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Moyen Orient et Monde - Syrie/Iran

Les percées diplomatiques dévoilent aussi la faiblesse des Occidentaux

La menace de frappes et les sanctions économiques occidentales ont eu pour résultat une double avancée diplomatique dans les crises syrienne et iranienne, mais, selon des experts, ces percées demeurent limitées et dévoilent davantage la faiblesse des Occidentaux que leur force.
La Russie et les États-Unis sont parvenus jeudi à l’ONU à un accord sur un texte encadrant la destruction de l’arsenal chimique du régime syrien. C’est la première fois, depuis le début du conflit syrien en mars 2011, que le Conseil de sécurité parvient à un accord. Le même jour, à l’issue d’une rencontre tout aussi historique entre le chef de la diplomatie iranienne Mohammad Javad Zarif et le secrétaire d’État américain John Kerry, l’Iran a affirmé qu’il espérait parvenir d’ici à un an à un accord international sur son programme nucléaire controversé.
« On croit plus à la bonne volonté de part et d’autre », dit Paul von Maltzahn, ancien ambassadeur allemand en Iran et vice-président de la Société allemande de politique internationale (DGAP). « On assiste au début d’une base de confiance plus solide entre les parties », fait-il valoir. Pour Karim Émile Bitar aussi, spécialiste de la Syrie, « il y a un mouvement diplomatique qui devient sérieux après avoir traîné ». « On peut dire que les sanctions économiques occidentales ont fonctionné en Iran et que le président syrien Bachar el-Assad et les Russes ont pris au sérieux les menaces des frappes occidentales américano-françaises, modifiant leur comportement à partir de cela », concède Dominique Moisi de l’Institut français des relations internationales (IFRI).

Bâton affaibli, carotte en vedette
Peut-on pour autant parler d’une réelle avancée des Occidentaux, voire d’une victoire ?
« Dire : ça a marché, nous leur avons montré qu’on était les plus forts et ils ont dû s’incliner, ne correspond pas à la réalité », répond Dominique Moisi. « La réalité c’est que dans les deux cas, les Syriens, comme les Iraniens, comme les Russes, se rendent compte que ni à l’égard de la Syrie ni à l’égard de l’Iran le monde occidental ne peut vraiment frapper, ajoute-t-il. Notre bâton est très affaibli, donc leur carotte peut marcher encore davantage. » Pour lui, Moscou et Téhéran « exploitent cette réticence pour avancer des formules diplomatiques qui sont un peu ambiguës dans le cas syrien et encore pas très claires dans le cas iranien ».
Le ballet diplomatique en cours serait donc davantage un aveu de faiblesse des Occidentaux que le seul résultat de sanctions économiques ou d’une menace d’un recours à la force.
« Les Américains sont arrivés à la conclusion qu’il n’est pas possible de résoudre des crises régionales – Syrie, Irak, Afghanistan – sans des discussions directes avec l’Iran », explique Thierry Coville, de l’Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS). « Ce calcul change l’approche, la question de la confiance », dit-il, ajoutant : « La crise syrienne a aussi ouvert les yeux d’un certain nombre de gens. Ils se sont rendu compte que ce n’était pas cohérent de dire : on veut une solution politique en Syrie tout en tenant un discours belliciste à l’Iran. »
Mais s’il semble y avoir davantage de confiance entre les puissances, sur le terrain en Syrie, la méfiance semble de plus en plus grande et tous azimuts. La division de plus en plus profonde entre « l’Armée syrienne libre et les mouvements radicaux va faire que la Syrie deviendra un peu comme le Liban des années 1980, c’est-à-dire une guerre de tous », juge Karim Émile Bitar. « Il faut rapidement des pressions qui aillent de haut en bas, des États-Unis et de la Russie vers leurs alliés régionaux, des alliés régionaux vers les forces sur le terrain », poursuit l’expert.
Si la percée diplomatique se confirmait malgré tout, pourrait-elle déboucher aussi sur la paix entre Israéliens et Palestiniens ? « Tous les dossiers sont étroitement liés, note Dominique Moisi. Mais si l’Amérique se montre faible à l’égard de l’Iran, pourra-t-elle exercer des pressions fortes à l’égard d’Israël ? »
© AFP
La menace de frappes et les sanctions économiques occidentales ont eu pour résultat une double avancée diplomatique dans les crises syrienne et iranienne, mais, selon des experts, ces percées demeurent limitées et dévoilent davantage la faiblesse des Occidentaux que leur force.La Russie et les États-Unis sont parvenus jeudi à l’ONU à un accord sur un texte encadrant la...

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