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À La Une - La situation

La naissance du gouvernement Salam devient impérieuse

Sleiman regagne aujourd’hui Beyrouth auréolé d'un clair soutien international.

Le président libanais Michel Sleiman avec le Secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon. Timothy Clary/AFP

Le contraste est franchement saisissant entre l’image positive que la communauté internationale a voulu, ces jours derniers, fixer autour du Liban par l’audience accordée à son président à New York et, à l’intérieur, l’affligeant tableau de l’éternelle impasse gouvernementale.


C’est auréolé d’un clair et unanime soutien des grands de ce monde que le chef de l’État, Michel Sleiman, regagne aujourd’hui Beyrouth. Bien sûr, ce soutien, ce « parapluie » international, continue pour l’instant de se limiter essentiellement à une série de déclarations d’intentions encore dépourvues, dans l’ensemble, de traduction concrète.
Ainsi, pour ce qui est des aides sonnantes et trébuchantes dont devrait bénéficier le pays du Cèdre pour répondre aux énormes défis posés par les retombées de la guerre en Syrie, et surtout l’exode sur son territoire de centaines de milliers de Syriens, il n’a été fait état, jusqu’ici, que d’une enveloppe globale de 140 millions de dollars.

 

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C’est très peu au regard des besoins. Mais pour un pays qui est sans gouvernement depuis près de six mois, on pourrait penser, inversement, que même ce peu était inespéré, d’autant plus que le soutien politique sans équivoque formulé unanimement à l’égard des options présidentielles, à commencer par la déclaration de Baabda, est loin d’être négligeable.

Pour ce qui est de l’aide financière, les informations en provenance de la délégation qui accompagnait le président libanais au siège des Nations unies sont on ne peut plus claires : nombre d’interlocuteurs étrangers font savoir que les fonds sont là, que le Liban pourrait y puiser, mais que pour cela, il faudrait simplement qu’il y ait un gouvernement en titre.


Avant le départ du chef de l’État à New York, les milieux proches du palais de Baabda avaient anticipé les effets de ce soutien international à l’égard du président pour laisser entendre qu’il aurait l’intention, à son retour, d’en récolter les dividendes en tapant du poing sur la table, de manière à imposer la mouture gouvernementale qui convient au Premier ministre désigné et à lui-même, quitte à ce qu’elle déplaise au Hezbollah et ses alliés.

 

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Depuis, on tente dans l’entourage présidentiel de récuser toute volonté de précipitation dans ce dossier, d’autant plus que le soutien du chef du PSP, Walid Joumblatt, manque. Ce dernier, dont le rythme de ballottement de droite à gauche s’est accéléré de façon exponentielle ces derniers temps, ne semble plus être favorable à la mouture des « trois 8 » (huit ministres pour le 14 Mars, huit pour le 8 Mars et huit pour les centristes) qu’il avait pourtant lui-même initiée, et pencherait désormais vers celle des « 9-9-6 », avec tiers de blocage à la clé pour le 8 Mars et le 14 Mars.


Les exégètes de la pensée joumblattienne s’efforcent de dégager trois causes ou explications dans ce dernier revirement du maître de Moukhtara : d’abord un constat que le pourrissement en Syrie pourrait durer plus que prévu ; ensuite une sorte de pied de nez à l’Arabie saoudite qui aurait récemment mal reçu son protégé, Waël Abou Faour, et dont l’ambassadeur à Beyrouth tarde à se rendre chez M. Joumblatt ; et « last but not least », un appel du pied à Saad Hariri, pour des raisons qui pourraient ne pas être strictement politiques...

 

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Du coup, il ne faudra plus, logiquement, miser sur la formation d’un cabinet avant la visite que doit effectuer le chef de l’État à Riyad, à la fin de la semaine prochaine, et probablement pas avant l’entrevue très attendue, vers la mi-octobre à Djeddah, entre le roi Abdallah d’Arabie saoudite et le président iranien Hassan Rohani.


D’ici là, encore plus d’eau aura coulé sous les ponts. Et en dépit de l’éloignement des positions, une percée serait peut-être possible, grâce notamment au dialogue informel entamé entre le président de la Chambre, Nabih Berry, et le chef du bloc du Futur, Fouad Siniora. Les deux hommes se sont rencontrés hier et leurs milieux ont fait état d’un climat constructif.


Quant à savoir quelles seraient les chances de succès d’un nouveau monstre « consensuel » qu’engendrerait un tel dialogue, c’est bien évidemment une tout autre histoire...

 

 

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