Construit par les croisés sur des ruines byzantines il y a environ 900 ans, le couvent a été soumis à une restauration à grande échelle, et l’éclatant ravalement de ses façades a été la cerise sur le gâteau. Il s’est même doté d’un petit cloître qui a été construit dans le respect du style architectural originel. Tout cela sous l’œil vigilant de sœur Catherine, unique gardienne des lieux depuis 40 ans. Après le sac de l’église en 1976, sœur Catherine mène un combat quotidien et passionné pour préserver l’église des squatters. En 1997, elle réussit à recueillir des fonds pour inviter le père Ambroise, le frère Jean-Baptiste et Alexandre Ruiz à venir de France décorer l’église de leurs immenses fresques dédiées à la Mère de Dieu, dans le style du XIIe siècle. Sœur Catherine ne baisse pas les bras ! Elle continue patiemment à se consacrer à son couvent, dans un impérial don de soi...
« L’évoquer, c’est d’abord parler de sœur Catherine ! Consacrant sa vie au monastère, elle est la véritable gardienne du temple, elle est touchée par la grâce, et comme par capillarité, nous recevons un peu de cette grâce », a souligné Pierre Doumet, dans son discours. Citant Gibran, il ajoute : « Il en est qui donnent et ne ressentent point de douleur ni ne recherchent la joie et ne sont pas conscients de leur vertu. Ils donnent comme dans la vallée là-bas le myrte exhale son parfum dans l’espace. Par les mains de tels êtres, Dieu parle, et à travers leur regard Il sourit à la terre. » Tout est dit.
Intendants fidèles
Et Pierre Doumet de poursuivre : « La question pour tout individu qui se respecte et respecte son Dieu est celle de la pratique du don dans la vie de tous les jours. L’ouvrier est appelé à donner à sa famille (au sens restreint) et à sa grande famille dans l’entreprise, le coéquipier à tous les autres membres de son équipe. Pareil du côté de l’entreprise : elle a un devoir de don par rapport à ses clients, ses ouvriers, son environnement et ses actionnaires. C’est là la culture d’entreprise, et au-delà la leçon de vie que nous a inculquée Joseph Doumet. “Il faut s’oublier”, aimait-il à répéter ; il faut mettre du cœur à l’ouvrage, faire fructifier les talents reçus par la providence, et faire confiance pour le reste à la bonté du Créateur. »
« Chers amis, j’ai perdu mon père il y a quelque temps et ma mère dernièrement, a ajouté Pierre Doumet. La disparition de ces êtres chers met toute personne face au défi suivant : comment être fidèle à l’héritage moral des siens ? Pour ma part, je peux résumer les parcours de mes parents, comme de mes grands-parents maternels Michel Chiha et Marguerite Pharaon, et paternels, Élias Doumet et Isabelle Asseily, par ces quelques mots résonnant en une règle de vie et d’action : “Être des intendants fidèles” (...), et de conclure sur cette citation de l’Évangile selon saint Luc 6,38. Donnez, et vous recevrez : une mesure bien pleine, tassée, secouée, débordante, qui sera versée dans votre tablier ; car la mesure dont vous vous servez pour les autres servira aussi pour vous. »
L’événement, auquel assistaient le vice-président de la Chambre, Farid Makari, et un nombre de notables de Enfeh et de Koura, s’est conclu par une visite des différentes parties du monastère, dont le hall nouvellement construit où s’est tenue une exposition de photos de Joumana Jamhouri, retraçant tout le processus de rénovation de Deir al-Natour, un véritable work in progress qui sonne, une fois terminé, comme un nécessaire hommage à cet exceptionnel site religieux.
commentaires (2)
Pierre Doumet, un homme rassurant dans notre société d'aujourd'hui.
Christiane Chammah Sahyoun
19 h 18, le 28 septembre 2013