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Sur l’Iran, Netanyahu convainc en Israël mais irrite aux États-Unis

« Le problème de crédibilité de Netanyahu vient de l’inversion des priorités évidente dans un discours riche en Iran et pauvre en Palestine ».

Benjamin Netanyahu lors de son discours à l’ONU mardi. Photo AFP

Le discours sans concession du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu sur l’Iran a fait mouche en Israël, mais échaudé les États-Unis, lui attirant un feu nourri de la part d’influents commentateurs américains.
« Le monde ne doit pas se laisser abuser par le subterfuge de l’Iran en allégeant les sanctions », a déclaré M. Netanyahu hier à son retour de New York, selon un communiqué officiel, ajoutant qu’il « rencontrerait la semaine prochaine les dirigeants de pays européens » à ce sujet. La prochaine réunion sur le nucléaire entre l’Iran et le groupe 5+1 (États-Unis, Chine, Russie, France, Royaume-Uni et Allemagne) est prévue les 15 et 16 octobre à Genève. Selon un sondage, 84 % des Israéliens partagent l’opinion que Téhéran n’a pas l’intention d’arrêter son programme nucléaire dans le cadre de négociations et 65,6 % d’entre eux soutiendraient une opération militaire isolée d’Israël contre l’Iran, évoquée mardi à la tribune de l’ONU par le Premier ministre.


Dans une tribune publiée hier par le Washington Post, David Ignatius dresse un parallèle entre la méfiance viscérale de la chef du gouvernement israélien Golda Meir face aux ouvertures du président égyptien Anouar el-Sadate avant la guerre du Kippour il y a 40 ans et l’attitude de son lointain successeur envers l’Iran. « Au moment où Netanyahu considère l’Iran, il est confronté au même dilemme que Meir : les offres de paix des adversaires d’Israël sont-elles sérieuses, ou simplement la couverture d’actes belliqueux ? Une leçon de 1973 est que ça vaut la peine de vérifier par les négociations si les propositions sont réelles », estime-t-il.

 

(Pour mémoire: Netanyahu frime à l’ONU : Si Israël est obligé d’agir seul, il agira seul)


Plus incisif encore, dans le New York Times, Roger Cohen raille « les tirades usées de Bibi sur l’Iran » et le somme de cesser de traiter le président iranien Hassan « Rohani de loup déguisé en mouton, son expression fétiche, et de commencer à se demander s’il ne crie pas au loup ». « Le problème de crédibilité de Netanyahu vient de l’inversion des priorités évidente dans un discours riche en Iran et pauvre en Palestine », accuse-t-il.

Ligne rouge déplaçable
Dès le lendemain du discours du Premier ministre israélien mardi à l’ONU, le New York Times lui avait enjoint dans un éditorial de ne pas « saboter la diplomatie avant que l’Iran n’ait été mis à l’épreuve ». Le correspondant diplomatique du quotidien israélien Maariv relève cette « attaque du New York Times, considéré comme le journal utilisé par la Maison-Blanche pour adresser des messages », soulignant que M. Netanyahu a prolongé de 48 heures son séjour aux États-Unis pour marteler son argumentation dans une série d’interviews aux médias, y compris à la BBC en persan.
Le secrétaire d’État américain John Kerry a assuré jeudi que l’Iran serait « jugé non pas sur des mots mais sur des actes », mais a estimé que ne pas explorer toutes les alternatives à l’option militaire serait « une faute professionnelle diplomatique de la pire espèce ».

 

(Pour mémoire: Les percées diplomatiques dévoilent aussi la faiblesse des Occidentaux)


Le principal commentateur politique du quotidien israélien Haaretz (centre gauche), pour une fois plutôt en phase avec M. Netanyahu, compare sa campagne médiatique américaine à « un tapis de bombes », mais reconnaît que « personne ne peut lui enlever le fait d’avoir depuis quatre ans et demi placé la question iranienne en tête de l’agenda international ».


Le correspondant militaire du Yediot Aharonot relativise néanmoins l’enjeu de ce débat, soulignant que « les Iraniens n’auront pas de bombe nucléaire dans les trois ans et Israël n’attaquera pas seul l’Iran, au moins jusqu’à l’été prochain ». Tous les Premiers ministres israéliens depuis 2002 « sont parvenus à la même conclusion : la question nucléaire iranienne, définie comme un danger existentiel pour Israël, doit être résolue par tous les moyens possibles, à l’exception de l’action militaire directe », explique-t-il. Depuis cette date, « Israël a appliqué la méthode de la ligne rouge déplaçable, déplacée régulièrement en fonction des circonstances », poursuit-il, considérant que « l’exigence d’Israël de désarmer l’Iran de toute capacité nucléaire n’est plus réaliste ». Selon lui, faute d’option militaire crédible accessible à M. Netanyahu, « il ne lui reste qu’à utiliser les mêmes canaux que ses prédécesseurs : les relations publiques, la dissuasion et les menaces ».

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