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Lifestyle - Objets et histoire

Nappe non signée...

Les mœurs antiques faisaient appel à la main pour porter les aliments à la bouche. Dans ces conditions, il fallait s’essuyer la bouche et les doigts. Les Spartiates s’essuyaient avec les « apomagdalies », qui étaient des petits morceaux de pain.
Les Celtes s’essuyaient sur leurs sièges qui n’étaient autres que des bottes de foin. Les Romains, qui mangeaient avec les doigts, se les essuyaient sur les draps qui recouvraient les lits du triclinium où l’on mangeait à demi-allongé... Au Moyen Âge, de grandes planches rectangulaires posées sur des tréteaux s’appelaient « tables » et « dresser la table » y trouve son origine. On les recouvrait de nappes blanches, qui retombaient sur les bords, le plus souvent jusqu’au sol, et on s’essuyait la bouche sur les pans de cette nappe, ce qui valait mieux cependant qu’avec ses doigts ou le revers de sa manche. À cette époque, la nappe n’est pas un simple « linge que l’on étend sur une table pour prendre ses repas », elle avait une valeur symbolique : seul le seigneur en disposait, tout comme sa table était surélevée par une estrade : on ne pouvait partager la même nappe que si l’on était d’un rang égal ou si on y avait été expressément invité... Un grand soin y est porté alors ! Elles sont le signe d’une richesse qui s’affiche. La richesse d’une maison s’évalue alors à l’importance des piles de nappes et de serviettes que protégeait un « garde-nappes », un officier qui conserve les nappes et les enferme à clé dans un coffre de cuir, clouté.
Le roi Charles V possédait soixante-neuf nappes de vingt mètres de long ! Le mot nappe fut appliqué aux linges d’autel dans les églises et aussi aux tables des monastères. La règle de Saint-Benoît prescrivait des punitions aux moines qui salissaient la nappe de la table du réfectoire... Si Zola considérait que la « nappe toute blanche était une joie pour les yeux », elles furent, au fil du temps, de plus en plus décorées et ouvrées, décorées d’œil de perdrix, de grains d’orge ou damassées puis colorées, assorties aux serviettes... Au centre de la table sur la nappe siégeait le ’« surtout de table’ », souvent un véritable trésor d’orfèvrerie, dont les plus célèbres sont dus au maître orfèvre Germain : c’étaient de véritables statues en bronze, argent ou vermeil, ou en biscuit. Celui de l’impératrice d’Autriche Marie-Thérèse, conservé au musée de Francfort, comportait 114 pièces et représentait le temple de l’amour.
En 1830, suite à la révolution industrielle et l’utilisation du coton, les nappes font leur apparition dans les maisons de la bourgeoisie montante, et au XXe siècle leur usage se démocratise. Le linge de table devient peu à peu un élément inconditionnel de l’art de la table, il a sa mode, ses tendances... Et même si actuellement la nappe est concurrencée par les sets de table, et par les nappes en papier, fréquentes dans les bistrots de nos jours, choisir une nappe, c’est dire l’attention particulière que vous portez aux personnes que vous recevez à votre table. C’est un moment d’expression de soi, un moyen d’exprimer sa créativité aussi : Picasso, en pleine gloire, mangeait dans les plus grands restaurants et traçait souvent, à même la nappe, des croquis et dessins divers. Un jour que le restaurateur du lieu où il terminait son repas lui proposa d’oublier la note si le dessinateur consentait à lui abandonner son œuvre, Picasso accepta de bonne grâce. Quelques minutes plus tard, l’hôte revient vers son célébrissime client pour une requête : « Maître, pourriez-vous signer votre dessin ? » Alors Picasso, secouant la tête, rétorqua : « Non. Je paye la note, mais je n’achète pas le restaurant »... Je vous nappe... rends rien... Picasso était avare !...

Sources principales : restocours.net, tableambiance.net, canalacadémie.com
Les mœurs antiques faisaient appel à la main pour porter les aliments à la bouche. Dans ces conditions, il fallait s’essuyer la bouche et les doigts. Les Spartiates s’essuyaient avec les « apomagdalies », qui étaient des petits morceaux de pain. Les Celtes s’essuyaient sur leurs sièges qui n’étaient autres que des bottes de foin. Les Romains, qui mangeaient avec les doigts, se...
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