au Kremlin, ajoutant que cela signifiait pour l’Iran de cesser l’enrichissement d’uranium et les travaux des centrifugeuses. M. Netanyahu a ajouté que l’Iran devrait en fait faire enrichir son uranium dans un pays tiers et démanteler une centrale de production d’eau lourde à Arak, soupçonnée d’être un endroit où une bombe atomique pourrait être fabriquée. Quant à M. Poutine, il a émis l’espoir qu’une solution « mutuellement acceptable » soit trouvée rapidement à Genève.


« Je ne sais pas si nous serons capables de parvenir à un accord cette semaine ou la semaine prochaine », avait affirmé pour sa part le président des États-Unis Barack Obama, tandis que le secrétaire d’État John Kerry refusait hier un accord qui fasse « gagner du temps » à Téhéran. Mais lors d’une rencontre à la Maison-Blanche, il a demandé à d’importants sénateurs américains de donner une chance aux pourparlers et de ne pas voter un renforcement des sanctions existantes, comme certains l’envisagent.
Toujours du côté US, un haut responsable du gouvernement américain a jugé hier qu’un accord sur le nucléaire iranien serait « très difficile » à trouver lors des discussions en cours à Genève. Il a ajouté que la grande majorité des sanctions qui frappent l’Iran resteront en vigueur après la conclusion hypothétique d’un accord préliminaire.

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