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Économie - Commentaire

« Le secteur privé libanais plie... mais ne cède pas ! »

Fouad Zmokhol, président du Rassemblement des dirigeants et chefs d’entreprise libanais.

Ce n’est un secret pour personne que le Liban passe par une des périodes les plus difficiles de son histoire politique, économique et sociale. Les tensions entre les grandes puissances battent leur plein et les règlements de comptes, bras de fer ou encore transmissions de messages (directs ou indirects) passent par leur nouvelle « boîte aux lettres » qui n’est autre que le Moyen-Orient. Le reste du monde, tenu en haleine, s’accroche à de maigres lueurs d’espoir, comme par exemple un coup de fil par-ci ou une poignée de main par-là, ce qui calme « le jeu » d’une part, mais augmente les dissensions d’autre part. En d’autres termes, le monde est en ébullition et l’avenir est incertain. La récession mondiale, accompagnée d’une inflation galopante, est toujours omniprésente autour du globe et fait payer aux citoyens du monde une lourde facture.


Le printemps arabe est passé par toutes les saisons et s’est transformé en « hiver arabe » selon le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon. Les leçons à tirer sont nombreuses mais très claires. Les changements de régime à eux seuls ne suffisent pas ; des réformes structurelles qui nécessitent de longues années sont indispensables. Les problèmes qui ont enflammé les révolutions et ont mis le feu aux poudres, notamment le chômage, existent encore et s’accentuent dans la région. Nous n’osons pas affirmer que nous sommes toujours à la case départ, et peut-être même plusieurs cases en arrière...


Par ailleurs, la guerre en Syrie s’envenime de jour en jour, et a changé de cap et de direction. On a beau vouloir être optimistes et croire au miracle de la paix, de la reconstruction et de la croissance qu’elle pourrait générer... L’évidence est toutefois bien différente et laisse à penser à un long et pénible conflit dont les débordements et les effets directs et indirects se font sentir au Liban au quotidien. Tension sécuritaire, instabilité constante, recul dramatique du tourisme, réduction des échanges commerciaux, difficulté des exports terrestres et bien évidemment le nombre croissant de réfugiés syriens qui devient insoutenable... Autant d’éléments qui prouvent qu’aucune issue ou solution ne serait possible sans un accord et un plan international.


Au Liban, les divisions politiques et partisanes battent leur plein et nous mènent vers un vide généralisé et une paralysie au niveau des pouvoirs exécutif, législatif et constitutionnel. Les Libanais vivent dans le spectre d’un vide du pouvoir suprême l’année prochaine, à moins que la sagesse, la maturité et l’intérêt national reprennent le dessus... La croissance touche des abîmes jamais atteints, la crise économique et sociale est intenable, surtout dans les régions les plus défavorisées et délaissées. Le chômage, surtout chez les jeunes, pousse nos espoirs les plus productifs vers l’exode – seule issue pour survivre – sans aucune envie de revenir à leur terre d’origine.


À l’ombre de ce constat assez sombre, le secteur privé libanais plie mais ne cède pas et se démêle en se battant corps et âme pour se maintenir sur pied et survivre. Il est vrai qu’il a réussi à se développer durant les années les plus dures de guerre, à un moment où la région limitrophe était en pleine croissance, et non en ébullition comme c’est le cas actuellement.


Ceci dit, il est crucial, voire primordial, pour les entreprises libanaises de se restructurer à tous les niveaux pour faire face à cette crise sans précédent. Elles devraient notamment rééchelonner leurs dettes autant que possible avec l’aide du secteur bancaire, restructurer leur endettement en faisant appel à de nouveaux investisseurs, baisser leurs coûts, fixe et variable, au plus bas possible, développer de nouveaux marchés commerciaux avec l’Afrique et l’Amérique latine, et dessiner de nouvelles stratégies pour l’export se basant sur leurs avantages compétitifs. Il faudrait également se baser sur une économie et un commerce de niche, et non de masse, essayer de se repositionner et se focaliser sur la demande interne, diversifier les activités économiques et se tourner vers des domaines en croissance (l’agroalimentaire par exemple), ou encore s’engager sur des chantiers de restructuration internes.


L’État, de son côté, pourrait aider les entreprises en leur offrant des prêts subventionnés pour leurs fonds de roulement, continuer à injecter de la liquidité dans les secteurs productifs, offrir « un panier » d’avantages fiscaux aux entreprises qui investissent, qui emploient et qui favorisent la croissance, et encourager la création de microentreprises. Il devrait aussi mettre en place un plan de secours économique et social commun et unilatéral, finaliser le projet de loi sur les partenariats public-privé (PPP), unique moyen pour rebâtir nos infrastructures, réduire les coûts et améliorer le service aux contribuables, et enfin et surtout offrir le minimum de sécurité et de stabilité sans lesquelles il est impossible d’opérer.


Il est vrai que les chefs d’entreprise proposent des issues et conseillent les dirigeants, mais ils demeurent réalistes et ne s’attendent pas à des résultats palpables en retour. Ils sont connus dans le monde pour leur facilité à s’adapter à toute sorte de scénario. Il est vrai que l’exercice est pénible cette fois-ci, mais nous sommes confiants qu’ils pourront prouver, une fois de plus, leur résilience. Notre devise est et restera la même : le secret de la réussite est la persévérance !

 

 

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