Selon le Hezbollah, le 14 Mars n’est pas libre de ses décisions

Pour les responsables du Hezbollah, les veillées de la Achoura qui se prolongeront jusqu’à jeudi prochain sont autant d’occasions pour répéter les griefs retenus par cette formation depuis des mois, contre ses adversaires politiques, accusés de bloquer les institutions et de vouloir monopoliser le pouvoir.
Le député Nawar Sahili et le ministre d’État sortant de la Réforme administrative, Mohammad Fneich, ont tous deux accusé le 14 Mars de continuer de bloquer la formation d’un gouvernement au Liban « parce que les pays du Golfe et les Américains ne leur ont pas toujours donné l’ordre de faciliter la tâche du Premier ministre désigné », Tammam Salam.
Le premier s’exprimait à Ghazieh, et le deuxième à Haret Saïda, lors de deux veillées de la Achoura. Les deux ont considéré que leurs adversaires politiques « n’ont aucune liberté de décision et multiplient les conditions à la formation d’une équipe ministérielle pour que celle-ci ne voie pas le jour ». « Le Hezbollah, en revanche, ne pose aucune condition. S’il propose la formule 9-9-6, c’est pour faciliter la formation d’un cabinet. Il ne s’agit pas d’une condition et il ne s’agit pas d’avoir la minorité de blocage puisque cette formule ne correspond pas à notre poids parlementaire », a indiqué M. Sahili, qui a reproché au 14 Mars de « continuer de miser sur des changements régionaux qui induiraient un changement au Liban ». « Ils doivent comprendre que la situation régionale n’est plus la même mais qu’elle n’est pas à leur avantage », a ajouté le député, pendant que M. Fneich soulignait qu’aucune partie libanaise ne peut supprimer l’autre. Il a appelé à un « partenariat authentique et à la formation d’un gouvernement qui puisse concrétiser ce concept ».
Le député Nawaf Moussaoui a aussi appelé à un partenariat politique authentique lors d’une veillée de la Achoura à Tyr, en soulignant que « le système politique libanais est consensuel ». Selon lui, « la partie qui bloque les institutions est la même qui rejette le partenariat et l’entente et qui insiste pour avoir le monopole du pouvoir ». Il a mis en garde contre « les conséquences de cette politique », en faisant remarquer que « le pays est menacé par la discorde, les attentats et les divisions qui peuvent tous dégénérer ».
Entre-temps, dans le camp opposé, on continue à appeler à un gouvernement neutre. « Il n’est pas nécessaire que le cabinet soit composé de deux parties politiques », a ainsi déclaré le député Atef
Majdalani, au terme d’un entretien avec le métropolite Élias Audi. Selon lui, il existe un grand nombre de personnalités compétentes qui ne sont affiliées à aucun parti et qui feraient de très bons ministres. « Pourquoi ne pas profiter de ces compétences ? Et nous, hommes politiques engagés, nous pourrons régler nos différends en dehors du gouvernement, autour d’une table de dialogue », a-t-il poursuivi, en jugeant nécessaire que le pays soit doté d’une autorité exécutive capable de freiner la détérioration à tous les plans.
Son collègue Jamal Jarrah a aussi plaidé en faveur d’un gouvernement neutre, avant d’affirmer, dans une interview à l’agence al-Markaziya, qu’il ne partage pas le point de vue du chef du PSP, Walid Joumblatt, qui s’était dit favorable à la formule 9-9-6 lors de son interview mardi soir à la LBCI. « Comment-est-il possible de mettre en place une équipe ministérielle dont une des composantes participe militairement à la guerre en Syrie », s’est-il interrogé.