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À La Une - Prix littéraire

Le Goncourt 2013, une plongée dans la génération perdue de la Grande Guerre

"J'avais envie d'écrire un roman picaresque, de faire rire et pleurer. Un romancier, c'est quelqu'un qui fabrique de l'émotion".

Couronné par le Goncourt, "Au revoir là-haut" de Pierre Lemaitre est un roman haletant sur la génération perdue des démobilisés de la Première Guerre mondiale, dont on commémorera l'an prochain le 100e anniversaire.

 

Ce grand auteur de romans noirs qui fait avec "Au revoir là-haut" (Albin Michel) sa première incursion hors du polar, a été choisi par le jury au terme d'une délibération très serrée. Les éditions Albin Michel n'avaient pas décroché le Goncourt depuis dix ans.

 

Dans le roman, des soldats fracassés par la Grande Guerre comprennent que la France est incapable de réintégrer 1,5 million de démobilisés. Plus soucieuse de glorifier ses morts, elle ne veut plus d'eux. "Cela m'a empli d'une immense compassion", confie à l'AFP le romancier et scénariste de 62 ans, dont les polars, de "Robe de marié" à "Cadres noirs" en passant par sa série Verhoeven, sont traduits dans une vingtaine de langues et plusieurs fois primés.

 

"Au revoir là-haut", roman picaresque sur une génération perdue, à la fois roman de l'exclusion, roman d'aventure et tragédie familiale, sociale et politique, est l'un des plus saisissants de la rentrée littéraire et le préféré des libraires et des critiques. Il a déjà été tiré à 100.000 exemplaires.

"Au revoir là-haut" est le seul à avoir captivé quatre jurys: Goncourt, Renaudot, Femina et Interallié.

 

Le titre du livre est emprunté aux derniers mots écrits à sa femme par un poilu, fusillé pour traîtrise en décembre 1914 et réhabilité en janvier 1921.

 

 

22 versions du premier chapitre

"Ceux qui pensaient que cette guerre finirait bientôt étaient tous morts depuis longtemps". Le ton du roman est donné. Il débute par une scène d'une rare intensité.

 

Nous sommes le 2 novembre 1918. Bruissent déjà des rumeurs d'armistice. Deux poilus, Albert Maillard, hyperémotif d'origine modeste, et Edouard Péricourt, génie du dessin et fils flamboyant d'une riche famille, échappent, mais non sans drame, à l'attaque de la cote 113 décidée par le lieutenant d'Aulnay-Pradelle, sauvage aristocrate désargenté. Albert est sauvé par Edouard dont le visage est emporté par un obus. Une des nombreuses "gueules cassées" du premier grand carnage du XXe siècle.

 

"J'ai écrit 22 versions de ce premier chapitre! ", sourit l'auteur qui avait commencé ce roman en 2008 puis l'avait mis de côté pour terminer une trilogie policière.

 

Après leur démobilisation, Albert et Edouard (qui se fait passer pour mort aux yeux de sa famille) peinent à survivre. Ils prennent leur revanche sur la patrie ingrate en imaginant une arnaque aux monuments aux morts, aussi spectaculaire qu'amorale. Un blasphème pour l'époque. De son côté, Pradelle, cynique profiteur de guerre, monte une escroquerie dans les cimetières d'anciens combattants. Et celle-ci est basée sur des faits réels.

 

"On croit mourir pour la patrie, on meurt pour des industriels", disait Anatole France. "Cette phrase résume le thème de mon livre. L'industrie adore la guerre, avant, pendant et après", relève l'auteur.

 

De rebondissements en rebondissements, le lecteur est tenu en haleine, et saisi par l'émotion, jusqu'à la dernière page grâce au talent de l'auteur qui a su garder dans ce roman des ingrédients du polar, débarrassé de la mécanique criminelle.

"Je n'ai pas voulu faire un roman historique, être de nouveau mis dans une case. J'avais envie d'écrire un roman picaresque, de faire rire et pleurer. Un romancier, c'est quelqu'un qui fabrique de l'émotion", ajoute-t-il.

 

Et Pierre Lemaitre n'en restera pas là. Il a en projet une fresque de 1915 à 2015. Pas une saga, même si certains personnages secondaires pourraient réapparaître. Le prochain roman devrait se situer pendant l'exode. "Ce sera, dit-il, ma façon à moi de voir le siècle, chaque roman étant une pièce du puzzle".

 

 

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