Egypte : un journaliste condamné à de la prison avec sursis

Un journaliste égyptien indépendant a été condamné dimanche par un tribunal militaire à six mois de prison avec sursis pour avoir photographié des positions militaires dans le Sinaï frontalier de Gaza, ont indiqué des sources au sein de l'armée.

Cette condamnation est la deuxième prononcée par le tribunal militaire d'Ismaïliya, sur le canal de Suez, à l'encontre d'un journaliste. Le 5 octobre, Ahmad Abu Deraa, qui écrit pour le quotidien indépendant Al-Masry Al-Youm, avait été condamné à la même peine pour avoir travaillé sans autorisation dans des secteurs militaires du Sinaï.

Des responsables des services de sécurité ont précisé que Mohamed Sabri, qui travaille pour plusieurs médias locaux, avait été arrêté à proximité du terminal de Rafah.

Ce terminal relie l'enclave palestinienne de Gaza au territoire égyptien dans la péninsule du Nord-Sinaï, où l'armée a récemment intensifié ses opérations terrestres et aériennes contre des groupes islamistes radicaux.

La loi égyptienne interdit de photographier les positions et installations militaires.

La semaine dernière, un tribunal militaire du Caire avait condamné un journaliste --Hatem Aboul Nour, qui travaille pour le journal indépendant El-Watan-- à un an de prison pour s'être fait passer au téléphone pour un officier afin de récolter des informations.

Ces condamnations interviennent alors que la commission chargée de rédiger la future Constitution est en train de débattre d'un article permettant à l'armée de juger des civils -- un pouvoir que l'armée souhaite à tout prix conserver.

La Constitution, suspendue lorsque l'armée a destitué le président islamiste Mohamed Morsi le 3 juillet, permettait jusqu'alors à l'armée de juger des civils accusés d'avoir "nui" aux forces armées.

Plusieurs organisations de défense des droits de l'Homme ont dénoncé la multiplication des procès de civils devant des tribunaux militaires depuis le coup de force des militaires.