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À La Une - Bandes dessinées

Pour les beaux yeux de Camomilla...

Mac Oloch et Mac Abbeh rivalisent d’amour dans « Astérix chez les Pictes », un conte celtique plein de gags et de Romains.

Une jeune fille lit avidement le nouvel album d’Astérix, sorti hier dans 15 pays et 23 langues. Patrick Kovarik/AFP

Par Toutatis ! Après huit ans d’absence de l’irréductible Gaulois, Astérix chez les Pictes, le 35e album de la série et le premier sans Uderzo, est sorti hier dans 15 pays et 23 langues, après plusieurs mois de suspense soigneusement entretenu. C’est d’emblée le plus gros tirage de l’année avec 5 millions d’exemplaires toutes éditions confondues. Parmi lesquelles le catalan, le gallois, l’écossais et le gaélique.


Du Süddeutsche Zeitung à la BBC, ces nouvelles aventures du petit Gaulois, la BD la plus vendue (352 millions d’albums) et la plus traduite au monde (111 langues et dialectes), ont été saluées par les médias du monde entier. De l’avis général, le passage des générations entre Albert Uderzo, 86 ans, le cocréateur de la BD avec René Goscinny, et les nouveaux auteurs Jean-Yves Ferri (scénario) et Didier Conrad (dessin) est plutôt réussi. « Astérix chez les Pictes : 100 % rock’n roll », titrait le quotidien belge Le Soir. « Ce n’est pas un mince exploit qu’a réalisé le nouveau duo d’auteurs en réussissant à capturer, tant dans le ton que dans le trait, l’esprit de la série », écrit la Libre Belgique. « Ferri et Conrad développent une chorégraphie parfaite, ils ont étudié très précisément les bandes classiques d’Astérix », mais « le mariage entre tradition et innovation n’est pas complètement réussi », tempère cependant le Süddeutsche Zeitung.

 


Le génie de Goscinny
Le trait est techniquement parfait, les Romains souffrent toujours autant et les anachronismes sont au rendez-vous. Mais le nouvel album des aventures d’Astérix et Obélix montre une fois de plus que le génie du scénariste d’origine, René Goscinny, décédé en 1977, est irremplaçable. La plupart des ingrédients classiques sont présents. Les Pictes boivent de l’eau de malt qui leur donne du courage, une référence à la « bouillante eau » que boivent les Bretons avant qu’Astérix y verse par accident des feuilles de thé. Mac Oloch appartient au clan Loch Andloll et s’exprime souvent en phrases tirées de standards du rock, comme le barde rocker Mac Keul (« Quoi ? Qu’est-ce qu’il a Mac Keul ? », référence à la chanson de Johnny Hallyday). « On l’a pensé avec Didier comme un album un peu hommage aux Astérix éternels, donc c’est un album qui a un petit côté seventies », a déclaré Jean-Yves Ferri. Le scénariste s’étonne de l’écho rencontré par l’album en Écosse, où les locaux y ont vu une référence au référendum sur l’indépendance qui y sera organisé en septembre 2014, alors que selon lui, il n’y a « pas du tout » de lien.


Tout y est presque, donc, et les aficionados retrouveront sans doute avec plaisir leurs héros préférés. Mais le charme des scénarios de René Goscinny, la finesse de ses calembours, sa fausse naïveté, sa tendresse pour des Romains martyrisés par des Gaulois un tantinet sadiques, l’ampleur des reconstitutions historiques tronquées et le caractère hilarant des anachronismes manquent à l’appel.


Au menu de ce conte celtique : une virée d’Astérix et Obélix en Pictie pleine de gags, de jeux de mots fleurant bon l’Écosse, de bagarres épiques – avec des Bonk !  et des Plafs – et de Romains. L’histoire commence dans le village gaulois sous la neige. Nous sommes en Februarius, « un mois en R » favorable aux huîtres que recherchent Astérix et Obélix. En lieu et place des mollusques, ils découvrent un molosse tatoué, en kilt vert et jaune, pris dans un gros glaçon. Ils comprennent qu’il s’agit d’un Picte « venu de la lointaine Calédonie » (l’Écosse). Le sémillant Mac Oloch, personnage rappelant l’Indien Oumpah-Pah créé par le tandem Goscinny-Uderzo, se meurt d’amour. Sa bien-aimée Camomilla a été enlevée par l’abominable Mac Abbeh, caricaturé en Vincent Cassel, qui se rêve en « Mac Abbeh Rex ». N’écoutant que leur courage, les deux Gaulois décident de raccompagner Mac Oloch chez lui. Sont-ils fous ces Pictes ? Fougueux en tout cas, amateurs de castagne et de lancer de troncs d’arbre, un sport qui plaît à Obélix, même si son compère lui fait les gros yeux.

 


Écosse oblige...
Le nouveau scénariste Jean-Yves Ferri n’a pas lésiné, comme il se doit dans tout bon Astérix, sur les jeux de mots « so scottish ». Les habitants se nomment ainsi Mac Robiotik, le druide porté sur l’eau de malt fermenté (Écosse oblige), Mac Mini, Mac Quenoth ou Mac Mamah... Il y a aussi le barde Mac Keul, et Afnor (gentil monstre du Loch Ness), qu’Obélix prend pour une grosse loutre et qui pique la gourde contenant l’élixir de Panoramix. Au même moment, les Romains arrivent chez les Pictes. Que serait Astérix sans légionnaires ? Pendant ce temps, en Armorique, Numerusclausus vient recenser les habitants du village. Après moult rebondissements et bagarres homériques, les bons Pictes triomphent. Mac Oloch vaincra Mac Abbeh, unifiera les Pictes et repoussera les Romains derrière ce qui sera, quelques siècles plus tard, le célèbre mur d’Hadrien. Astérix et Obélix rentrent au village et tout finit par un banquet, comme l’auront deviné les plus fins lecteurs...


La couverture est signée Conrad (Didier Conrad, le nouveau dessinateur) et Uderzo, qui a apporté sa contribution en dessinant Obélix. On y voit l’amateur de sanglier lancer un tronc tandis qu’Astérix fait un clin d’œil au lecteur. Des Pictes en kilt les saluent en riant sur fond de paysage champêtre. Une édition de luxe d’Astérix chez les Pictes est également sortie hier, dans un format plus grand et des esquisses crayonnées supplémentaires. À l’occasion de la sortie de l’album, la Monnaie de Paris a mis en vente des pièces de 10, 50 et 100 euros à l’effigie des héros gaulois.

Par Toutatis ! Après huit ans d’absence de l’irréductible Gaulois, Astérix chez les Pictes, le 35e album de la série et le premier sans Uderzo, est sorti hier dans 15 pays et 23 langues, après plusieurs mois de suspense soigneusement entretenu. C’est d’emblée le plus gros tirage de l’année avec 5 millions d’exemplaires toutes éditions confondues. Parmi lesquelles le catalan,...

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